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Critique de Tempsdelecture


Ludmila Oulitskaïa fait partie de ses écrivains que l'on regrette de ne découvrir que tardivement. Auteure de romans, de nouvelles, tout comme de pièces de théatre et de livres pour enfants, sa plume est d'une sensibilité exceptionnelle, qui ne peut laisser indifférent; ses textes sont bouleversants, vous n'en ressortirez pas indemne, du moins ce fut mon cas. Elle est donc l'auteure de romans mais c'est vers un recueil de nouvelles, que je me suis tournée pour la découvrir, intitulé Les pauvres parents publié en 1993. C'est un ouvrage composé de neuf nouvelles qui placent, chacune d'entre elle, au coeur même de leur histoire, une ou plusieurs figures féminines, toutes aussi différentes les unes des autres, mais tellement émouvantes chacune à leur manière.

Ce sont toutes des personnages quelconques, issues d'une classe sociale tout à fait modeste pour la plupart. Leur particularité c'est ce caractère qui les définit, qui font d'elles, évoluant dans cet espèce d'anonymat qui les entoure, des êtres remarquables. Mère, grand-mère, fille, maîtresse, elles font toutes, consciemment, le choix de leur vie au prix de sacrifices plus ou moins élevés. Certes, ce recueil s'intitule Les pauvres parents, mais la figure du père est ici, à mon humble avis, totalement en retrait, elle est souvent releguée en arrière plan si ce n'est totalement dénigrée. En effet, ceux-ci sont présents mais ils sont souvent délaissés pour laisser toute sa place à la figure maternelle. le père et la mère sont rarement considérés dans leur unité de couple, l'enfant – qu'importe son âge – est toujours le lien qui cimente cette union, qui n'aurait peut être plus de raison d'être sans lui. Ouliskaïa entend « parents » dans tous les sens possibles: on retrouve également des femmes qui sont soeurs, cousines, tantes de. Petites femmes, mais d'une grandeur incroyable, qui jouent « le rôle de ciment qui permettait à la famille de ne pas se disloquer définitivement » telle Genele, issue de la nouvelle éponyme Genele-la-Sacoche, dont la fonction principale est de veiller jalousement sur la propriété d'un square de quartier tout en maintenant ce lien infime d'une famille pourtant infiniment disloquée. Femme qui apparaît insignifiante d'un point de vue social mais si l'on se remet sur une perspective plus centrée sur l'individu, celle de la famille en tant que première cellule sociale, son importance est capitale. Et c'est ce dont il est question ici: l'importance de la vie du niveau de la famille, sous l'étude et la plongée dans divers microcosmes familliaux. Beaucoup de ces femmes ne jouent aucun rôle prépondérant dans la vie même de la société, leur rôle concerne davantage l'intimité de ce noyau famillial, qui constitue la base même de l'individu, noyé dans l'immensité de leur pays.

Et c'est dans cette exploration de l'intimité que l'art d'Ouliskaïa se déploie. Sous sa plume, les petits details du quotidien acquierent une dimension quasi-extraordinaire et prennent une saveur particulière. La sacoche française de Genele, ultra usée et pourtant d'une valeur sans égal, est à l'image de sa prorpriétaire: banal, usée par le temps, boursouflée de cicatrices mais unique en son genre et irremplaçable.
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