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Critique de CorinneCo


Des appartements moscovites aux séparations aléatoires, remplis de courants d'air, d'odeurs de cuisine et de meubles disparates. Des immeubles crasseux, des cours intérieures flétries. Pas vraiment la misère mais une pauvreté contenue, presque entretenue. Dans l'univers de ces femmes (car ce sont elles les personnages centraux) tout est bancal, banal, on pourrait même penser sordide. Elles se promènent sur le fil du quotidien d'un pas incertain mais pourtant solide. Mendiantes, femmes infidèles, abandonnées, presque indigentes, femmes âgées ou jeunes filles, elles tourbillonnent dans l'écriture de Ludmila Oulitskaïa. Elles sont attachantes, souvent drôles, fantasques, débrouillardes, d'une fatalité pragmatiques et cocasse ; les hommes sont de la même tenue, à la fois terre-à-terre et improbables. Tous ont l'air de vivre des évènements extraordinaires alors que leurs préoccupations et leurs agissements sont d'une banalité affligeante. J'ai aimé ce léger décalage, la teinte moirée d'une allusion fantastique dans l'écriture de Ludmila Oulitskaïa. Elle décrit des histoires d'amour contrariées et idylliques, des couples au long cours ou fraichement unis faisant face aux mouvances inéluctables de la vie, des familles bousculées et foutraques où parfois le rêve, l'évasion prend le dessus d'un quotidien fade et usant. Ces tableaux de famille se situent après-guerre. Pas d'écriture proprement politique, le sens des situations, le descriptif minutieux des lieux, des personnages et de leur état d'esprit suffisent à dessiner subtilement l'atmosphère étatique du pays. Est-ce une folie douce qui anime Bronka, Lialia, Goulia, Assia et les autres ? Comme si, en définitive, c'était le seul remède à leurs aspirations déçues, à ce quotidien mièvre et dur, à leurs déceptions sentimentales ou familiales. Je reviendrai dans l'univers de Ludmila Oulitskaïa, que je ne connaissais pas, j'aime son écriture franche, lumineuse ; avec un humour qui souvent retient des larmes....
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