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Critique de Bookycooky


"Staline l'avait appelé Judas ",
Jérusalem 1959, ( 11 ans après la création de l'Etat d'Israel et 8 ans avant la guerre des Six Jours), Shmuel, étudiant, en Histoire et Religions, rencontre dans son rêve Staline dans l'arrière-salle basse de plafond et enfumée du café où se réunissait le Cercle du renouveau socialiste,dont il est un des membres."Il avait été incapable d'expliquer à Staline, souriant sous sa moustache, la raison pour laquelle les Juifs avaient rejeté Jésus, et pourquoi ils campaient toujours sur leurs positions"........
Largué par sa copine, privé de l'allocation mensuelle de ses parents en banqueroute, il abandonne ses études....dérouté, il se rend à une annonce,offrant une position d'Homme de compagnie, nourri, logé,pour un invalide de 70 ans trés cultivé. Il y fera la rencontre de Gershom Wald, l'invalide et de sa colocatrice Atalia Abravanel, une belle femme ayant le double de son âge....et fille d'un des chefs du Yichouv (l'ensemble des juifs de Palestine avant la création de l'Etat d'Israel),un des premiers opposants à la création de l'Etat d'Israel, préconisant la création d'une seule communauté judeo-arabe, un "Judas", selon Ben Gourion.
On va suivre ainsi l'histoire de cet étrange trio en parallèle à celle de deux défunts, Shealtiel Abravanel et Judas Iscariote, deux "traîtres" de l'Histoire.

Trahison et loyauté sont les thèmes au coeur de ce livre.
Une histoire qui va de paire avec l'histoire d'Israël et les idées politiques d'Amos Oz.
Oz , de la bouche de Shmuel, qui travaille oblige, discute beaucoup avec le vieil homme,son employeur, énonce des phrases très fortes, "Mais dites-moi, vous, s'il existe un seul peuple au monde qui accepterait à bras ouverts l'invasion brutale de centaines de milliers d'étrangers, puis d'autres millions encore débarquant de lointains pays sous le curieux prétexte que les livres sacrés qu'ils ont transportés avec eux leur promettaient ce pays tout entier pour eux seuls ?"......
L'auteur, homme de gauche soutient depuis les années 70 la cause palestinienne et fermement l'idée que la paix n'est possible qu'à la condition qu'Israel quitte les territoires occupés depuis 67 et qu'un nouvel état palestinien soit créé en Cisjordanie. Une position qui lui a valu le titre de traitre, "Judas".
Revenant à l'histoire, Judas était-il vraiment un traitre ? Ou au contraire le plus fidèle et le plus dévoué de ses disciples à Jésus? Dans ce roman, essayant de réhabiliter la vraie nature de cette figure biblique, par le biais de Shmuel, Oz semble vouloir se justifier lui-même.Lui, le soit-disant "Judas", est en faites lui, un des plus vrais et plus sincères citoyens luttant pour la cause de son peuple, et non contre.
Je trouve formidable l'histoire qu'il a imaginé pour formuler et répéter ses idées pacifistes à sa propre nation, de plus en plus fanatique et s'enfonçant irrémédiablement sur un chemin de non retour.
Je ne voudrais pas terminer sans citer une de ses phrases prononcée lors d'un interview à l'occasion de la sortie de ce livre: "Le jour où les gens dans ce pays commenceront à appeler Netanyahu, "un traître", je saurais que quelque chose pourrait changer".(The day people in this country start calling Netanyahu a traitor I will know that something may change")

Un excellent roman qui se termine sur une image magnifique !
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