Te séduire, te trahir

J’ai besoin que l’injustice que j’ai vécue serve à quelque chose. J’ai besoin de transcender ce que j’ai subi pour le transformer en expérience constructive. Et le meilleur moyen, selon moi, est d’aider les autres. Parce que je sais ce que ces jeunes traversent en prison.

Je suis passé par des moments très difficiles. Mais j’ai appris une chose, une chose extrêmement importante : c’est que tout seul, on n’est rien. Tout seul, on n’avance pas. Je me suis battu pour mon innocence parce que je refusais d’être
accusé à tort, mais aussi parce qu’on croyait en moi. Parce que j’étais soutenu.

La puissance de ce que je ressens est indescriptible. Une explosion de plaisir qui me donne le sentiment d’être invincible. C’est comme si toute la galaxie était concentrée sur moi, et que j’étais son cœur même, intensément reliée à tout ce qui m’entoure.

Là, je ne glousse plus, je gémis. C’est si bon. Sa langue s’enroule autour de la mienne, avec voracité, et le désir que je refrène en permanence lorsque je suis avec lui revient en force. Dans le creux de mon ventre, c’est une tornade. Une tornade de sensations délicieuses. Ben colle son bassin contre le mien, je sens son érection, et cela décuple encore plus mon plaisir. Puis il recule et plante son regard dans le mien. Ses yeux si clairs, agrémentés de la touche sombre que je reconnais si bien lorsqu’il a envie de faire l’amour avec moi.

Je souris et l’observe. Il est tellement beau. Jamais je ne me lasserai de le regarder. Il y a une telle intensité au fond de ses yeux que je pourrais oublier ma faim pour le dévorer, lui.

Malgré ses défauts, j’ai toujours aimé mon père. Il était un idéal à atteindre. Ça aussi, j’aurais aimé le lui dire. Que je l’avais toujours aimé. Même s’il me rabaissait…
Et, ça aussi, j’aurais aimé qu’il me le dise. Mais il ne l’a pas fait. Il m’a laissée partir avec une boule dans la gorge et un poids sur la poitrine.

Sa respiration s’accélère. Je sens son regard peser sur moi. Et j’aime ça. J’aime cette intensité entre nous. Cette conscience aiguë de ses réactions, ses tremblements et ses crispations. De son souffle qui s’allonge et se bloque dans sa poitrine. Et j’aime comment je me sens auprès de lui. J’aime sentir ce désir se répandre dans tout mon corps, si fort que je ne peux pas lutter.

J’adore qu’il soit si joueur, alors qu’il vient de passer pas loin d’un mois en prison. Qu’il arrive si facilement à ne pas laisser l’épée de Damoclès qui plane au-dessus de sa vie ruiner son moral. Il pourrait se morfondre, s’apitoyer sur son sort, mais non, il est là, naturel, drôle, comme si de rien n’était, à me faire sourire.
À me faire languir, surtout…

Et c’est étrange d’imaginer que deux femmes pleurent le même homme, pour la même raison : l’amour qu’elles lui portaient…

Moi aussi, je devrais apprendre à avoir confiance en mon intuition…
Doucement, je me baisse à sa hauteur et m’empare de ses lèvres. Parce que je ne sais pas comment m’excuser autrement. Autrement qu’en lui montrant à quel point je tiens à elle. L’importance qu’elle a dans ma vie. Dans mon cœur. Je l’embrasse comme si c’était la dernière fois. Ou la première. Je l’embrasse avec une fougue non contenue, lui signifiant silencieusement combien j’ai besoin de
sa présence. Pas parce qu’elle m’aide, non, absolument pas, même si ça m’est précieux, juste parce que c’est elle.
Mon ange diabolique…