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Critique de PtitVincent


Lorsqu'elle découvre une photo que lui montre son compagnon cubain, Adela manque de défaillir. Cette photo, prise 26 ans plus tôt, représente les amis de la mère de Marcos lors de son 30e anniversaire. Une photo de groupe où apparait une certaine Elisa enceinte qui ressemble fort à Loreta, la mère d'Adela.
L'auteur retrace alors le parcours des différents intervenants qui composaient alors ce qu'ils appelaient le Clan, et qui fit ce jour-là sa dernière soirée au grand complet. Car le lendemain, Walter (qui a pris la photo) chute d'un toit, puis c'est au tour d'Elisa de disparaître quelques jours après. Plusieurs d'entre eux seront interrogés longuement et on sait qu'à Cuba, les interrogatoires peuvent prendre des directions surprenantes et ne sont pas sans dangers, physiques et psychiques.
Et au fur et à mesure des exils successifs, le Clan va se disperser aux États-Unis, en Espagne et en France, laissant finalement seuls Clara, la mère de Marcos, et Bernardo vieillir à Cuba. Et si quelques amitiés perdurent, l'éloignement et les soupçons nés de la répression policière mettront à mal l'existence du Clan au fil des ans. L'enquête d'Adela sur ses origines et le destin de sa mère va réveiller toute une mémoire endormie sur le drame qui s'est passé cette année-là, mais aussi sur les destins contrariés des nombreux personnages.
Leonardo Padura réussit une fois de plus ce roman choral, retraçant l'histoire de son pays avec des personnages attachants, une mélancolie et un style qui n'appartiennent qu'à lui. L'histoire de son pays de la Période spéciale (les années 90 où le pays perd le soutien de l'URSS, et pour cause) aux années de (relatif) assouplissement durant les années Obama. Et puis le thème de l'exil, très fort ici, décrit avec sans doute beaucoup de justesse et de sensibilité, loin de tout manichéisme (“Mais entre voyager et émigrer, il y avait un gouffre insondable. Et entre émigrer et se procurer un onéreux permis de « sortie définitive », scellant la transmutation du statut de citoyen en celui d'apatride, une horreur semblable au bannissement”).

Magnifique et profondément humain.
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