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Critique de mh17


mh17
28 février 2024
Electre à la Havane (Máscaras) est le troisième roman policier de la tétralogie dite des saisons de Leonardo Padura. Il est paru en 1997. L'intrigue policière sert surtout à dévoiler, au-delà du thème de l'homosexualité, les dessous d'une société cubaine en pleine crise idéologique et morale. Tous les personnages portent des masques. C'est aussi un roman d'apprentissage, celle d'un écrivain travesti en policier racontée par un écrivain qui se sert du roman policier pour évoquer les déviances tragiques de son pays bien aimé.

Le 6 août 1989 jour de la Transfiguration du Christ, une chaleur qui ressemble à « une peste maléfique » plombe La Havane. le lieutenant Mario Condé médite sur ses années de lycée, les ambitions détruites de ses amis. Lui aurait voulu être écrivain. Il avait écrit une nouvelle. Il est policier. Un policier suspendu. Il se sait épié, en sursis. Pourtant on l'envoie avec le sergent Palacio sur les lieux d'un crime barbare. On a retrouvé dans le bois de la Havane le cadavre d'un jeune homme vêtu d'une robe rouge vif. Il a été étranglé avec un ruban de soie rouge qu'il porte toujours autour du cou. le légiste retrouve deux pièces de monnaie dans son rectum. La victime Alexis Arayan est le fils de Faustino Arayan un diplomate respectable du régime castriste : « dernier représentant cubain à l'Unicef ". Depuis quelques temps Alexis avait quitté la belle maison familiale pour rejoindre une sombre maison délabrée. Conde y pénètre en se bouchant le nez car il n'aime pas les pédés. Au bout d'un couloir sombre et labyrinthique, il découvre Antonio Marquès (Le Marquis), un sacré personnage : vieil homosexuel maigre aux doigt crochus, ex dramaturge célèbre déchu, exilé dans son propre pays et sur lequel plane de sulfureuses rumeurs. C'est lui qui en tant que metteur en scène avait conçu la robe rouge vif. Elle était destinée au comédien jouant le personnage d'Electra Garrigo dans la pièce éponyme de Virgilio Piñera. Il ne parviendra jamais à monter la pièce. Condé malgré ses préjugés (il se présente comme un macho stalinien) admire l'écrivain qui a refusé de céder, contrairement à d'autres : son ami Miki devenu écrivain didactique à contenu idéologique et lui même devenu policier intègre certes mais payé par le régime qui ne l'est pas. Marquès n'a rien cédé et il ne s'est pas exilé non plus. Il est devenu un obscur bibliothécaire mais aussi un personnage culte dans le milieu homosexuel que Condé découvrira grâce à lui. Une complicité naît entre les deux personnages et les limites qui semblaient au premier abord si nettes entre le monde de Marqués et celui de Mario Condé commencent à s'estomper. Au coeur de leurs discussions, le mystère du travestissement ; celui de la victime bien sûr , celui de Condé, celui des faux amis ou faux collègues. A la fin de l'enquête, Condé dépoussière sa vieille Underwood et tape sa première nouvelle.
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