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Critique de RomansNoirsEtPlus


Qu'est-ce qui fait encore courir un homme quand il n'a plus de carburant ? Qui plus est quand il est flic, fatigué de la vie, dégoûté de la condition humaine et de sa propre existence mais surtout le coeur vide et froid. Commandant divisionnaire de son état, il gère le Groupe Nuit dans le XIIème arrondissement. Toutes les nuits, cloîtré dans son cagibi, il s'allonge sur un lit de camp avec en fond sonore la radio qui le préviendra d'un simple délit ou d'un crime sanglant. Qui le préviendra de son nécessaire départ dans cette nuit sombre et froide. Hostile.
Ce soir -là il se transporte avec son second sur les lieux d'un suicide. Celui d'une huile : un parlementaire proche des rouages du sommet de l'Etat et de tous ses secrets plus ou moins avouables. Comme cette disquette ayant appartenu au défunt que recherchent activement des hommes de l'ombre, en service commandé et pour lesquels notre OPJ Nuit semble être une cible à privilégier pour en retrouver la piste. Mais ce qu'ils ne savent pas c'est que menaces et intimidations n'ont depuis longtemps plus aucun effet sur sur cet homme qui n'a plus aucune complaisance avec la vie comme avec la mort.

Un roman de Hugues Pagan c'est un style sans concession, un récit à fleur de peau, des personnages hantés par leurs démons. Ce roman qui date des années 90 nous embarque dans cette déambulation désincarnée de ce personnage dans ce Paris sans âme, sans joie, où la mort rôde alors que les affaires continuent. le crime le plus sordide côtoie les trafics en tout genre, flics et voyous ne font qu'un comme la corruption et les luttes de pouvoir. Les hommes ne portent que des surnoms tragi-comiques et semblent totalement désabusés sur leurs métiers et leurs vies. Même si l'amour s'en mêle parfois , un amour qui ressemble plus à un besoin désespéré de sexe entre deux êtres qui ont besoin de se sentir vivant pour croire encore que tout espoir n'est pas mort. Deux êtres abîmés, au bord du précipice.

L'auteur nous prouve une nouvelle fois que la poésie peut se cacher dans un roman très noir. Une poésie qui ne manque pas de lyrisme et qui pose un regard acéré sur une société en déliquescence, sur cette caste policière à l'organisation complexe souvent difficile à percer pour tout profane, à moins d'en avoir fait partie (comme c'est le cas de l'auteur). Un regard glacé et glaçant sur la fragilité psychologique de certains d'entre eux, qui en ont tant vu et qui ne tiennent qu'avec l'aide de psychotropes .Qui ont été témoins de tant de souffrances et d'existences broyées. Qui ont vu ces corps transformés et martyrisés ne ressemblant plus à rien d'humain.

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