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Critique de Sandrion


Ce roman est le premier d'une trilogie, la « Trilogie des rives » et j'y retrouve l'écriture poétique, fluide, musicale de l'auteur qui nous emmène encore dans son pays ardéchois mais cette fois sous le signe de l'eau et des fils (au double sens du pluriel de « fil » et du « fils »). Dès le premier chapitre, elle met en place les thèmes, pose des jalons, tout dans la nuance et l'implicite et peu à peu, lentement, l'histoire va se déployer.

Les chapitres alternent entre l'histoire présente de la narratrice, plus tout à fait jeune femme mélancolique et rêveuse qui se rend au chevet de son fils au début du roman, arrivé en urgence à l'hôpital pour un coma éthylique, et l'histoire de sa famille, depuis l'arrière-grand-père, Alexandre Ligne, jusqu'à elle-même. Histoire liée à la rivière, la Baume, dont l'eau alimente les fabriques de soie. Dans Les mains gamines, on apprenait beaucoup sur la culture des châtaignes, ici c'est dans le monde de la fabrication de la soie qu'Emmanuelle Pagano nous entraîne, les gestes des fileuses, les détails parfois étonnants de la culture de ces vers à soie, dont les cocons mûrissaient parfois dans les corsages des femmes et qu'il fallait ensuite ébouillanter vivants, en se brûlant.

Il faut accepter de se laisser emporter dans cette langue somptueuse et poétique, épouser les méandres d'une histoire qui avance au gré des mouvements de l'eau et d'une musique tout particulière.

le personnage de la narratrice, photographe, est très attachant, et son lien avec son fils qui a failli mourir de déshydratation tout bébé, dont elle a été tôt séparée par un père qui a un peu vite placé toute la faute sur la mère, est rapporté de manière très juste et sensible. Par exemple, elle raconte qu'elle prend des photos sur le trajet lorsqu'elle va chercher son fils, un week-end sur deux, et qu'elle le ramène. Ces photos "qui étaient faites, précisément, sur le temps des parenthèses, le temps du petit voyage vers ou depuis la ville, mes photos parenthèses qui contenaient entre elles ma vie toute rétrécie de maman" . On retrouve le thème de la relation mère-fils, ses ambiguïtés, ses difficultés, ses failles et ses fulgurances, au centre du Tiroir à cheveux.

Encore un gros coup de coeur qui confirme toute l'admiration que j'ai pour cet auteur.
Lien : https://dautresviesquelamien..
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