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Critique de fanfanouche24


Lecture mai 2007 - remanié cette chronique janvier 2019

Je suis depuis un long moment une inconditionnelle du travail de cet artiste original et si complet [texte et Dessins ]...

"Cesare Pavese, lui, contemple la ville (Turin ) presque du seul oeil de la neurasthénie, comme s'il aimait s'attarder dans sa part d'ombre : les usines, les ouvriers exténués, la tristesse poisseuse des quartiers d'industrie- d'une mélancolie funeste."

A première vue, Friederich Nietzsche et Cesare Pavese n'ont rien en commun. Et pourtant !
Tous deux sont orphelins de père. Tous deux ont grandi dans un entourage exclusivement féminin. Tous deux n'ont jamais su se faire aimer d'une femme. Tous deux sont également poètes...Tous deux deux ont eu une vie brève,solitaire et poignante... Et tous deux ont amplement écrit sur la ville de Turin; et son atmosphère si particulière !

De cette ville, qui fut un temps la capitale de l'italie, Nietzsche n'en a dit que l'abord exaltant, aristocratique et baroque, tandis que Pavese en a recraché toute la tristesse, avec ses vastes quartiers industriels, ses usines qui noircissent le ciel, ses ouvriers exténués.
C'est à Turin que Nietzsche perd définitivement la raison. Il a 44 ans. Et c'est à Turin que Pavese se suicide dans une chambre d'hôtel. Il a 42 ans. le philosophe allemand meurt le 25 août 1900. L'écrivain piémontais meurt le 26 août 1950. Un demi-siècle plus tard, à un jour près...

En cherchant des rapprochements entre ces deux artistes exceptionnels, l'auteur pénètre , dans leur drame intime, dans les blessures inguérissables de leur enfance; et l'on revit, à travers les extraordinaires dessins en noir et blanc de Pajak, les derniers instants tragiques qui les ont conduit tous deux, à la folie et à la mort !
"Je ne sais plus où poser les yeux afin de trouver un moi-même qui soit un peu moins misérable" [Pavese]

Friedrich Nietzsche vivra ses dix dernières années comme un enfant, et même pire, de façon végétative !

A la fin de ma lecture, un passage fort intéressant nous apprenait que le peintre Georgio de Chirico était captivé par l'oeuvre de Nietzsche...

Deux artistes, deux êtres en profonde souffrance dont Frédéric Pajak retrace le mal-être de façon incroyable par les mots et par son talent de dessinateur Il exprime au plus près...leurs détresses !!

"Je scribouille, je vomis des poésies, pour avoir un terrain, un point sur lequel m'arrêter et dire "c'est moi". Afin de me prouver à moi-même que je ne suis pas rien." [Pavese]


© Soazic Boucard- Janvier 2019
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