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Critique de Luxi


Luxi
01 septembre 2016
Ce serait complètement fou d'imaginer que, pendant une journée, le pays tout entier soit lavé de tout malheur. C'est pourtant l'histoire qu'a imaginée Saïdeh Pakravan dans ce roman surprenant puisque depuis le 9 juillet, à minuit, aux États-Unis, "il ne se passe rien." Plus rien. Accident, suicide, vengeance, attentat… tout a stoppé et le pays semble immobilisé, figé dans une invraisemblable position de funambule, ébahi par ce prodige mais tout aussi inquiet pour la suite. Car chacun se demande jusqu'à quand ce petit miracle va durer.
On suit énormément de personnages, chacun "affectés" par la trêve d'une façon personnelle : femmes maltraitées, néo-nazis, "voyous" en tout genre, drogués, dépressifs, pédophiles ou terrorristes… Seules deux personnes reviennent de façon régulière au fil des chapitres : l'inspecteur Simon Urqhart, déboussolé par le vide de sa journée, et Jennifer, une jeune femme qui tente de se défaire de l'emprise d'un ancien compagnon. Chaque chapitre représente donc un moment de vie précis où tout va basculer et où, au bout du compte, ça ne bascule pas puisque l'acte immonde qui s'apprête à être réalisé perd soudain tout sens. Et c'est beau de lire ce revirement de situation, cette opportunité d'être plus puissant que sa pulsion destructrice, cette soudaine reprise de contrôle de l'ange sur le démon.
Tout au long du roman, on se questionne sur ce qui a pu déclencher cette fameuse trêve parce que l'auteur ne nous en apporte pas les réponses : un geste de Dieu ? Un complot du gouvernement ? Une expérience extraterrestre ? Personne ne sait, personne ne comprend mais chacun savoure cette sorte de "cessez-le-feu" à coups de "Vive la trêve !" criés, pleurés, chantés.
Une seule obsession pourtant dans l'esprit des gens : ce miracle va-t-il durer? S'il ne dure pas, combien de temps avons-nous encore devant nous?
Alors je trouve le sujet fascinant mais pour moi l'auteur finit par tourner un peu en rond. Au bout de 250 pages à rencontrer le même schéma, on ressent un certain ennui. Et on termine le roman légèrement frustré parce qu'au final, Saïdeh Pakravan n'apporte pas d'explications à cette étrange et incompréhensible trêve du Mal. 24 heures fabuleuses, 24 heures de paix absolue où les futurs tueurs du corps ou de l'âme ont de subites et mystérieuses prises de conscience de la laideur de ce qu'ils s'apprêtent à faire et renoncent… Car tous renoncent. Comme si l'atmosphère se chargeait de magie. Comme si le simple fait de blesser, de détruire et de tuer se vidait brutalement de son essence et perdait tout son sens. A nous d'imaginer alors à quoi ressemble le marionnettiste qui a tiré les ficelles de cette incroyable moment de paix.
On a la sensation que l'auteur aurait pu faire de cette étonnante idée un roman inattendu et percutant mais pour moi, malheureusement, elle passe légèrement à côté de son sujet. J'aurais aimé davantage de profondeur, de créativité et d'originalité. J'aurais aimé que ce livre soit une grande claque jetée en ces temps de violence extrême qui déchirent la planète. Je ressors donc mitigée de cette lecture mais séduite par la plume de Saïdeh Pakravan qui, elle, m'a beaucoup plu dans sa justesse, sa fraîcheur et sa simplicité efficace.
Merci aux éditions Belfond pour ce joli moment d'espoir.
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