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Critique de MarieKey


Après quelques lectures au style plutôt gentillet, j'avais envie de retrouver la verve exceptionnellement cynique de Chuck Palahniuk et ses trash fictions si venimeuses. Je sors de ma lecture très mitigée. Je vais sans doute être destinée à finir tout droit en Enfer après un avis pareil, mais ça ne fait rien, je prends le risque !

Madison est une jeune fille de treize ans pour le moins atypique. Ronde à lunettes, banale mais intelligente, elle est l'enfant d'un producteur milliardaire et d'une star de cinéma et surtout... elle vient subitement de mourir et se retrouve plongée en plein dans les entrailles de l'Enfer.

Nous voilà donc partis pour aller faire un tour dans le haut lieu de la damnation éternelle !
Dans sa cage toute crasseuse, Madison fait la connaissance d'une bande de jeunes aux personnalités hétéroclites bien que complètement stéréotypées. Archer le rebelle punk avec sa crête bleue et ses épingles à nourrice plantées dans le corps, Léonard l'intello débitant constamment sa science, Patterson le sportif aux neurones limités, et Babette la jolie fille superficielle qui, même en Enfer, ne se préoccupe que de ses chaussures à talon et de son vernis à ongles.
Le petit groupe aurait pu être intéressant mais chacun reçoit un développement un peu trop simpliste pour qu'on s'attarde vraiment sur leur passé ou leur sort. Maddy a beau être la protagoniste, elle prend beaucoup de place et éclipse souvent les autres personnages.

L'Enfer, chez Palahniuk, ce n'est pas si horrible. Bien sûr, il existe des contrées plus accueillantes, les diverses lacs de déchets organiques (sang, déjections, ongles, et autres joyeusetés) et les collines de détritus variés y sont sans doute pour quelque chose. Les centaines de démons de toutes les cultures et religions existantes se baladant, démembrant et dévorant les damnés qu'ils croisent (même s'il se régénèrent ensuite, eh oui, la mort a des avantages !) doivent également jouer.
Cependant, il y a aussi les montagnes de Twix, Mars, Milky Way, Pop corn et autres confiseries qui croulent un peu partout, la facilité pour trouver un job (dans le porno ou le télémarketing) et la diversité des gens qu'on y retrouve. Oui, parce qu'il est facile d'aller en Enfer. Être un peu trop injurieux de son vivant, jeter trop de mégots par terre, klaxonner trop souvent, ne pas se laver les mains en sortant des toilettes. Il y a donc du monde parmi les damnés !

On suit l'ascension de Maddy dans ce nouvel univers pas si hostile, sa prise de confiance et sa remise en question tandis qu'en parallèle elle réfléchit aux raisons de sa mort et à son ancienne vie de vivante. Viennent alors toutes les critiques et le ton délicieusement cynique de l'auteur qui rentre en jeu. À travers ses parents, tout deux anciens hippies, militants, écolos et riches hypocrites, elle vise la société de consommation, le culte de la célébrité, l'absurdité de son ancien mode de vie avec ses maisons dans chaque pays, ses nouveaux frères et soeurs adoptés à chaque nouvelle promotion de film de sa mère et j'en passe. le ton est tranchant et sardonique et on sourit plusieurs fois... au début. Les critiques et mêmes arguments s'enchaînent et se répètent, jusqu'à en devenir rébarbatifs.

J'avais réellement envie d'aimer cette lecture. Chuck Palahniuk est en général une valeur sûre et avec leurs titres, les éditions Sonatines visent souvent dans le mille. Mais cette fois, ça n'a pas fonctionné. Malgré l'idée prometteuse, je suis restée dubitative et sur ma faim. Tout ça m'a semblé très fade en comparaison avec ce que le résumé nous promettait.
Le roman n'est pas mauvais, loin de là. Il est plutôt plaisant à lire et l'histoire a un très bon concept. Malheureusement, c'est un roman de Palahniuk et ayant adoré tous les autres livres que j'ai déjà lu de lui, j'ai des exigences et Damnés m'a déçue.
Je n'ai pas du tout aimé Madison que j'ai trouvé agaçante et condescendante à souhait. Les fameuses anaphores de l'auteur, à retrouver en partie au début de chaque chapitre, y sont sans doute pour quelques choses. Si j'adore retrouver cette figure de style chez Palahniuk, ici, devoir subir les considérations et suppliques d'une gamine de treize ans pendant près de trois cents pages m'a vite lassée.

L'histoire met du temps à démarrer, c'est laborieux à se mettre en place. Au bout de quelques chapitres, l'intérêt décolle grâce à l'exploration de l'Enfer et la découverte des hordes de démons qui le peuplent. Cependant, ça ne tient pas et on recommence bien vite à s'ennuyer. Je ne sais pas si c'est du à notre jeune narratrice (probablement) mais ce regard adolescent et parfois un peu niais sur les choses m'a dérangée. J'aime les critiques de Palahniuk sur la société mais quand elles ont du sens, pas quand elles semblent être si peu naturelles et forcées. de la bouche d'une enfant de treize ans, cela sonnait juste très pédant.

Une déception pour ce dernier roman de Palahniuk que même un twist final plutôt intéressant et une fin ouverte qui annonce une suite ne parviennent pas à minimiser.
Lien : http://desmotsenvrac.blogspo..
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