BooKalicious présente : Damnés de Chuck Palahniuk (#RL2014)
BooKalicious #RL2014! Chronique de "Damnés" de Chuck Palahniuk aux Editions Sonatine. Retrouvez toutes les vidéos ici : http://goo.gl/23DkUZ Quand Maddy Spencer, gosse de riches anciens...
C'est seulement quand on a tout perdu qu'on est libre de faire tout ce que l'on veut
On achète des meubles. On se dit: ce sera le dernier canapé dont j'aurai jamais besoin de toute mon existence. On achète le canapé, et pendant quelques années on se satisfait du fait que, quoi qui puisse arriver, au moins on a réglé le problème du canapé. Et ensuite le bon service de table. Ensuite le lit parfait. Les rideaux. Le tapis.
Ensuite, on se trouve pris au piège de son adorable lit d'amour, et les choses qu'on possédait, ce sont elles qui vous possèdent maintenant.
Nous nous ennuyons tous à mourir.
Nous regardons tous les mêmes programmes télévisés, dit la bouche. Nous entendons tous les mêmes choses à la radio, nous nous répétons les uns aux autres les mêmes bavardages. Il n'y a plus de surprise. Il n'y a juste qu'un peu plus de pareil au même. Des rediffusions.
Nous avons tous grandi avec les mêmes programmes de télévision. C'est comme si nous avions tous les mêmes implants de mémoire artificielle. Nous ne nous souvenons de pratiquement rien de notre enfance véritable, mais nous avons un souvenir exact de tout ce qui est arrivé aux familles des sitcoms.
Nous avons tous les mêmes buts fondamentaux, les mêmes craintes.
L'avenir n'est pas très brillant. Très bientôt, nous aurons tous les mêmes pensées au même moment. Nous serons parfaitement à l'unisson. Synchronisés. Unis. Egaux. Exacts. A la manière des fourmis. Insectes dans l'âme. Des moutons.
Il y a un adage qui dit qu'on fait du mal à ceux qu'on aime, mais il oublie de dire qu'on aime ceux qui nous font du mal.
On finit tous par mourir, notre but n'est pas d'être immortel, notre but est de créer quelque chose qui nous survivra.
C'est la raison pour laquelle j'ai tant aimé les groupes de soutien; si les gens vous croyaient en train de mourir, il vous accordaient toute leur attention.
S'il s'agissait---qui pouvait savoir--- de la dernière fois où ils vous voyaient vraiment. Tout le reste, leur compte bancaire, les chansons à la radio, leurs cheveux emmêlés mal coiffés, plus rien n'avait d'importance.
Vous aviez leur attention pleine et entière.
Les gens écoutaient au lieu de simplement attendre leur tour de parler.
Il est facile de pleurer lorsqu'on prend conscience que tous ceux que l'on aime vous rejetteront ou mourront. Sur une échelle temporelle suffisamment longue, le taux de survie de tout un chacun retombe à zéro.

Le problème avec le sexe, c’est que c’est la même chose qu’avec n’importe quelle addiction. Vous êtes toujours en instance de guérison. Vous rechutez toujours. Vous passez à l’acte. Jusqu’à ce que vous trouviez un motif de vous battre pour, vous vous contentez de trouver à vous battre contre. Tous ces gens qui disent qu’ils veulent une vie libérée de toute compulsion sexuelle, je veux dire, oubliez ce qu’ils racontent. Je veux dire par là, qu’est-ce qui pourrait bien être meilleur que le sexe ?
Il est certain que la pipe la plus mal taillée est meilleure que, disons, sentir la plus superbe des roses… contempler le plus splendide des couchers de soleil. D’entendre des enfants rire.
Je pense que jamais je ne verrai un poème aussi adorable qu’un orgasme qui jaillit brûlant et vous crispe les miches en vous délavant les tripes comme un bon coup d’arrosage au tuyau.
Peindre un tableau, composer un opéra, c’est uniquement des choses qui se font dans l’attente, avant de trouver le prochain bon coup qui veut bien de vous.
À la minute où se pointe quelque chose de mieux que le sexe, appelez-moi. Laissez-moi un message urgent.
Les choses qu'on possède finissent par nous posséder
Terry Fletcher a eu la révélation alors qu'il faisait la queue pour contempler La Joconde. Il avait beau s'approcher, le tableau ne grossissait pas. Dans ses livres d'art, on trouvait des reproductions bien plus grandes. Attends, il était devant le portrait le plus célèbre du monde, et il était plus petit que le coussin d'un canapé !