(…). Et puis ma mère avait mis de beaux coussins partout, sur les lits, sur les chaises. C’était sa forme d’expression artistique : le soir, elle brodait ou bien cousait des bouts de coton fleuri en motifs extrêmement délicats sur de l’étamine ordinaire blanche ou bleue. Les femmes ont toujours utilisé ainsi les étoffes qui vivent et meurent en pièce ou en loques. C’est leur façon de dire : ici, c’est chez moi.
- Ouais, a dit Mme Luddy.
- Les hommes n’ont pas ce type de soupape. C’est pour cela qu’ils sont toujours à courir à droite, à gauche.
- Jusqu’à être soûls pour se coucher, a-t-elle dit.
- Oui, à plus grande échelle, on retrouve exactement le même comportement dans le monde entier. Ils commencent par faire quelque chose qu’ils démolissent ensuite et ils finissent par écrire un livre pour raconter comme c’était passionnant.
-Faith dans un arbre-
Juste au moment où j'avais un besoin pressant de parler sérieusement, de m' envoyer tout l'univers ainsi que ses occupants ou ne serait-ce que de badiner avec un intello qui sache traduire ma cordialité verbale en langue d'amour charnel, immortel, eh bien ! cernée par les enfants, j'étais réduite à l'oisiveté du jardin public de notre quartier. (p.11)
- Vivre-
On trouve toujours quelqu'un qui crie : "Donnez-moi la liberté ou je vous donne la mort" et on trouve aussi chez ses propres voisins des gens très raisonnables, des possédants, respectueux de l'Eglise, qui se boucheront les oreilles au bruit de la sirène, de peur d'être contaminés par les retombées. Il faut être borgne pour aimer et aveugle pour regarder par la fenêtre sa propre rue glacée. (p.7)
-Tu sais Faith, tout change avec le temps. C'est un pays étonnant . Tu peux faire cinq fois le tour du monde, tu ne trouveras pas l'équivalent. C'est varié, chaque fois différent : ça monte, ça descend.
J'ai vu mon ex-mari dans la rue. J'étais assise sur les marches de la nouvelle bibliothèque. Salut, ma vie, lui ai-je dit . Nous avions été mariés vingt-sept ans, ma remarque me semblait donc justifiée. Quoi ? Qu'elle vie m'a t-il dit. Sûrement pas la mienne.