Est-ce une question d'époque? La quatrième de couverture annonce que
Grace Paley met en scène les drames de la vie quotidienne dans le New-York des années 60 avec drôlerie et un ton jamais imité.
Je suis d'accord sur le ton ... Impertinent, incisif, à la Philippe Roth dans sa pastorale américaine.
Pourquoi? Peut-être parce qu'ils nous narrent tout deux le quotidien de New-Yorkais des années 50-60, juifs pour la plupart.
On a coutume de dire qu'il existe un humour juif, que j'ai beaucoup apprécié par exemple dans "
la lamentation du prépuce" de
Shalom Auslander.
Mais je n'arrive pas à retrouver dans ces nouvelles ni la flamboyance de Roth, ni l'humour d'Auslander.
La langue est recherchée, les phrases longues et complexes. Est-ce une question de traduction? Cela devient fastidieux à lire :
- longues phrases descriptives,
- beaucoup de protagonistes à chaque fois différents puisqu'il s'agit de nouvelles
- une seule revient régulièrement, c'est Faith, qui est l'alter égo de
Grace Paley herself.
Mais alors pourquoi ne pas simplement écrire: aujourd'hui, il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire?
J'aurais nettement préféré.
Faire dire et agir Faith met de la distance entre l'autrice et son texte, j'aurais préféré qu'il soit au contraire incarné.
Je n'ai pas ri, je n'ai pas vibré, je n'ai pas eu envie de rencontrer les gens mis en scène.
Au contraire, j'ai plus d'une fois pensé: quel intérêt que ces réflexions? Et pourtant j'aime les livres dans lesquels il ne se passe rien, où tout est dans l'introspection.
Mais celles ci m'ont laissées indifférentes ...
Elle rencontre son ex-mari sur le chemin de la bibliothèque, elle a gardé les livres 18 ans mais elle finit par les reporter ? So What? La seule chose qui me vient à l'esprit c'est: bravo l'altruisme et le respect ... Si tous les lecteurs faisaient comme elle ...
Dans la nouvelle "Samuel" quatre petits chenapans se bousculent et sautent dans le métro, de wagon en wagon ... J'imagine que les wagons à l'époque étaient un peu comme nos tramways à impérial ? On se doute qu'il va se passer un accident ... Une femme se dit qu'elle va intervenir pour les réprimander mais 3 d'entre eux sont "nègres" et le 4ème, elle ne sait pas bien ... Alors elle s'abstient ... Elle craint les coups, les moqueries ...
Ce qui passait peut-être encore pour des réflexions sociologiques dans les années 85 maintenant me choque profondément.
Un homme peu patient tire le signal d'alarme, les wagons s'arrêtent net, coinçant Samuel entre deux portes. Voilà, il est mort. La maman pleure, puis en fait un autre ... mais jamais elle ne retrouvera un garçon comme Samuel.
Mais quel est l'objectif de raconter un tel drame en 3 pages? Pourquoi tant de détachement par rapport à la mort? Pour exorciser les millions de morts dans les camps?
Vraiment je m'interroge, et je serais bien curieuse d'avoir l'avis d'autres lecteurs/lectrices ...
Bref, j'ai trouvé ces textes ennuyeux, terriblement datés, cyniques mais sans le plaisir de se dire ... Oh non, elle ne va tout de même pas oser ...
Ici à chaque fois, je me suis dit: Quel intérêt ?