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Critique de 5Arabella


Le poète Ka, exilé en Allemagne, revient en Turquie, et se rend dans la petite ville de Kars, en principe en tant que journaliste, pour enquêter sur des suicides en série de filles, et les élections municipales, mais en réalité surtout pour retrouver Ipek, une ancienne camarades d'université, qui le fascine, et dont il pense qu'elle pourra combler sa solitude. Il va devenir le témoin privilégié de ce qui se passera à Kars bloquée par la neige, entre islamistes, opposants de gauche, kurdes, et le pouvoir militaire prêt à tout pour défendre son positions. Il vivra de l'intérieur un coup d'état, sera une sorte d'intermédiaire entre toutes les parties en présence, tout en essayant d'assurer son bonheur personnel avec Ipek.

La plus grande qualité du livre est la merveilleuse écriture d'Orhan Pamuk, poétique mais en même temps très précise et acérée. Et puis aussi son témoignage sur la situation inextricable de son paye. Evidemment, les personnages sont stéréotypés, Pamuk ne s'intéresse pas à la psychologie de tel ou tel individu, mais à une situation globale, et donc chaque personnage est un type plus qu'une personne. Mais l'auteur peut nous montrer de cette façon l'engrenage infernal dans lequel tout le monde est enfermé. Quel que soit l'attitude ou le comportement adopté, il sera forcement interprété par les camps en présence en fonction de leur intérêt, utilisé, récupéré. Quelle que soit la bonne volonté, l'honnêteté des individus, leur action ne peut que servir soit le pouvoir en place, et justifier les atrocités commises, soit l'extrémisme des opposants, islamistes en premier lieu et son lot d'horreurs. Aucun acte n'est perçu comme neutre, mais vaut engagement d'un côté ou de l'autre. Cela a un côté désespéré, aucune liberté de choix n'est laissée à l'individu, car chacune des perspectives en présence est inacceptable. La seule échappatoire laissée à Ka, c'est sa poésie.

J'ai beaucoup aimé ce livre sombre et rayonnant à la fois.
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