- Tu me demandes si on peut aimer être seul et souffrir de la solitude en même temps ?
La station assise sur le bord du lit. La bouillie écrasée des mauvais rêves sur le pare-brise de son humeur.
L’incarnat…c’est juste une fois dans une vie de bot. Le choc que c’est, tu ne le revis plus jamais. Là…certes, tu repars en mode process uniques, c’est vrai. Tu revis dans ton espace de machine, pour un moment. Mais quand tu reviens…le corps que tu as quitté, c’est le tien, il est comme imprimé, marqué par tout ce que tu as pensé et vécu. Tu ne pars pas vraiment… C’est ton esprit qui se cale autrement, qui se décale de ton corps, un peu…comme toi si tu t’évanouis…peut-être.J’imagine. Je ne me suis jamais évanouie.
"Ces corps rêvés, notre prison , se dit Asha ; si sa note n'était pas achevée, peut-être qu'elle écrirait qu'il ne leur resterait rien à accomplir, si ce n'est boire des limonades pendant que leurs dieux se meurent."
Alors plutôt que de la toiser, demandez-vous: pourquoi vous avez peur d’un activisme où les bots aient leur place? Pourquoi on en est à un tel point de non-empathie que la première chose qu’on suppose chez des vivants, c’est l’hostilité? D’où ils viennent, ces imaginaires, putain?
Terraformer à proximité avait échoué; on avait donc commencé à chercher des planètes candidates, des nouveaux cailloux à quelques années-lumière. On savait le ciel saturé comme une décharge, constellé de fragments de satellites à la dérive. Le temps était compté, avant que les nuages ne se referment comme un tombeau.
Du coup, l'init. Ce moment où la séquence est lancée, et où une pensée advient. On peut dire qu'un ou une bot naît là. Mais du coup, qu'est-ce que l'incarnat ? Une seconde naissance ? C'est là que ça devient glissant, théoriquement. Si on dit que l'incarnat est une seconde naissance, alors on admet, implicitement, qu'il y a une naissance, alors on admet, implicitement, qu'il y a une naissance de l'esprit et une naissance du corps. Sauf que tout, dans l'expérience bot, contredit une telle schématisation.