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Critique de Isidoreinthedark


« Comme les lions » est le deuxième roman de Brian Panowich, pompier de son métier, et constitue la suite de « Bull Montain », un roman noir, rural et poisseux, au magnétisme envoûtant.

Ce premier opus contait la terrible destinée de la famille Burroughs, qui dirigea d'une main d'acier, pendant plusieurs décennies, différents trafics de contrebande d'alcool, de cannabis et de méthamphétamine, profitant du caractère inaccessible des montagnes du Montana, pour faire prospérer ses multiples activités illicites.

Cette tragédie convoquait tout la fois la Genèse au travers de la lutte à mort entre les frères Burroughs et la tragédie grecque chère à Sophocle, au travers de la terrifiante vengeance ourdie par un agent du FBI mandaté pour mettre fin aux activités illégales des rois maudits des « Bull Montains ».

Brian Panowich reprend au début de son nouveau roman le procédé utilisé dans « Bull Montain » : un flash back en forme d'uppercut, qui nous projette en 1972 et voit la mère de Clayton et de ses deux frères aînés tenter d'échapper à l'emprise exercée par son mari Gareth, un homme aussi brutal que féroce, qui règne tel un lion sur son domaine indompté.

Le romancier revient ensuite sur le présent peu glorieux de son héros au coeur pur et au corps meurtri, qui dérive doucement en quête d'une improbable guérison. Clayton, le benjamin de la fratrie Burroughs, shérif de son métier, et unique rescapé d'un premier opus aussi sombre qu'enlevé, essaie de retrouver le goût à la vie en compagnie de sa femme Kate et de son tout jeune fils. Souffrant constamment des séquelles de blessures qui faillirent lui ôter la vie, notre héros carbure à la morphine et au whisky, et tente vaille que vaille de garder la tête hors de l'eau. Las, l'incursion d'un clan rival dans le territoire autrefois contrôlé par les Burroughs va à nouveau ouvrir les portes de l'enfer, et menacer d'emporter son épouse et son fils.

Comme l'explique avec une franchise désarmante son auteur dans sa postface, l'écriture de ce second volet de la saga « Burroughs » a constitué un exercice autrement plus délicat que la rédaction fluide d'un premier volet qui connut un succès qu'il n'attendait pas.

La construction en miroir de ce second opus, le déchaînement quasi-ininterrompu d'une violence et d'une cruauté invraisemblables, la brutalité sauvage de son intrigue sans nuances en font un roman qui n'atteint pas les sommets de « Bull Montain ».

« Comme les lions » est cependant sauvé par quelques instants de grâce qui se glissent au creux de la pesanteur, par la sincérité de l'amour qui unit Kate et Clayton, qui éclaire telle une flamme tremblante le coeur des ténèbres qui menacent de se renfermer sur la famille du shérif ainsi que par la résilience et le courage de ses héros qui n'entendent pas se laisser emporter par la noirceur d'un monde corrompu jusqu'à l'os.

« Comme les lions » est enfin éclairé rétrospectivement par la lumière crépusculaire de la saisissante révélation finale. Brian Panowitch referme ainsi avec brio la boucle narrative d'une ineffable tragédie qui débuta en 1972 lors de la tentative d'évasion désespérée d'une jeune mère prise au piège de l'indomptable félin qui dominait alors les « Bull Montains ».
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