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Critique de Milllie


Début du XXe siècle, un jeune immigrant grec arrive aux Etats-Unis comme bien d'autres : sans le sou et sans attaches, il va tenter de se construire une vie, loin de son île natale et de sa mère, entre mafia italienne et prohibition. Début des années 80, les folles années 70 et leurs rêves de liberté et d'amour sont déjà loin. Pour Suzanne ex hippie et Basile, son mari, un greco-américain de 2nde génération, c'est l'heure des choix : leur mariage a-t-il encore un avenir ? Que va devenir Lito, fille de Suzanne adoptée par Basile ?

En choisissant de lire Sillages, je m'attendais à un roman typiquement grec, me plongeant dans un monde que je connais peu avec l'histoire de la communauté grecque aux Etats-Unis. Et en fait dès les premières pages, je me suis retrouvée dans l'Amérique du XXe siècle, celle que l'on connaît par coeur à travers les films et les romans américains, ambiance Taxi Driver ou Les Affranchis ! Etonnant mais il faut reconnaître à la jeune écrivaine Kallia Papadakis un vrai talent pour brosser des ambiances et des portraits particulièrement cinématographique qui nous plongent directement dans Camden, petite ville jumelle de Philadelphie à la prospérité passée. Peu de détails, deux histoires qui s'entremêlent sans que l'on sache vraiment qui est qui et sans que l'auteur pose le contexte et pourtant una atmosphère prenante avec des personnages forts et attachants. Lito 68, par exemple, cette gamine affublée de ce suffixe maudit de 68 à son prénom par sa mère toute jeune hippie en souvenir de cette année inoubliable, raillée pour cela par ses camarades de collège et qui trouve son salut dans le foot et les jeux vidéos. Lito donc à la vie de famille plutôt confortable et choyée que tout oppose à la jeune Minnie, gamine de son âge venue du ghetto et recueillie par ses parents après le décès de sa mère. Et pourtant ces 2 opposés vont se soutenir et s'entraider, avec de beaux passages à la clé.

Avec Sillages, j'ai oscillé tout au long de ma lecture entre lassitude et émerveillement. Lassitude devant ces histoires imbriquées qu'on a parfois du mal à suivre, les époques et les personnages étant très peu situés. A certains moments je m'y suis perdue et me suis demandée si j'allais réussir à finir ce roman qui était devenu un pensum et puis à nouveau l'écriture m'a happée, m'a donné envie de savoir la suite, ce qu'il allait advenir de ces personnages attachants. Et lassitude aussi parfois justement devant l'écriture, ces longues phrases qui n'en finissent plus, séparées par des virgules, agrégeant parfois au petit bonheur la chance une idée puis un événement puis un autre et encore un autre au risque de noyer ou perdre le lecteur. Et malgré tout émerveillement pour certains passages qui en quelques pages en disent beaucoup sur l'immigration, le fait de ne plus se sentir chez soi nulle part, le rêve la plupart du temps inatteignable de retourner au pays un jour (quand on sera riche, quand on sera vieux, quand...).

Sillages a été une lecture pas toujours agréable mais que je suis finalement contente d'avoir découverte. Je ne sais pas si ce roman est représentatif de la littérature grecque contemporaine mais en tous cas il apporte un autre éclairage sur la longue histoire de l'immigration et de l'intégration de gens venus de toute part aux Etats-Unis. Un roman inclassable et original !
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