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Critique de motspourmots


Peut-on échapper à sa condition ? Infléchir la trajectoire d'une vie ? Croire au bonheur quand aucune fée bien intentionnée ne s'est penchée sur son berceau ? Ces questions sous-tendent le premier roman de Guillaume Para, journaliste politique qui choisit la fiction pour explorer quelques thématiques de société au travers de deux mondes qui se côtoient sans trop se mêler. Il nous livre un roman à l'intrigue tendue, au ton âpre, râpeux comme les obstacles auxquels se heurte son héros, illuminé par de rares moments traversés par des éclairs de bonheur. Et par une intense histoire d'amour.

Hamed et Léa n'étaient pas faits pour se rencontrer. Lui, né à Sevran avait pour seule perspective la cité et ses violences qui ont déjà eu raison de la vie de son frère ainé. Recueilli à treize ans par son oncle et sa tante après le décès de son père, il débarque à Saint-Cloud, l'une des communes les plus huppées des Hauts de Seine. C'est ici que vit Léa, à l'abri de l'enceinte du Parc de Montretout, sorte de ghetto de riches. Famille ultra catholique, père reconverti dans la communication politique après avoir lui-même fréquenté les cabinets ministériels, bref, de l'argent et du réseau. Léa et Hamed se rencontrent au lycée, grâce à François le meilleur ami d'Hamed secrètement amoureux de la jeune fille. Hamed ne vit que pour le football, sport dans lequel il excelle, encouragé par le père de François, un ancien joueur professionnel. Léa traîne une tristesse silencieuse qui intrigue les deux jeunes hommes. L'attirance entre Léa et Hamed est aussi puissante qu'inattendue. Un amour total qui semble les conduire droit vers le bonheur. Sauf que le destin en a décidé autrement... Lorsque le drame survient, Hamed est brutalement arraché à sa carrière prometteuse et aux bras de Léa. Direction Fleury-Mérogis. Retour à la case violence, cent fois pire que celle à laquelle il a échappé à Sevran...

Dans ce roman, la violence qui sous-tend les rapports entre les différents protagonistes est une sorte de fil rouge qui se faufile un peu partout. La loi des caïds de la cité de Sevran, la loi du plus fort qui régit le quotidien des prisonniers mais également celle des cours de récréation, des terrains de football et celle, plus sournoise qui sévit à l'abri des murs capitonnés des maisons bourgeoises. Sur ce chemin marqué par la violence, Hamed avance, trébuche, tombe, se relève, avance toujours, lesté de tout son passé dont il tente de s'alléger. Des rencontres capitales, des figures bienveillantes... mais sera-ce suffisant pour compenser cette charge qui semble se rappeler à lui dès qu'il entrevoit le bonheur ?

J'ai dévoré ce roman d'une traite, y compris les passages très passionnés sur le football, moi qui ne suis pas du tout fan de ce sport. Mais l'auteur dit très bien le pouvoir de la passion qui s'exprime dans la pratique d'un sport, et qui agit comme un baume sur les blessures de l'âme. le regard posé sur la société contemporaine est malheureusement très lucide, on dirait bien qu'il n'y a plus trop de place pour les contes de fée. Mais il y a de la place pour les romanciers qui tentent d'y croire encore.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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