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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une BD qui traite d'un sujet bien triste à savoir le génocide des arméniens qui a été perpétré durant les années 1915-1916 par le parti des jeunes turcs. C'est un sujet qui me touche particulièrement d'autant qu'il a encore des conséquences encore de nos jours près de 100 ans après. En effet, sa reconnaissance politique dans le monde fait encore débat avec une Turquie qui refuse de voir son passé en face.

Certes, il y a eu d'autres génocides dans l'histoire mais celui des arméniens préfigurait celui perpétré par les nazis contre les juifs dans son aspect programmation politique minutieusement préparé sans vouloir ternir ou minimiser l'holocauste qui se veut exclusif de par les atrocités commise en grande masse. Il y eu tout de même environ 1,5 millions de morts réduisant considérablement cette minorité.

En effet, au lendemain du génocide, les Arméniens ne sont plus que 100.000 à 200.000 dans l'Empire ottoman. Certains trouvent refuge en Arménie russe, en Perse, en Syrie et au Liban. D'autres fuient vers la France, les États-Unis et l'Amérique latine. On se souvient qu'Hitler lui-même avait indiqué : « qui se souvient du génocide des arméniens ? » pour mieux commettre ses méfaits sur les populations juives.

La BD nous explique que des soldats de l'armée turcs sont allés chercher d'abord tous les hommes arméniens dans les villages les plus reculés où ils vivaient en harmonie avec la population musulmane pour leur faire croire qu'ils partaient combattre à la guerre défendre leur patrie à savoir l'Empire Ottoman. Malheureusement, c'était un leurre pour pouvoir les abattre en pleine tranchée qu'on leur demandait de creuser dans un cynisme le plus absolu.

Par la suite, ils se sont attaqués aux femmes, aux enfants et aux vieillards sans défense pour les exécuter ou les abandonner en plein désert après une longue marche. Ils demandaient à des pillards kurdes de terminer le travail. Encore une fois, ce massacre systématique de la population arménienne vivant en paix est d'une ignominie sans nom.

Voilà ce qui se passe quand un parti politique se met à stigmatiser une population les accusant d'être à l'origine de tous leurs maux. Ils sont le plus souvent jaloux de leurs réussites commerciales car autant les arméniens que les juifs étaient de bons commerçants bien intégrés dans la société. C'est toujours la même chose. Et voilà que la grande Russie de Poutine accusent les ukrainiens d'être des nazis pour perpétrer des crimes contre l'humanité dans la folie de leur haine conquérante. Cela me dégoutte toujours au plus haut point.

Pour en revenir à cette BD, elle est très didactique avec des interludes historiques après chaque chapitre pour faire le point sur des faits historiques avérés et non supposés. On notera une base documentaire avec photo très simple qui ne se perd pas dans des détails futiles. Il y a même des conseils de lectures sur d'autres oeuvres traitant de ce sujet comme des BD par exemple.

Le génocide arménien est une réalité et non une invention née d'un mensonge.
L'extermination s'est fait par l'assassinat massif, la faim et la soif, la noyade. Les témoignages insistent particulièrement sur les viols, mutilations et massacres de femmes, d'enfants et de nouveaux-nés commis par les génocidaires. Dans un génocide, tuer son voisin devient légal car c'est encouragé par le gouvernement.

Certes, il y aura ceux qui essayent d'aider les arméniens ou qui ne comprennent pas cette politique d'extermination qui jette la honte et opprobre. Bref, on verra dans le récit qu'une bonne majorité de la population turque déplore cette situation ce qui n'empêchera pas les pulsions criminelles sans limites d'une minorité.

La BD va se concentrer sur une famille comme une autre ce qui permettra au lecteur de ne pas se disperser. On va pas nous abreuver de dates et de nom ou de faits et la narration restera simple et efficace qui permettra une lecture assez fluide. Cela reste toutefois un sujet à la fois douloureux et monstrueux.

Un mot sur le dessin réalisé par le coréen Kyungeun Park pour dire qu'il est assez réussi. J'ai vraiment apprécié la mise en couleur ainsi que les personnages. On observera une précision et une sensibilité des visages ainsi que des émotions qui sont palpables.

Au final, c'est un récit très dur et bouleversant qui nous en apprend plus sur une période noire et parfois oubliée de l'Histoire. Je le conseille non pas au nom d'un devoir de mémoire mais pour ne pas sombrer dans le négationnisme. Et puis, il y a toujours l'histoire qui se répète inlassablement au cours du temps. La connaissance peut permettre de faire évoluer les mentalités. Oui, c'est une lecture indispensable pour comprendre le drame des arméniens.
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Cette BD documentaire est très bien faite, alternant des dossiers synthétiques et l'histoire d'une famille ordinaire arménienne prise dans les tourments de l'histoire. J'avais entendu parler du génocide, mais je n'imaginais pas du tout le côté systématique, total, ainsi que l'orchestration complète par l'état turc qui voulait une purification ethnique : 50% de la population arménienne et 90% des terres ancestrales ont disparu entre 1915 et 1922. A ce niveau-là, les dossiers documentaires sont très bien faits pour recréer en quelques paragraphes la complexité de la politique ottomane puis turque de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle.

J'ai appris aussi que le génocide n'était pas un fait isolé mais avait suivi des premiers massacres en 1895, et avait visé d'autres minorités, toutes de confession religieuse dfférente, comme les grecs orthodoxes, les chaldéens et les yézidis. le dernier dossier documentaire se concentre sur le long chemin de la reconnaissance du génocide, celui-ci étant encore nié en Turquie et en Azerbaïdjan. Que plus de 100 ans après les faits, l'état turc ne soit pas capable de reconnaître ses erreurs fait froid dans le dos.

L'histoire racontée essaye de nuancer les propos en montrant la bonne entente avant le génocide, ainsi que la réaction de la population et “les justes” ottomans, qui se sont élevés chacun à leur manière contre ce qui se tramait. J'ai été en particulier surprise du nombre de gouverneurs qui se sont opposés à ces décisions et ont de fait été destitués. La BD raconte aussi les problématiques de la diaspora en suivant Mikaël qui tente de retrouver sa soeur à travers toute la méditerranée.

En définitive, une très bonne BD documentaire qui rend accessible cet épisode trouble et méconnu de l'histoire contemporaine et donne des pistes pour prolonger la lecture, comme la très belle chanson d'Aznavour “ils sont tombés”.
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Ce roman graphique accompagné de pages d'histoire très documentées, parcourt le monde des Arméniens depuis le 1er S. av-JC jusqu'en 2020, lors du second conflit armé du Karabagh. C'est une mine d'informations pour narrer la vie de ce peuple qui a toujours voulu garder indépendance et dignité, alors qu'ils étaient déjà persécutés depuis longtemps. Thème principal : le génocide qui commence en 1915 par une déportation en masse vers les montagnes. Et la culture du mensonge va occulter la vérité sur ces massacres de masse. le cynisme des militaires ottomans domine largement les méthodes des Nazis qui vont sévir vingt ans plus tard.
Les planches de la BD racontent plusieurs scènes poignantes avec par moment des touches d'humanité. le maire d'un village prend en charge Mikael, chrétien, un ami de son fils Ali, musulman, en le déguisant en fille voilée. (La révolte du garçon voilé, est-ce un clin d'oeil à toutes les femmes qui subissent ce carcan toute leur vie) ? Les deux enfants vivent des moments dramatiques et brutaux. Leur amitié sera le fil conducteur qui maintient une lueur d'espoir, même si la violence suinte à chaque page, avec les yeux noirs de personnages souvent très expressifs. En s'inspirant de photos d'époque, les deux auteurs, Djian et Aprikian, ont rassemblé les faits historiques les plus marquants. La photo partage avec la BD une dimension narrative très réussie.
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Souvent les romans graphiques me laissent sur ma fin. Celui-ci est particulier et autrement intéressant.
Tout d'abord il traite du sujet du génocide arménien, sujet encore peu évoqué en France. Ensuite, il le traite d'une manière atypique : mêlant d'une part le récit d'une famille arménienne à l'époque du génocide et des parenthèses composées de rappels de faits historiques.
Cette combinaison permet de démocratiser le sujet et d'aller plus loin dans sa connaissance des faits : on y découvre l'origine du génocide et les victimes ciblées, son organisation, l'ampleur du génocide ainsi que les impacts que cela a pu avoir sur la seconde guerre mondiale.
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