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Critique de jlvlivres


Onzième livre de David Park, « Voyage en Territoire Inconnu » (2022, La Table Ronde, 208 p.) traduit par Cécile Arnaud de « Travelling in a Strange Land ». Mais c'est seulement le premier livre traduit, ce qui est dommage. Irlandais de Belfast, commence une carrière dans l'enseignement, après des études à Queen's University. Un premier roman « The Healing » en 1992, qui remporte le « Authors' Club First Novel Award ». Puis un autre ouvrage « The Big Snow » en 2002, recueil de 5 histoires de neige durant l'hiver 1963, un des pires hivers d'Irlande. Puis « The Light of Amsterdam » en 2012.

On est à la veille de Noël en Irlande « Ce sera le premier Noël donc ce ne sera pas facile ». Il neige sur la grande Bretagne et l'Irlande du Nord. Plus de transports aériens. Pas question pour Tom et Lorna de laisser leur fils Luke seul, avec une forte grippe, dans sa chambre de Sunderland, à côté de Newcastle en Angleterre. Départ en voiture avec force thermos, sandwich, couvertures, sac de couchage, billets du ferry de Lane à Cairn Ryan (2 heures de traversée en temps ordinaire). En route pour le territoire inconnu. de Belfast à Sunderland (240 miles). Les routes sont peu dégagées, glissantes. « Je voyage dans un pays étranger. le monde à l'extérieur de la voiture est enneigé, complètement changé - tellement de neige que partout parait profondément enfoui ».
Les errances, quasi touristiques, mais surtout psychologiques, d'un père, seul dans sa voiture, qui gamberge sur sa famille, son fils surtout, mais aussi sa femme Lorna et sa fille Lilly. Un autre fils Daniel, que l'on découvre petit à petit. Comme c'est d'une écriture récente, il y a un GPS à bord. Mais Tom juge qu'il peut faire seul. Reste le territoire inconnu, où tout est blanc. Il y a la musique aussi (avec une playlist en fin de volume).
Ce roman, véritable road-movie, en cercle fermé, l'intérieur de la voiture, avec un extérieur quasi inexistant, blanc et inchangé, sans aucun repère, est prétexte au voyage intérieur. Véritable introspection de la vie d'avant, avec les relations du couple, avec les enfants. En fait le scénario tient en 5 lignes « Notre fils Luke est bloqué à Sunderland à trois jours de Noël et l'aéroport de Newcastle est fermé. Il est à l'université et vit dans une maison édouardienne délabrée et délabrée dont cinq autres étudiants ont tous décampé pour les vacances. Il est donc seul et il ne va pas bien. Ce qui l'afflige n'est pas tout à fait clair d'après ses appels téléphoniques, mais il a une température et des symptômes qui suggèrent une grippe ». Il s'agit d'en tirer au moins 5 chapitres. Bon, un sur la vie et les enfants « le fruit de mes reins, c'est ainsi qu'ils appellent ton enfant, donc ce sera la moisson de ma vie »
Un autre sur sa vie et son métier de photographe. « Alors, de quoi ai-je envie de prendre des photos ? C'est difficile à mettre en mots, mais je suppose le moment qui se trouve juste sous la surface des choses, ou un aperçu du familier sous un angle différent ». Un autre sur la conduite « Et élever un enfant, ce n'est pas comme conduire cette voiture où j'ai la voix pour me guider et, malgré la neige, les traces des autres voitures à suivre, des signaux pour me dire quand m'arrêter et quand partir, des avertissements sur d'éventuels dangers ». Et puis, quand on a épuisé les sujets, reste le temps qu'il fait. « Oui, les journaux avaient raison : la neige était générale sur toute l'Irlande. Il tombait doucement sur le marais d'Allen et, plus à l'ouest, tombait doucement dans les sombres vagues mutineuses de Shannon ». Et comme on est en Irlande, un petit détour chez les morts. « Il tombait aussi sur chaque partie du cimetière solitaire où Michael Furey était enterré. Il gisait en épaisseur sur les croix tordues et les pierres tombales, sur les lances de la petite porte, sur les épines stériles. Son âme s'évanouit lentement lorsqu'il entendit la neige tomber faiblement à travers l'univers et tomber faiblement, comme la descente de leur dernière fin, sur tous les vivants et les morts ».
Reprenons le roman, cette fois dans le désordre. Les Morts tout d'abord. Une longue généalogie éditoriale irlandaise. Commencée avec Saint Brendan (484-578) et son étonnant voyage en mer. Cela aboutira au texte irlandais « Immram Brain Maic Febail ocus a echtra andso sis » (La navigation de Bran, fils de Febal et ses aventures ci-après), La plus ancienne version complète de ce texte apparaît vers l'an 900. C'est le récit de la navigation dans le Sidh des celtes, sorte de Paradis qui désigne l'Autre Monde. Bran, dont le nom signifie corbeau, est le fils de Febal. Alors qu'il se dort, il entend un chant étrange, dont la voix lui vante les délices d'« Emain Ablach » (la Terre des Pommiers), une île au milieu de l'océan. le symbole des pommiers est synonyme d'éternité. Il est le seul à entendre ce chant, venu, il n'en doute pas du « Sidh » (l'Autre Monde). Il part avec « trois fois neuf » compagnons. Sur la mer, « Manannan Mac Lir », le dieu souverain du Sidh, le guide et l'entraine. A la première île où ils abordent tous ses habitants ne font que rire. le marin qui y débarque est aussitôt prit d'un fou rire et refuse de remonter à bord. Puis ils abordent à « Tir na mBân » (l'Ile des Femmes). La reine de l'ile lance un bout à Bran pour faire échouer bateau, et tous débarquent. Chacun dispose alors d'une femme, toutes étant jeunes et très belles, la reine naturellement échoie à Bran. Ils vivent alors un certain temps, baignant dans une félicité totale. Mais…..nostalgie oblige, ils décident de rentrer. Tout comme Ulysse revenant à Ithaque, personne ne les reconnaît au retour, et eux-mêmes ne reconnaissent personne. le premier qui descend à terre se transforme en un tas de cendres. Bran reprend alors la mer pour une navigation sans fin. C'est « Ulysse » revu par Eugène Sue et son « Juif Errant ». Comme quoi James Joyce n'a rien inventé. L'histoire légèrement modifiée de « Ulysse et Polyphème sont dans un bateau. / Polyphème perd son monocle et tombe à l'eau. / Qui est ce qui reste ? ».
Même scénario, mais avec plus de personnages dans « Les Trois Policiers » Flann O'Brien. « Quand on arrive au bout du livre, on réalise que le héros ou personnage principal […] est mort tout au long du livre et que toutes les histoires étranges ou horribles qui lui sont arrivées ont eu lieu dans une sorte d'enfer qui a été sa récompense pour son meurtre ». C'était à prévoir. Erwin Schrödinger est né, et mort, à Vienne (1887-1961). Mais entre 1940-1945, et même jusqu'en 1956, il a vécu à Dublin, où il était directeur de l'école de physique théorique au Dublin Institute for Advanced Studies. C'est là qu'il a travaillé sur la décohérence en mécanique quantique. Pour cela, il fait intervenir un chat dans une pièce dont on ne peut savoir s'il est simultanément mort ou vivant. Pauvre chat qui risque d'être empoisonné s'il observe la désintégration d'un atome. Pour cette expérience Einstein préconisait l'utilisation d'un baril de poudre, à la place du chat bientôt empoisonné. L'utilisation d'un rat est de loin préférable, confirmant le principe de l'ennui comme un rat mort.
Le chat d'Alice est un chat du Cheshire, (donc anglais). Il est représenté avec un grand sourire. Ce dernier peut apparaître et disparaître selon sa volonté, en totalité ou seulement par parties, ne laissant apparaitre que son sourire. Alice admet avoir « souvent vu un chat sans sourire mais jamais un sourire sans chat ». C'était en 1865, avec un chat anglais.
On connait moins le chien de James Joyce, qui lui aussi est mort et vivant. Cela se passe dans « Ulysse » au chapitre 3. C'était en 1922. Dans le chapitre 2, qui le précède, Stephen fait un long cours sur l'histoire et la vie du Christ avec Jésus marchant sur les eaux. Episode qui n'est limité ni dans le temps ni dans l'espace. Pour Stephen « l'Histoire est un cauchemar dont j'essaye de me réveiller ». Puis il cite la mort de César, et la probabilité qu'il aurait eu d'être ou ne pas être poignardé. Dieu devient « un cri sans la rue ». Puis Stephen quitte l'école pour la plage de Sandymount dans le chapitre 3. Et là il voit « La charogne boursouflée d‘un chien semblant s'abandonner sur le goémon » mais dix lignes plus loin il voit aussi « Un point, chien bien en vie, bientôt en vue, coupant la courbe de la plage ». C'est relativement plus fort (et plus précoce) que le chat de Schrödinger.
James Joyce va naturellement, tout d'abord dynamiter « l'Odyssée » en en mélangeant l'ordre des différents chants. La rencontre de Bloom avec Hadès a lieu au chapitre 6, intitulé justement « Hadès ». Bloom est alors en position sociale inconfortable vis-à-vis des autres passagers de la voiture à cheval qui les emmène depuis la maison du mort à Sandymount, au sud de Dublin jusqu'au Glasnevin Cemetary au nord de Dublin où sera enterré Paddy Dignam. le trajet se fait en avec Jack Power, Simon Dedalus le père de Stephen (qui représente Joyce), et Martin Cunningham. La rencontre entre Simon et Stephen est donc une rencontre père-fils, et non comme Enée et Anchise une rencontre fils-père. La rencontre Simon-Stephen a eu lieu dans le chapitre 3 « Protée » dans lequel Stephen s'interroge sur son père alors qu'il rend visite à son oncle Richie.
Ce trajet n'est pas sans rappeler celui de Seamus Heaney dans « Route 101 ». Malgré l'inconfort du véhicule qui se traduit par « des miettes de pains de dessous ses cuisses », le trajet se poursuit avec la traversée, non pas du Styx, mais du « Crossguns bridge : le Canal Royal » ainsi que des autres rivières (Liffrey, Grand Canal, Canal Dodler) soit en tout les quatre fleuves des Enfers. A l'arrivée au cimetière, le cortège croise différents enterrements, ou discutent de différentes morts récentes, jeune enfant, suicides, accidents. Exactement comme Ulysse rencontre les morts récents (, les héros ayant eu une mort violente ou provoquée). Il est peut-être hardi de faire le lien entre le rameau d'or, nécessaire à passer le Styx et « le savon collé à son papier [que Bloom] transfère de sa poche revolver à la poche intérieure de son veston ». Par contre il y a l'épisode du « florin d'argent », soit « un shilling huit de trop » que « [l'on remet] au batelier, en échange de la vie de [son] fils » qui rappelle l'obole à Charon.
Seamus Heaney n'est pas en reste, à en juger par sa phrase célèbre poème « Whatever You Say, Say Nothing » publié dans « North » (1975, Farrar, Straus and Giroux, 65 p.). « Is there a life before death? That's chalked up / In Ballymurphy. Competence with pain, / Coherent miseries, a bite and sup, / We hug our little destiny again ». (Y a-t-il une vie avant la mort ? On l'avait écrit à la craie / à Ballymurphy. Compétence avec la douleur, / Misères cohérentes, une bouchée et une soupe, / On empoigne à nouveau notre petit destin). Plus adéquat est son poème « A dog was crying tonight in Wicklow also » paru dans « The Spirit Level » (1996, Faber and Faber, 96 p.)
Il y a surtout le livre de Máirtín Ó Cadhain, et sa spécificité littéraire « Cré na Cille » (édition originale en 1949, réédité en 2009, Clo Iar-Chonnachta Teo, 364 p.). Et c'est comme cela que je l'ai découvert. Une annonce dans la revue « Granta ». Avec deux traductions en anglais, l'une « The Dirty Dust » (2015, Yale Margellos, New Haven, 310 p.) traduit par Alan Titley, et l'autre « Graveyard Clay » (2016, Yale Margellos, New Haven, 368 p.) traduit par Liam Mac Con Iomaire et Tim Robinson. Déjà curieux que la même maison d'édition traduise le même livre à deux ans d'intervalle. C'est un livre qui repose (en paix) essentiellement sur des dialogues, ou plutôt de discussions entre personnages. En effet, et Titley le rappelle dans sa préface « In The Dirty Dust everyone is dead » (dans « Cre na Cille » tout le monde est mort). Bon début pour un livre dans lequel on est censé avoir une histoire ou des discussions. le fait intéressant est que dans ces dialogues, la réponse est rarement au sujet de ce qui vient d'être dit, et c'est ce qui en fait le sel. D'ailleurs, il est recommandé, lors de la lecture du texte, de s'imprégner des différents thèmes abordés par chacun des personnages, avec chacun ses obsessions, pour ensuite s'affranchir du fil de la conversation pour retrouver les personnes.
Bon, on a survolé les morts, il reste à subir la neige. Il faut alors partir pour ces pays dont Voltaire définissait l'intérêt économique. « Quelques arpents de neige » qualifient ainsi la Nouvelle-France. C'est non seulement l'Acadie et les provinces maritimes du nord est du Canada, mais tout le territoire qui englobe la Louisiane, Basse et Haute (le pays des Illinois), et les Pays d'en Haut (tout autour des Grands Lacs). Dans cet environnement, lire « le Poids de la Neige » (2018, Les Editions de l'Observatoire, 256 p.), sorti initialement un peu plus tôt (2013, La Peuplade, 312 p.) de Christian Guay-Poliquin. A vrai dire, il vaut mieux commencer par le premier roman, ce que je n'ai pas fait. « le Fil des Kilomètres » (2013, La Peuplade, 230 p.), distribué en France (2015, Phébus, 192 p.). C'est le périple d'un mécanicien qui prend la route pour traverser le Canada d'Ouest en Est pour aller au chevet de son père qu'il n'a pas vu depuis une dizaine d'années. Commence alors une longue errance en voiture. Plus il va vers l'Est et plus cela empire, comme si la panne d'électricité durait déjà depuis longtemps. Essence de plus en plus rare. Deux auto-stoppeurs, un homme, volubile et suspect, et une femme, silencieuse et mystérieuse. Dans le rétroviseur apparaît l'ombre de la Bête. En fait c'est le mythe du minotaure revisité à la mode canadienne.
Avec en prime, le mythe d'Icare et le retour du Fils Prodige, pour qui sait lire et non point s'arrêter à la traditionnelle « road movie ». « le poids de la neige », c'est la suite, après 4736 km, et un accident alors qu'il était presque arrivé. Deux jambes fracturées, assommé par les antidouleurs, plus de notion du temps. Et de plus, il a perdu le goût de la parole. « La plupart du temps, je rêvais qu'on me tenait au sol et que quelqu'un me coupait les jambes. À coups de hache. Et ce n'était pas un cauchemar ». Un huis clos dans une même pièce. Recueilli par le vieux Matthias qui s'occupe de lui et de sa rééducation. En échange, Matthias partira au printemps dans un convoi, pour la métropole. « Tu es mon obstacle, mon contretemps. Et mon billet de retour ». Seuls dans leur cabane, naufragés dans l'hiver canadien « vingt mille lieues sous l'hiver ». Sous la neige qui n'arrête pas de tomber et de tout ensevelir. « Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu'on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d'immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous ». Bref un roman où il ne se passe pas grand-chose. A moins que cela ne soit une évolution intérieure. « Pour survivre, ils devaient affronter ensemble le froid, la faim et l'ennui. Ainsi, ils avaient très vite compris que la tâche la plus importante était sans contredit celle de raconter des histoires ». Donc, il faut chercher autre chose qui conditionne le huis clos, sachant que le « road movie » qui régissait le précédent livre ne peut plus avoir lieu. Jambes brisées obligent.
Ce sera donc un « road movie » à l'intérieur de la véranda, la seule pièce encore habitable de la cabane en ruine. le tout encerclé par la neige qui continue à tomber, témoins les épaisseurs chiffrées en tête de chapitre. Roman immobile donc ? Sûrement pas dans la mesure où les premières pages regorgent de références au mouvement. Ce ne sont que geste, mobilité, bouger, se déplacer. Et pourtant la référence temporelle, toute « notion du temps » n'a plus cours. « Je crois que nous avons passé le solstice. Dans le ciel, la course du soleil est encore très brève, mais les journées rallongent sans qu'on s'en aperçoive. le Nouvel An aussi doit être derrière. Je ne sais trop. Ça n'a plus vraiment d'importance. Ça fait longtemps que j'ai perdu la notion du temps. Et le goût de la parole. Personne ne peut résister au silence, enchaîné à des jambes cassées, un hiver, dans un village sans électricité ». Tout s'est arrêté autour du narrateur. « Je suis cloué au lit, les jambes immobilisées dans des attelles […] Et je ne suis plus maître de mon destin ». Cette immobilité et incapacité de bouger modifient tout naturellement son rapport au temps, mais le travail est encore long pour y arriver.
Et quand il n'y a plus rien à décrire, s'en référer aux puissances divines. « Mile après mile. Faire le voyage qui semble aussi important que tout ce que j'ai jamais fait depuis Daniel et dont j'ai commencé à croire qu'il pourrait changer les choses d'une manière ou d'une autre si je réussis, même remettre les choses dans un ancien équilibre avant que les assiettes ne s'inclinent et tout est tombé de travers ». Retour sur sa vie de couple, puis de parent. « D'une manière ou d'une autre, Lorna et moi sommes restés ensemble. Et je suis reconnaissant pour cela, j'ai peur de faire quoi que ce soit qui nous mettrait en danger, donc je dois réfléchir à ce voyage mais je ne sais pas si le monde monochrome que je traverse rend cela plus facile ou plus difficile. Les choses sont plus compliquées que de choisir entre ce que je pense être juste et ce que je ne sais pas être faux ».
Et si on allait voir ce qu'il y a sous la neige. Traduit en langage vernaculaire, allons chercher dans les profondeurs de la vie. « La neige cache tout mais je ne sais pas si je peux continuer à couvrir ce qui pour le moment est caché et je ne suis pas toujours une personne forte à l'intérieur donc j'ai peur que comme un dégel soudain je le laisse sortir quand elle est ne s'y attend pas et quand ce n'est pas le bon moment pour le publier ».
Et Dieu dans tout cela ? « J'arrive maintenant, Luke, et si Dieu tient vraiment le compte, qu'il enregistre que je vais continuer mon voyage jusqu'à ce que j'entende enfin la voix qui m'a amené en toute sécurité ici, disant : "Tu as atteint ta destination.' le monde se refroidit. Je commence à soulever le wigwam mais quelque chose me dit que je dois le laisser, que c'est là qu'il appartient, et j'espère que Lilly finira par comprendre, comprendre que son père l'a laissé ici pour les sans-abris, pour chaque âme dans besoin d'abri et, alors que le soleil se couche enfin sur ce monde enneigé, pour tout compagnon de route, perdu comme lui dans un pays étranger ».

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