Chapitre 5 :
Aliénor
«… Ma petite Aliénor chérie,
Je t’écris parce que je sens les forces de la vie me quitter doucement et j’ai encore deux ou trois choses à partager avec toi. Je pourrais te les dire lors d’une de tes visites, mais je suis égoïste et je n’ai pas envie de voir la tristesse marquer ton joli visage.
Si tu lis cette lettre, c’est que tu as reçu les clés. Je suis contente de partir en sachant que cet endroit t’appartient.
Je ne te lègue pas seulement ces murs, je t’offre l’occasion de démarrer une nouvelle vie. J’aurais dû le faire bien avant, mais de mon vivant, je suis sûre que, têtue comme tu l’es, tu n’aurais jamais accepté. Alors que tu n’oseras pas t’opposer aux dernières volontés de ta défunte grand-mère.
Retrouver l’humour décalé de Mamili dessine un sourire entre mes larmes. J’inspire avant de poursuivre.
Ton travail ne te plaît pas et tu rêves d’autre chose depuis tellement longtemps. Tu disposes d’un peu d’argent, de quoi entreprendre quelques travaux, mais aussi, peut-être, te donner un coup de pouce pour te lancer dans une nouvelle activité. Le salon de thé dont tu rêvais adolescente, ou cette dernière idée bizarre dont tu m’as parlé…
Je me souviens de ta détermination lorsque tu as entrepris ce CAP en pâtisserie en cours du soir, en parallèle des études que tu suivais la journée. Ton père a bien essayé de t’en empêcher, mais rien ni personne n’aurait pu t’arrêter. En plus, tu es douée pour ça, ce serait dommage de ne pas en faire profiter les gens.
Cette maison t’appartient, n’en fais pas un musée. Transforme-la à ton image. Vends les meubles que tu n’aimes pas, arrache la tapisserie vieillotte, ne te montre pas sentimentale, s’il te plaît.
La vie est courte, ma chérie, profite de chaque instant.
J’imagine que ta petite bande se trouve près de toi. Dis-leur que je les embrasse et que je compte sur eux pour t’aider.
Mamili ...»
Chapitre 4 :
Benjamin
«… Trop énervé pour me montrer prudent, je le saisis et consulte l’écran.
[Merci d’avoir été présent
à mes côtés aujourd’hui. A]
Son message calme ma crise de culpabilité. Je rédige rapidement avant de ranger mon Smartphone :
[J’aurais voulu t’offrir plus.
J’espère que les garçons
prennent soin de toi,
je t’embrasse. B]
...»