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Critique de Zonaires


Patricia Parry est psychiatre et romancière. Fascinée par le polar, elle cultive le genre en tant qu'il décrit le monde et l'individu tels qu'ils ne vont pas. Médecin, elle se consacre à l'écoute du mal-être et dit vouloir appréhender les troubles de l'homme à la fois du côté de l'imaginaire et dans le cadre d'une réflexion cartésienne. En passant de son fauteuil de thérapeute à la table d'écriture, elle entreprend de restituer en différé l'objet de son écoute et de rendre visible, en les faisant siennes, des intrigues livrées par l'inconscient. Son écriture est portée par l'expérience d'une parole qui se remémore, qui découvre, traduit et reconstruit. C'est ainsi qu'une histoire vieille de plusieurs siècles se réactualise dans le temps de la rencontre et s'anime dans un espace parcouru en tous sens par l'imaginaire. On le sait, les rêves se souviennent, laissant parfois son rapporteur interdit, pétrifié d'angoisse. Dans ce roman, Patricia Parry convie le lecteur à ressentir ces rêves d'une rare puissance évocatrice, à entendre le bruit obstiné, parfois tétanisant que font les pensées, à en saisir toute l'ambiguïté. Bien sûr, en tant que production de l'esprit, les personnages mis en scène n'appartiennent plus à la clinique. Ici, le médecin est absorbé par le roman et se confond avec lui. On ne s'étonnera pas que ce soit un psychiatre qui mène la danse. En fait, l'histoire est gérée par presque tout un service hospitalier puisque le héros, acteur des évènements, se laisse emporter par l'effet de lecture et s'en remet à ses confrères pour le sortir de quelques mauvaises passes et, accessoirement, lui faire entendre raison.
Question substance noire, l'auteure a opté pour une variante de la théorie du complot dans un chassé-croisé historico-médiatique avec meurtres ciblés, puissances occultes, manoeuvres politiciennes et dérapages morbides, sachant bien que peu de lecteurs résistent à l'idée d'être éclairé sur les tenants et les aboutissants d'une affaire criminelle dès lors où la question de la manipulation est de mise. Et à vrai dire, de ce côté-là, l'entreprise est diablement réussie.
Restent en suspens quelques interrogations sans gravité : de quelle oreille l'auteure entend-t-elle les maux de ses patients et comment rêve-t-elle les mots de ses romans, comment en quelque sorte s'arrange-t-elle de ses allers-retours entre la clinique et la fiction ?
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