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Critique de Borntobealivre


Nous sommes à Berlin, en 2011. Le corps de Frank Derbach est retrouvé dans un immeuble désaffecté du quartier populaire de Neukölln dans lequel des Roms ont élu domicile. Sauvagement assassiné, à la mode de la « cravate colombienne » – la description est saisissante d’horreur et de violence, j’avais l’impression de lire du Grangé ! - , l’ancien employé aux archives de la Stasi est méconnaissable. Dans le même temps à Sofia, en Bulgarie, son ami Gérhard Samuel, photo-reporter, s’inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles et se sentant lui-même suivi, écrit une longue lettre à sa belle-fille Dagmara, pleine de révélations et décide de se débarrasse de preuves compromettantes contre notamment un politicien très en vue, Christian Schlangenberger, dans un local poubelles. Tous deux enquêtaient sur l’étrange disparition d’un ami commun, à la frontière bulgare, dans les années 1980.

Dans cette course poursuite infernale contre l’oubli de crimes politiques perpétrés avant la Chute du Mur, au moment où l'Allemagne était scindée en RDA et en RFA, nous croiserons un homme politique trempé dans des dossiers plus que louches et dont la carrière risque de prendre un autre virage si les photos qu’il reçoit petit à petit comme des avertissements venaient à être ébruitées, un père de famille ayant constitué un musée macabre avec des souvenirs de familles ayant perdu quelqu’un ayant voulu s’échapper à l’Ouest par la frontière bulgare, un commissaire à fleur de peau, une journaliste qui aimerait dissiper les ombres de son passé, marqué par la mort de son père quand elle était enfant.

Entre le roman d’espionnage et le thriller politico-historique, « Le Magicien » de Magdalena Parys est dense, extrêmement documenté et passionnant du début à la fin. En mêlant l’histoire et la fiction, en créant des personnages totalement crédibles et pour certains, attachants, l’auteure nous embarque dans une intrigue haletante tout en levant le voile sur l’impunité de crimes commis pendant la Guerre Froide, sur l’horreur des méthodes de la Stasi, sur l’injustice d’un système qui propulse au pouvoir des criminels. Il m’a permis d’entrevoir une période trouble de l’Histoire de façon inédite, qui m’était assez méconnue : celle de la Guerre Froide en Europe.

J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteure qui, avec subtilité et par toutes petites touches, nous dépeint une atmosphère lourde aussi bien avant qu’après la Chute du Mur, un climat social actuel empreint de racisme (contre les Roms, notamment), d’antisémitisme.

En le refermant, j’ai une envie irrépressible de lire son précédent roman « 188 mètres sous Berlin », largement plébiscité par les membres de Babelio (donc forcément bien !) pour retrouver sa plume et sa façon incroyable de nous faire entrevoir l’Histoire par le truchement de la petite histoire et de la fiction.

Merci à Agullo - au passage, je suis une fan absolue de vos couvertures - et à Babelio pour cette géniale découverte !
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