Un idiot c'est toujours mieux qu'un lâche.
Les faits :
En 2010, à l'Office fédéral allemand en charge des archives de la Stasi, près de six kilomètres de rayonnages ont disparu (vingt millions de pages).
On estime que pendant la période du rideau de fer, près de quatre mille cinq cents personnes du bloc de l'Est ont essayé de fuir à l'Ouest par la frontière bulgare.
Près d'une centaine y ont perdu la vie. (p. 9)
- Les Tsiganes ? tonna-t-il.
- Les gens qui habitent ici, retorqua tranquillement le Blond.
- Officiellement, personne n'habite ici.
- Mais non on y vivent quelques centaines de personnes. (p. 56-57)
La division entre l'Est et l'Ouest a toujours existé et existera toujours, et ce n'est pas toute cette agitation qui y mettra fin, avait déclaré grand-père Léo en observant la foule en liesse qui avait envahi le mur.
p. 206
Nous sommes de l'Est! Et alors?
La ville de Sofia lui rappelait le Varsovie des années quatre-vingt-dix. On construisait d'abord des hôtels de luxe, puis des banques, des pharmacies... et tout le reste venait après. Tout le reste venait après.
Allongé sur son lit d’hôtel, Gerhard sentait revenir les symptômes de sa maladie coronarienne. Il ne fallait pas les négliger, il devrait s’occuper plus sérieusement de sa santé. Il ne se souvenait plus s’il avait pris ses comprimés. Mais oui, bien sûr, il les avait pris, comme toujours. Son rythme cardiaque accéléré et sa tension élevée l’avaient cependant troublé. Il essaya de respirer plus calmement et de penser à des choses agréables. Au bout d’un quart d’heure, il se leva pour chercher un médicament qu’il ne prenait que très rarement, dans des situations exceptionnelles. La dernière fois, c’était une semaine auparavant. Le jour où Krystyna avait quitté la maison sans un mot.
Gerhard fit semblant d’être surpris.
— Mais, au fait, qu’est-ce qui vous fait croire qu’il s’agit précisément de Boszewski ? demanda l’officier en le scrutant d’un regard interrogateur.
— Et vous, qu’est-ce qui vous fait croire qu’il existe des documents secrets concernant précisément Boszewski ? dit Gerhard en lui retournant la question.
— La plupart des informations sur les personnes tuées au cours d’une évasion se trouvent là-bas. Ici, nous n’avons plus grand-chose. Dans nos archives, il ne figure rien au sujet de cet homme, répéta-t-il en esquissant un sourire qui dévoila des dents d’une blancheur incroyable.
— Très intéressant ! remarqua Gerhard. Vous confirmez donc que la personne sur la photo a bien été tuée lors d’une tentative d’évasion ?
— Simple supposition, je n’en sais rien. C’est vous-même qui l’avez dit.
— Non, je n’ai rien dit de tel…
— Vous permettez donc que je garde cette photo pour confirmer ou pas cette supposition ? Nous vous contacterons par courrier. Je suis désolé. Vous vous êtes déplacé pour rien.
Il se leva et tendit la main à Gerhard, coupant court à la conversation.
— Je préfère la garder.
— Faites-moi confiance, dit l’officier en baissant la voix.
Seidel lui avait expliqué que le cliché avait été pris dans un endroit bien précis de la frontière entre la Bulgarie et la Grèce. C’est là qu’avait été découvert le cadavre d’un Polonais, celui de Piotr Boszewski selon toute probabilité. Hélas, le nom écrit au verso était illisible.
Aujourd’hui, les archives de Seidel n’étaient plus un secret. Quiconque le souhaitait pouvait se renseigner sur cet habitant de Leipzig qui avait recueilli une documentation considérable sur une série de disparitions inexpliquées à la frontière bulgare. Documentation bien plus importante que celle dont disposaient tous les ministères et archives d’État réunis.