Ce recueil du grand écrivain russe
Boris Pasternak laisse un goût amer et un sentiment d'inachevé. Si les qualités indéniables d'écriture sont là, le style, le fond, semblent envahis par la torpeur, voire la froideur. On peut sûrement l'expliquer, par l'oppressant contexte politique de la Russie post-révolution de 1917, oscillant entre répression et semi-ouverture intellectuelle, pour exalter le nouvel ordre soviétique. La place de Pasternak est celle d'un écrivain quasi-officiel, poste à la fois enviable, mais aussi dangereux en cas de déviation créative en dehors de la ligne du parti. Ce jeu d'équilibriste, de funambule poète est bien présent dans les vers de l'auteur, les mots sont choisis, pesés, la double lecture omniprésente et presque invisible au néophyte. Cependant, l'auteur pour pouvoir exister dut faire des concessions, comme ces deux poèmes dédiés à Staline présentés dans ce recueil, alors que ce dernier avait fait exécuter, suicider ou exiler, nombre de grands poètes, amis de Pasternak. Finalement, ce n'est qu'à la fin de sa vie en écrivant son best-seller
le Docteur Jivago, que l'écrivain soldera ses comptes avec un régime qui finira par le honnir et lui réciproquement par l'abhorrer.
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