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Critique de Lunartic


Aujourd'hui, on va s'attaquer à du costaud, à savoir : le mythe de l'Impératrice Sissi. Dans un premier temps, je tiens à remercier du fond du coeur les éditions L'Archipel pour ce premier service de presse avec eux. Ils ne se sont pas moqués de moi (en même temps, ce n'est jamais le cas, peu importe la maison d'édition) avec ce superbe ouvrage reçu une semaine avant la sortie nationale, très souple et agréable à tenir en main, de l'objet-livre comme je les aime,-où on se retrouve aimantés à cette couverture raffinée, romantique, très princière et royale. En clair, mon petit coeur de lectrice fana de romans historiques saupoudré de drame et d'une pincée de romance aurait dû être gâté. Sauf que cette savoureuse mayonnaise n'a pas très bien prise avec moi et j'en ressors troublée, confuse. Je tiens à préciser qu'avant de plonger dans ces pages très aérées et aux caractères à la proportion parfaite (alléluia pour mes yeux à lunettes), je n'avais pas vu la fameuse trilogie Sissi qui a rendu Romy Schneider et le couple impérial Sissi/Franz iconique. J'avais juste vu en des temps forts reculés un Secret d'histoire consacré à l'Impératrice bavaroise, et mes épars souvenirs, ainsi que la passion de ma maman chérie pour la trilogie cinématographique qu'elle a vu une quarantaine de fois au moins (dont une en italien durant ma lecture, c'est fou ça !), m'ont permis de ne pas patauger dans la semoule.

Cependant, malgré le fait que Sissi et François-Joseph soient résolument des figures historiques, j'ai essayé au mieux durant ma lecture de me placer dans l'optique que cette oeuvre était un roman, c'est-à-dire qu'elle pouvait à une échelle plus ou moins large (et ici, il s'agit de BEAUCOUP) de la réalité. Néanmoins, cela reste un roman soit une oeuvre de fiction qui nous présente le point de vue de l'auteure sur ses connaissances, son imagination, et comment elle remanie ce qu'elle sait à sa sauce afin de créer quelque chose de nouveau, d'inspiré, et qui inspirera ensuite l'imaginaire de quelqu'un, en premier lieu le lecteur. Cela n'a pas été facile, mais j'ai su me prêter au jeu et me laisser conter l'histoire légendaire.

Celle de l'esprit sauvage d'Elisabeth en Bavière sous un éclairage nouveau. Seulement voilà : si la sauce était onctueuse, de par l'écriture et le talent (nos régions en ont aussi) bien affirmé d'Allison Pataki, de par le matériau historique qui me fascine, l'époque de l'intrigue (19ème siècle mon amour), elle m'a aussi laissée un goût doucereux et amer à la bouche. Je m'excuse d'avance si ma critique va vous sembler décousue, mais ce roman m'a fait perdre pied, voilà. Quand je termine un livre qu'il me tardait de lire, j'en pousse la plupart du temps un soupir de contentement, car on m'a fait chavirer le coeur, on m'a apporté des valeurs, un message, des émotions, des expériences, qui m'ont fait grandir et qui ont également agrandi mon esprit. Et je quitte le livre comme je dirais au revoir au plus cher de mes amis,-le regard tendre et la larme à l'oeil. Or, je me suis retrouvée une moue boudeuse aux lèvres, contenant ma frustration, avec le simple sentiment de Voilà, c'est fini. Ce livre avait tout pour me plaire, et pourtant j'ai l'impression d'être une vraie Grumpy Cat, boule de poils insatisfaite. D'un côté, je ne regrette pas cette lecture qui m'a bousculée, m'a fait sortir de mes idées préconçues et défié mes attentes. J'admire l'audace de l'auteure qui a amené son histoire là où elle le voulait, sans perdre en cohérence, dans un mouvement fluide sans égal.

Offrant ainsi à notre Impératrice avide de liberté et d'amour poétique le désir le plus cher de son âme et de sa sensibilité violentée, de son coeur meurtri. Face à cette tournure totalement imprévue des événements, au lieu de me laisser porter par la plume de l'auteure, de me laisser mener par le bout du nez jusqu'à adhérer complètement à son parti, j'ai érigé comme un mur de protestation. Ma volonté et ma vision des choses faisaient barrière hermétique à ce qu'Allison Pataki me proposait, ce qui se révélait au fur et à mesure des pages, et je suis restée en dehors du drame qui se jouait. Cette flèche de Cupidon n'a pas accédé à sa cible, et je me suis sentie comme trompée, trahie. Mes espérances ont été déçues et ce que j'ai trouvé navrant, c'est que les quelques pages entre les chapitres, qui constituent un flashforward, me l'ont tout de suite indiqué, tel un gros warning. J'aurais pu ainsi arrêter mon cheminement avec Sissi dès les cent premières pages, vu que je sentais venir gros comme une maison ce qui allait suivre et que je ne souhaitais pas que cela se produise. Cependant, Allison Pataki a accompli l'exploit de me garder avec son récit jusqu'à la dernière ligne, jusqu'à ce que la boucle soit bouclée. J'avais envie d'entendre cette auteure s'exprimer jusqu'au bout, de ne pas lui mettre un gros vent. Ce qui aurait été fort ingrat de ma part.

J'avais l'intense volonté d'être compréhensive et à l'écoute, même si je n'étais pas d'accord. Je ne doute pas une seconde que ce livre saura trouver son lectorat, partisan de l'amour interdit, des héroïnes enflammées qui font fi des règles et des traditions trop rigides et périmées, des drames qui feront pleurer dans les chaumières, et qui s'indigneront face à une société trop patriarcale où le désir de Monsieur est roi et où tu te dois d'être belle et de te taire. Enfin, j'extrapole un peu mais je pense avoir bien résumer ce contre quoi ce livre se bat et ce qu'il véhicule. Ce que je reproche à l'héroïne dans ce livre, c'est d'avoir baissé les bras, de s'être in fine mis en retrait, avec pour maxime Vivons heureux, vivons cachés. Certes, son mari, son premier amour, se ment à lui-même, en pensant qu'un empereur se doit d'avoir une certaine virilité (bandes de machos, va), en se montrant distant, occupé par des affaires politiques à longueur de journées, en étant "trop fatigué" pour assouvir les désirs sexuels de son épouse la nuit (alors que lui l'a eu son orgasme) et en étant un gentil fils à maman par-dessus le marché.

Cette dernière, n'en parlons pas ; elle va tant abuser de ses droits à "SA" cour (humhum) que c'en était indignant, insoutenable. Néanmoins,-l'amour et la tendresse de Franzi (appelons-le par son petit nom lui aussi) pour sa sublime Elisa était authentique et l'on sentait qu'il voulait se battre pour cela, qu'il l'a fait depuis le premier jour. Mais comment vous battre quand votre épouse a baissé les bras, et ce dès le départ ? Sissi était un esprit indiscipliné, charmant certes, mais je me suis in the end plus identifiée et attachée à son époux, bien qu'on nous en donne l'image d'un homme fatigué de son existence et qui se conforme à l'image peu flatteuse qu'on pourrait avoir d'un monarque/homme politique. Mais il est bien meilleur qu'il ne semble l'être.

Dans ce livre, Sissi n'a jamais fait le moindre sacrifice pour vivre à la cour avec l'élu de son coeur, elle ne s'est pas battue de toutes ses forces comme sa mère va le faire à un moment donné. Je pense que c'est pour cela que je n'ai pas adhéré à la nouvelle romance que lui prête Allison Pataki, quand bien même celle-ci est passionnée, réelle et relie deux kindred spirits. Sissi n'a pas cette foi intérieure qui lui aurait permis de s'imposer en tant qu'impératrice, en tant qu'épouse et en tant que mère, et je lui en ai beaucoup voulu pour cela. le majeur point positif, c'est que j'ai désormais envie de m'enrichir d'informations, de documentaires, sur cette histoire d'amour qui a marquée L Histoire, sur ce destin tragique (Sissi est morte assassinée à l'âge de 60 ans *SPOILER*), même si j'ai déjà trouvé des sources qui se contredisent entre elles. Et je n'abandonne pas Allison Pataki. Sa plume est entraînante et possède une véritable voix. Cela ne m'a convaincue pour cette fois mais je suis sûre qu'avec d'autres romans de sa plume enflammée et vivace, mon coeur et mon âme pourraient s'emballer. Vous concernant, à vous de décider si un petit voyage en Autriche-Hongrie du XIXème vous siérait. Je vous promets un décor dépaysant, qui sent bon la montagne, et une douce musique aux oreilles, ça va valser. Je ne peux que vous recommander de vous donner les moyens d'émettre votre propre jugement.
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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