Les cauchemars eux-mêmes valaient mieux que l'infini chagrin du réveil.
- Marie-Antoinette était donc l'une de vos grand-tantes...souffla Sissi, éberluée.
- Exact.
- Cela donne à réfléchir quant au désir que l'on peut éprouver de monter un jour sur le trône.
Son corps était vêtu d’une simple robe de chambre blanche, dont la fine étoffe paraissait à deux doigts de glisser de ses épaules presque dénudées. L’image était tellement intime que l’empereur était resté sans voix en la découvrant. Après quoi, il avait accroché le tableau dans son bureau privé, où il était le seul à pouvoir l’admirer.
Rien n'est si fort que la douceur, rien n'est si doux que le vraie force. Goethe
"Lui, mais comment pourrait-on ne pas l'aimer ?"
Sissi à propos de François-Joseph,
Bad Ischl, août 1853
"J'ai aimé, j'ai vécu,
J'ai parcouru le monde.
Mais je n'ai jamais atteint ce
que je cherchais.
J'ai trompé et j'ai été trompée."
Sissi
Il détestait que l’on évoquât sa femme, si éloignée de lui depuis fort longtemps, mais qui demeurait tout de même son épouse. Il savait pertinemment, comme Sissi, qu’ils étaient tous deux mariés. Que l’amour qui les unissait était répréhensible – même s’ils n’en avaient pas le sentiment. Et il ne supportait pas que l’on rappelât à Sissi l’existence de la comtesse Andrássy.
- Rien n'est si fort que la douceur, rien n'est si doux qu la vraie force, énonça Sissi.
Elle allait à présent régner sur ce pays, mais aussi sur sa propre existence.
Le temps passé avec son ami était sacré ; pas question que les vieilles blessures de son mariage s’immiscent dans ce moment privilégié. En outre, elle avait dépassé le stade où elle se formalisait de tout cela. Elle n’était plus la jeune oie blanche que François-Joseph avait épousée ; l’adolescente provinciale qui avait confondu un béguin avec l’amour, et les promesses avec les actes. Cette jeune fille qui n’avait pas saisi comment se passent les choses à la cour impériale, et qui avait été brisée quand elle avait dû l’apprendre.