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Critique de Cigale17


Comme le titre de ce roman d'Ann Pachett le laisse supposer, La Maison des Hollandais va tenir une grande place dans le déroulement des événements qui composent ce récit. Plus même : cette maison va cristalliser les passions. La grande bâtisse date des années 20. de riches Hollandais ont fait construire cette merveille à la fois néo-classique et Art Déco avant la crise. Après 29, le faste a disparu, et la maison est restée sans occupant plusieurs années avant que Cyril Conroy ne l'achète pour sa femme, Elna, pensant lui faire plaisir. Mais Elna n'aime pas cette maison, s'en éloigne de plus en plus souvent et finit par partir pour de bon, sans véritables explications, laissant sur place mari et enfants. Danny Conroy, le narrateur, est encore très jeune le jour où Andrea, sa future belle-mère, pénètre pour la première fois dans leur maison que tout Philadelphie appelle la maison des Hollandais. En fait, les souvenirs de David sont de de deuxième main : Maeve, sa grande soeur et substitut maternel, lui a racontée ce qui s'était passé ce jour-là, et à bien d'autres occasions, jusqu'à ce qu'il soit assez vieux pour construire ses propres souvenirs. Autant Elna se sentait mal dans cette maison, autant elle fascine Andrea qui finit par s'installer à demeure avec ses deux filles et à épouser Cyril Conroy. Pour Maeve et Danny, le monde s'écroule. Pour Maeve surtout…
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Comme dans Orange amère, Anne Pachett nous entraîne dans des retours en arrière fréquents qui éclairent le présent, mais le choix d'un narrateur à la première personne, Danny, oblige le lecteur à attendre le récit d'une tierce personne ou une conversation pour avoir une idée plus juste de ce qui s'est passé. Ainsi, les souvenirs de Maeve et ceux de Pluche (la nounou de Dany) concernant le déroulement des événements quant au départ d'Elna ne concordent pas entièrement. Ce sera d'ailleurs fréquemment le cas au cours du récit, quand Danny et Maeve confrontent leurs souvenirs respectifs ou qu'ils entendent raconter une anecdote par Sandy et Jocelyn. Adultes, employées des Conroy, les deux soeurs n'ont forcément pas le même regard sur ce qui s'est passé que les enfants Conroy. Ann Pachett réussit à rendre aimables et sympathiques certains personnages qui partent d'emblée avec un lourd passif. C'est le cas d'Elna, de Pluche, mais surtout de Maeve, personnage magnifique, mais dérangeant, qui choisit son cadet pour assouvir une sorte de vengeance sans tenir compte des goûts et des désirs de son petit frère, et qui continuera à lui pourrir la vie à cause de la guerre perpétuelle qui l'oppose à Celeste, la future épouse de Danny. Chacun des personnages possède une part d'ombre et une de lumière qui prend le dessus au gré des circonstances. Cela n'oblitère pas l'amour qu'ils se portent, ni le profond attachement qu'ils éprouvent envers cette maison qui a nourri leur enfance et qui continue à les attirer alors qu'ils n'y vivent plus. Dans ce roman comme dans Orange amère, Ann Pachett traite de la vengeance et du pardon, des conséquences des mauvais choix, de l'abandon, du divorce, de l'influence parfois bénéfique, parfois néfaste des gens que l'on aime, de celle des disparus, morts ou vivants, etc. Et ce n'est jamais manichéen, mais au contraire tout en nuances. J'aime décidément beaucoup cette autrice…

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