AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cigale17


Par un bel après-midi de juin, Fix (Francis) Kitting et sa très jolie femme Beverly organisent une fête à l'occasion du baptême de leur deuxième fille : Frances, qui deviendra Franny. Fix Kitting est flic, et s'il connaît vaguement Bert (Albert) Cousin, avocat au bureau du procureur, il ne s'attendait pas à le voir débarquer chez lui une bouteille de gin (une grande) à la main… À cause des effets du gin, Bert embrassera Beverly, ils tomberont amoureux, ils quitteront leur conjoint respectif ; les enfants de chaque couple resteront auprès de leur mère et de son nouveau conjoint, sauf les quelques semaines de vacances d'été qu'ils passeront chez leur père et leur belle-mère. Ainsi, Cal, Holly, Jeannette et Albie (Albert) Cousin, qui sont restés en Californie avec leur mère Teresa, passent une partie de l'été chez leur père, en Virginie, avec les filles de Beverly, Caroline et Franny Kitting.

Je voudrais une fois de plus déplorer que la quatrième de couverture révèle des événements dont le lecteur connaîtra une partie à la page 100 et le reste encore plus tard… C'est dommage parce que cela dévoile plusieurs élément capitaux de ce superbe roman magnifiquement construit, qui commence en 1964 et se déroule sur 50 ans. Au tout début de la lecture, les nombreuses ellipses, retours en arrière et sauts dans le futur peuvent surprendre : par exemple, le premier chapitre est essentiellement consacré au baptême de Franny. Mais dès le deuxième, on la retrouve adulte, au chevet de Fix malade d'un cancer ; son père lui explique alors comment le prénom d'Albie a été choisi et lui rappelle qu'il a dû le récupérer dans un commissariat parce que, ado, il avait mis le feu à son école… Ce qui s'est passé entre ces deux époques sera révélé très progressivement par différents protagonistes. Plus que les retours en arrière et les sauts dans le futur, ce sont donc les ellipses qui peuvent déstabiliser. En effet, le narrateur à la troisième personne adopte tour à tour le point de vue de différents personnages, et ce, à des époques différentes. le lecteur est donc parfois surpris, abasourdi même, par la révélation d'un événement qu'il ignorait ; un passage obscur s'éclaire, l'opinion que l'on avait d'un personnage bascule, et on a l'impression d'avoir enfin les clés pour comprendre, avant de se rendre compte que l'on n'est pas au bout de ses surprises…

Bref, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. J'en ai aimé la construction, l'attente crée par les ellipses, les changements de points de vue qui font vivre au lecteur le même événement sous un angle différent. J'ai aimé les relations de cette famille reconstituée, les amitiés improbables et les inimitiés qui disparaissent quand survient un drame. L'admiration éperdue d'une jeune femme pour un écrivain se transformant en amour me semble un motif souvent utilisé dans la littérature. En revanche, l'écrivain qui va écrire un roman à partir des confidences de cette jeune femme, révélant aux autres membres de la famille certains aspects qu'ils ignoraient du drame, les obligeant à réviser le jugement qu'ils portaient sur cette affaire, constitue un ressort romanesque qui m'a particulièrement séduite. En plus de son talent de conteuse salué par les critiques, Ann Pachett possède un humour subtil et manie plus qu'habilement l'ironie. Je n'avais jamais rien lu de cette auteure, mais j'ai retenu Bel Canto à la bibliothèque qui ne possède que celui-là. J'achèterai les autres !
Commenter  J’apprécie          320



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}