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Critique de NicolasElie


Tu connais Royan ?
Moi non plus. Jamais mis les pieds là-bas. C'est pas que je regrette, surtout après la lecture de ce roman, mais j'ai jamais pensé à y séjourner. Ce que je sais, c'est que c'est pas loin de l'eau. La grande eau.
Royan, ça « reste Royan, avec ses immeubles à retraités, ses rond-points fleuris qui plaisent tant aux retraités, sa plage réensablée chaque année, pour le plus grand bonheur des retraités, ses innombrables pharmacies à retraités, ses magasins de déco qui occupent tant les retraités, ses banques où les retraités mettent leur pognon, ses hypermarchés où traînent les retraités, ses restos typiques, standardisés et si chers pour piquer le maximum de blé aux retraités et ses maisons de la presse où les retraités viennent acheter leur journal de retraité. Non, Royan n'a pas changé : une ville de retraités bouffée par la promotion immobilière et l'allongement de la durée de la vie. »
T'es dans le vif du sujet, quant au style et à la façon d'écrire. Rare que je me dise que j'ai pas croisé ce genre de style quelque part, et ben là, je m'en souviens pas. Ça m'a fait penser à ce roman appelé «Le journal d'un tueur vénitien» sorti il y a des années chez un éditeur qui a dû faire faillite (il faisait de bons bouquins, et il était indépendant, ça dure jamais longtemps).
Cette intro pour te dire qu'on est en plein dans le polar, et le polar, en général, c'est pas mon truc. J'aime le Noir, le rouge, mais pas trop le polar social. Sauf que là, je me suis laissé embarquer dans cette histoire de tueur travailleur indépendant qui bosse pour ceux que tu croises tous les jours, dans ta télé ou sur tes journaux, les politiques véreux, ceux qui veulent plus qu'ils ne peuvent dépenser...
La particularité de Charly, c'est qu'il se hait. Il hait ce qu'il est devenu, ce meurtrier hanté par ceux qu'il a tué, qui viennent le visiter au coeur de ses cauchemars.
C'est tout pour le pitch. T'as pas besoin d'en savoir plus.
En revanche, je vais te causer de l'écriture. Pas dans le sens Bukowskien du terme, quoique...
Tu sais quand je parle des tripes, de mettre ce qu'on a dans le ventre sur le clavier, je crois qu'on est pas loin. Au début, j'ai été presque agacé par ces répétitions, ces phrases courtes comme des poings dans la gueule, et puis j'ai compris. La taille de cette écriture, justement, ce sont ces mots, ces uppercuts qu'il t'envoie sous le menton (ce qui est en général le meilleur endroit pour placer un uppercut, spéciale dédicace à Eric Maravelias qui m'a fait découvrir le garçon)...
C'est parfois tellement juste que tu penses à certains poèmes... Ces poèmes croisés, puis oubliés, mais dont certaines phrases te hantent depuis l'adolescence.
Alors bien sûr, il y a une histoire, des morts, des vivants, des filles, belles et moches, des petites filles qu'on regrette de ne pas avoir rencontré parce qu'on était leur père mais qu'on a pas voulu leur dire, des salauds aussi, des putes, avec un grand coeur, et d'autres sans rien dans le ventre, de l'argent disparu, tout ce qui raconte les histoires de polar...
Il y a du surf aussi, sur des vagues qui rapprochent les filles et les garçons qui osent pas trop se parler. C'est beau le surf.
C'est beau comme ces phrases courtes, presque slamées, comme dans certains textes que j'écoute parfois en boucle.
Fascinant comme ces pas de danse qui se répètent à l'infini et qui forment une chorégraphie que tu n'oublieras plus.
Tu vas être étonné, peut-être dérouté au début, puis tu vas faire comme moi, tu vas lire, tu vas vouloir connaître Charly un peu plus, l'aider un peu, lui dire que tous les hommes sont pas des salauds, tu verras.
Tu vas faire de l'apnée, souvent, reprendre ton souffle après les direct au foie, mais tu vas sourire à la fin, comme moi, d'avoir croisé un auteur que tu vas suivre.
Parce que.
Ainsi débute la chasse.
C'est tout ce que j'ai à dire...

Lien : http://leslivresdelie.org
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