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Citations sur Roumanie (21)

Pour peu qu’on prenne un peu de temps, il reste possible de faire visite à des paysans qui vivent presque comme au Moyen Âge, avec leurs bêtes, en autosuffisance. Ils vous offriront, avec le fromage qu’ils fabriquent, la tsuica à près de 50° qui vous tournera agréablement la tête. Cet alcool de prune est la boisson nationale. Chaque famille a la sienne. Elle prend le nom de palinka lorsqu’elle subit une seconde distillation, mais j’avoue avoir du mal à reconnaître l’une de l’autre, surtout après avoir absorbé deux verres à liqueur, qu’il est impossible de refuser.
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La plus grande œuvre du régime communiste est toujours debout. Inévitable. Incontournable pour qui parcourt la ville. La « Maison du Peuple », dont les guides vous disent fièrement qu’elle est la plus grande au monde après le Pentagone, est née d’un voyage du Guide en Corée du Nord, en 1971.
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Comme souvent de l’autre côté de cet ex-rideau de fer qui divisa l’Europe, les intellectuels déplorent que les espoirs soulevés par le postcommunisme se soient évanouis devant un pouvoir confisqué par une classe supérieure sans scrupule ni culture, obsédée par l’enrichissement personnel. Une jolie blague d’ailleurs circule : « Je n’ai pas peur du ministre de la Culture, j’ai peur de la culture du ministre de la Culture ».
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Je constate aussi, et c’est nouveau, que [les jeunes] sont plus agressifs à l’égard de leurs parents, pour lesquels ils nourrissent presque de la haine : « C’est à cause de vous, avec vos choix politiques imbéciles, que nous sommes dans cette situation ! ». C’était clair lors des manifestations qui ont suivi l’incendie de la discothèque Collectiv [30 octobre 2015]. Les conflits de générations deviennent plus violents depuis quatre ou cinq ans, et les jeunes font porter la responsabilité de leur mal-être à leurs parents.
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En Roumanie, il faut sans cesse lutter contre l’oubli. Andrei Plesu, qui fut ministre de la Culture, puis des Affaires étrangères après la révolution, écrivain, philosophe et historien de l’art, parle de « l’adamisme roumain », cette tendance nationale à refaire le monde comme s’il partait en permanence de zéro, une forme d’optimisme caustique et désabusé.
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Le régime communiste a-t-il changé la Roumanie ? Pour moi, qui ne la connaissais que par mes lectures, et notamment par le Bucarest de Paul Morand, mon lointain prédécesseur des années 1943-44, qui peignait la Roumanie d’avant-guerre, c’était la question. Que restait-il de la Roumanie d’après la « révolution » de 1989, un pays qui avait subi des siècles de domination ottomane, d’invasions barbares, d’administration austro-hongroise et les infinies souffrances des deux guerres mondiales, pendant lesquelles son territoire fut occupé par les Allemands et par les Russes ? La vérité m’est peu à peu apparue.
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À 15 km de Bucarest, dans le département d’Ilfov, une autre visite a ému le lecteur de Proust que je suis : celle du domaine de Mogosoaia. Héritière d’une grande famille roumaine, les Lahovary, Marthe épousa un prince Bibesco et restaura avec soin ce domaine qu’il lui avait offert en 1912, jusqu’à ce qu’elle en soit chassée par les communistes. On peut encore y voir ses serres en ruine, les tombes de sa famille dans un parc à l’abandon. Il ne reste plus rien d’elle ici que le château et les dépendances, dans le goût Brancovan de l’époque, propriétés d’État depuis 1948, pour donner une idée du cadre de vie de cette intrépide amoureuse, mondaine, écrivain, diplomate à ses heures et globe-trotter. Dans un coin du parc, à peine cachées, j’ai trouvé en me promenant des statues de Lénine et de Marx, abattues et remisées là. Une revanche posthume sur les malheurs subis par Marthe, acculée à l’exil puis à la ruine.
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Avant sa mort survenue en décembre 2017, l’ex-roi Michel Ier avait retrouvé son palais, son aide de camp, sa garde à cheval pour les grandes occasions, et sa cour. Il s’était remis à donner ses décorations (j’ai bénéficié de l’une d’elles), à organiser des garden-parties, et avait même récupéré ses châteaux, dont celui de Sinaïa.
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[...] Mihaï Oroveanu, collectionneur de photographies et photographe lui-même a, peut-être, le mieux résumé le mélange de solennité et d’absurdité des lieux [La Maison du Peuple à Bucarest] : « Nous ne sommes pas là pour légitimer cette maison et son passé, mais pour provoquer. Le musée représente une gifle pour cette maison communiste et notre présence dérange nos voisins parlementaires qui évitent de nous fréquenter. On dirait qu’ils sont imprégnés de l’esprit de cet édifice et qu’ils ont fini par le considérer comme une victoire posthume de Ceauşescu. »

(pp. 19-20)
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Le nombre de gens dépressifs est assez grand. Je vois beaucoup de visages fermés, preuve que les gens souffrent. Il y a un petit quelque chose qui ne marche pas. Tout est compliqué ici dès qu’on veut entreprendre et qu’on a besoin des autorités. Nous n’arrivons même pas à construire des autoroutes ! Alors, les jeunes ont l’impression de vivre le mythe de Sisyphe : ils n’associent pas leur futur avec la Roumanie. Les Roumains pensent que personne ne s’intéresse à leurs problèmes personnels, pas plus leurs gouvernants que les autres Roumains d’ailleurs. Nous avons une incapacité à nous rassembler pour bâtir en commun, comme si l’intérêt général n’existait pas, et c’est notre principal problème, même si je vois depuis quelques années des jeunes très éduqués adhérer à des ONG pour contribuer à des projets sociaux.

(Cristian Mungiu)
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