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EAN : 9782875231277
100 pages
Nevicata (13/09/2018)
3.5/5   3 notes
Résumé :
A la croisée des Empires romain, ottoman, austro-hongrois et russe, la Roumanie arbore un destin unique, broyée par les décennies de plomb de la dictature, et aujourd'hui animée d'une extraordinaire vitalité européenne. Il fallait, pour raconter cette si fertile terre balkanique, ouverte sur la mer Noire, un auteur capable de l'aborder sous tous les angles, sans préjugés, à la fois analyste politique, conteur historique et fin lettré. Henri Paul a réussi cette proue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre plutôt succinct au style agréable se lit très rapidement. Hélas, sa lecture a suscité en moi un sentiment de « déjà vu », de « déjà lu » ! En effet, son auteur fut ambassadeur en Roumanie il y a plus d'une dizaine d'années et cela s'en ressent. Dans le ton « diplomatiquement-anecdotique » et assez politiquement correct, malgré les tentatives d'objectivité lucide. Je trouve qu'il ne prend pas de position réelle et qu'aucun jugement de valeur n'est réellement proposé.
Or, j'attendais pour ma part, un regard neuf (les quelques chiffres cités datent souvent d'avant 2015 ou au mieux de 2017) et personnel sur ce pays qui fut mien jadis. J'attendais autre chose que la simple assertion : « Fuyez donc les stéréotypes et les clichés faciles à propos de la Roumanie. Allez jusqu'au bout des chemins. Ne faites pas trop confiance aux guides touristiques pressés de vous montrer une réalité enjolivée et de vous raconter l'histoire officielle. La Roumanie n'est pas une ligne droite. »
J'en attendais peut-être trop, d'où ma déception face à un livre qui finit par beaucoup ressembler aux autres que j'ai lus sur le sujet. Et ce ne sont pas les entretiens en fin d'ouvrage (cf. présentation éditeur) avec Lucian Boia, Vintilă Mihăilescu et Cristian Mungiu qui changent quelque chose, car là aussi c'est du déjà vu.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Nulle part peut-être, la sensation du tragique de l’histoire et des tragédies de nombreuses vies n’est plus palpable que dans les immenses cimetières juifs de Czernowitz (Cernauti quand cette grande ville de Bucovine était roumaine après avoir été autrichienne, hongroise, russe et avant d’être ukrainienne), ou de Iasi, capitale de l’actuelle Moldavie roumaine. Ces vastes espaces abandonnés, couverts de broussailles, d’où émergent des alignements de sépultures, donnent la mesure physique du drame qui s’est joué ici et dont ils demeurent les seuls témoins. Dans la « grande Roumanie » d’avant-guerre, on comptait 800 000 Juifs, auxquels s’ajoutaient de nombreux Juifs réfugiés de toute l’Europe de l’Est. Il en reste cent fois moins aujourd’hui. Des quartiers, des villages, des villes entières furent vidés de leurs habitants, à force de mauvais traitements, de pogroms, de déportations et même, sous le régime communiste, de rançonnage.
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L’influence de l’Église tient à la ruralité ?

J’aime bien parler d’orthopraxie plutôt que d’orthodoxie. L’orthodoxie roumaine est fondamentalement ancrée dans les pratiques des villages. Notre christianisme est essentiellement oral et folklorisé, car il est le fait de paysans illettrés à l’origine, et pendant longtemps. Jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, les prêtres étaient illettrés, et c’étaient les vieux du village qui leur enseignaient les usages, si bien que les pratiques pouvaient différer d’un village à l’autre. Toute notre histoire religieuse est imprégnée de pratiques d’inspiration préchrétienne et d’un peu de magie, au bord de la superstition. On se raccroche à la religion, parce qu’elle rassure.
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Il est temps de s’arrêter un instant sur le vin, car il ne s’exporte guère, malheureusement. Or, il s’en produit un peu partout, en Transylvanie, Moldavie, Valachie et Dobroudja, car la Roumanie est au neuvième rang mondial des producteurs de ce breuvage. J’ai toujours goûté en Roumanie d’excellents vins, plutôt rouges que blancs, et même une sorte de « champagne », mais je n’ai jamais réussi à retrouver la trace de celui que j’avais aimé ! Il y en a tellement de sortes que l’on s’y perd, entre les différentes régions, les producteurs et les cépages, entre les autochtones dont certains sont des curiosités remontant aux Romains ou peut-être aux Daces, ceux qui ont été importés par les envahisseurs germaniques, ou plus récemment d’Occident après la crise du phylloxéra. Certains sont particulièrement réputés, comme le cabernet sauvignon de Samburesti, en Valachie du Nord, le feteasca negra (« noir des pucelles ») de Dealu Mare, à une centaine de kilomètres au nord-est de Bucarest, le tamaioasa romanesca (genre de muscat) de Murfatlar, à côté de la mer Noire. Il y a un vin pour chaque plat, léger ou plus capiteux, mais ils ne vieillissent guère !
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Les racines de l’humour roumain sont plus anciennes encore. On trouve peut-être l’influence de l’humour juif. Mais dès la fin du dix-neuvième siècle, on avait déjà des revues littéraires pleines d’humour. Par exemple, on a créé à cette époque le personnage de Păcală, un Roumain qui ne paie pas de mine, mais qui est un peu malin et débrouillard, et manœuvre des gens plus forts que lui. Ça, c’est le Roumain !

(Cristian Mungiu)
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À 15 km de Bucarest, dans le département d’Ilfov, une autre visite a ému le lecteur de Proust que je suis : celle du domaine de Mogosoaia. Héritière d’une grande famille roumaine, les Lahovary, Marthe épousa un prince Bibesco et restaura avec soin ce domaine qu’il lui avait offert en 1912, jusqu’à ce qu’elle en soit chassée par les communistes. On peut encore y voir ses serres en ruine, les tombes de sa famille dans un parc à l’abandon. Il ne reste plus rien d’elle ici que le château et les dépendances, dans le goût Brancovan de l’époque, propriétés d’État depuis 1948, pour donner une idée du cadre de vie de cette intrépide amoureuse, mondaine, écrivain, diplomate à ses heures et globe-trotter. Dans un coin du parc, à peine cachées, j’ai trouvé en me promenant des statues de Lénine et de Marx, abattues et remisées là. Une revanche posthume sur les malheurs subis par Marthe, acculée à l’exil puis à la ruine.
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