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Critique de Glaneurdelivres


« le livre le plus antidépressif du monde. »
C'est comme cela que ce livre est qualifié dans la préface de Mariusz Szczygiel, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la République tchèque !
Et Erri de Luca de surenchérir en disant que c'est « Une lecture physiquement contagieuse qui produit des bulles de joie sous la peau. »
Vous comprendrez que je ne voulais pas manquer ça ! de plus, aimant beaucoup l'écriture d'Erri de Luca et de plusieurs auteurs tchèques, ça tombait bien !

Pourquoi ce titre « comment j'ai rencontré les poissons » ? Parce que le père de l'auteur adorait l'eau, la pêche, les poissons. « Il nourrissait ses carpes comme il l'aurait fait pour des poules »,
Les carpes sont ses « soeurettes aux yeux dorés ».
« L'apogée de son amour des poissons fut sa décision de nous acheter un étang à carpes. »

Ce sont les souvenirs d'enfance de l'auteur, Ota Pavel, qui nous sont contés dans ce livre.
D'emblée, on comprend qu'il a une grande admiration pour son père, qui, bien que peu cultivé, réussit dans la vie avec son bagout et ses qualités de bon communicant.
En effet, son père excelle dans la vente d'aspirateurs et de réfrigérateurs de la grande marque suédoise Electrolux ! Papa était « né pour vendre, comme il y a mille ans un guerrier était né pour tuer ». C'est un vrai champion de la vente !
Mais il est attiré par les jolies femmes, et cela lui jouera parfois de mauvais tours, en particulier quand il s'agit de la femme de son propre directeur !

Néanmoins, très débrouillard, il arrivera à plusieurs reprises à se sortir de galères, et à rebondir, car il ne manque ni de volonté, ni de courage ! Il vendra même des attrape-mouches, pensant qu'il deviendra riche comme Crésus ! Il faut dire qu'il met souvent la charrue avant les boeufs, et réagit comme un gamin !

C'est un braconnier, Prosek, qui va l'initier à la pêche ! Très doué, il a le don de savoir attraper toutes sortes de poissons. « Prosek, le rustre était du goût de papa, qui avait passé sa vie à dire que les gens raffinés ne valaient pas un pet. »
Ota Pavel sait décrire et se moquer des personnes riches et superficielles.
C'est ce même Prosek qui confectionnera de façon rudimentaire, de ses mains, la 1re canne à pêche du jeune Ota avec laquelle il attrapera son 1er poisson !
Et ce Prosek appelle le jeune Ota, du nom de « cucul » ! Autant vous dire que ces souvenirs d'enfance sont délicieusement contés de façon bien truculente parfois.
Et donc, le père et le fils auront en commun le virus de la pêche !

On nage dans le bonheur en s'immergeant avec le narrateur dans cette nature paisible où il fait bon vivre et respirer les bonnes odeurs du terroir, « cette vieille ferme où ça sentait bon le pain cuit au four et où on barattait le beurre à la maison ».
On y déguste des poissons confis au vinaigre et aux oignons, de la viande de chevreuil marinée, de la soupe de tripes… j'en passe et des meilleurs ! Bref, on s'en lèche les babines !
Ce que la cuisine tchèque donne envie !

Certaines parties sont plus graves, et ramènent à la triste réalité historique.
L'auteur se souvient de la 2e guerre mondiale… Un garde-champêtre annonce le Protectorat de Bohème et Moravie. le danger et la surveillance nazies s'installent… peurs, perquisitions, délations du voisinage… Etant juif, le père d'Ota n'a plus le droit de quitter sa résidence sans autorisation !
Il se trouve alors privé de la pêche, de cette passion addictive qui le démange !
Il est humilié, mais ne baisse pas les bras. Il est courageux et rusé… Il faut bien quand même qu'il nourrisse sa famille ! Il trouvera de l'aide de la part de personnes inattendues…

Ce livre est comme les tiroirs d'une commode que l'on ouvre tour à tour, et où l'on découvre petit à petit les différents souvenirs d'enfance de l'auteur … Chaque partie est écrite comme une fable avec une morale et une conclusion parfois inattendue…
Selon les différents récits, le ton est nostalgique et poétique, mais aussi amusant et enjoué.

Vous en sortirez enrichi de pleins de connaissances.
Vous apprendrez qui sont les « Patzoufracks », et ce que signifie « Pumprdentlich », et la liste est loin d'être exhaustive !

Tout cela est écrit avec les mots et la naïveté de l'enfant qui porte un regard ébloui et admiratif sur les adultes qui l'entourent.
C'est un bel hommage rendu aux êtres aimés, et aux liens familiaux.

Bon, excusez-moi, j'arrête là, je m'en vais marcher sur les pas d'Ota Pavel en Tchéquie aux alentours de Krivoklat !
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