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Critique de Lutopie


« Ici sur la hauteur, la colline n'est plus cultivée.
Il y a les fougères, les roches dénudées et la stérilité.
Le travail ne sert à rien ici... »

Si la colline n'est plus cultivée, peut-on dire qu'elle retourne par défaut à l'état naturel si le paysage s'avère désert, aride ? Si le travail ne sert à rien dans ces collines, pourquoi y travailler si ce n'est pour se fatiguer, pour s'éreinter jusqu'à la mort ? le poète, pendant que d'autres s'affairent aux champs desséchés, se trouve quant à lui, une place au soleil, à l'ombre. Ou plutôt que de s'atteler aux mêmes tâches que ses ancêtres, part à la conquête d'autres terres où il pourra travailler sans se fatiguer ou ne pourra pas travailler du tout …

ANCETRES

« J'ai trouvé une terre en trouvant des compagnons,
une terre mauvaise où c'est un privilège
de ne pas travailler en pensant à l'avenir.
Car rien que le travail ne suffit ni à moi ni aux miens ;
nous savons nous tuer à la tâche, mais le rêve de mes pères,
le plus beau, fut toujours de vivre sans rien faire.
Nous sommes nés pour errer au hasard des collines,
sans femmes, et garder nos mains derrière le dos. »

En même temps, le poète n'est pas tout à fait l'ermite ou le vieillard esseulé qui reviennent comme personnages dans ses poésies-récits, personnages oisifs qui n'ont qu'à se laisser vivre sans se fatiguer à travailler , car le poète, lui, est condamné au travail, au métier de poète …
Et le poète cherche à rendre une terre stérile plus fertile, mais elle reste aride … le poète rend-il la stérilité du sol qu'il décrit plus fertile en la décrivant  ? Ou s'épuise-t-il en vain ? Lui qui ne fait qu'écrire dans son oisiveté créatrice est-il plus efficace que ceux qui se fatiguent physiquement à travailler la terre ? Ne se fatigue-t-il pas moralement et physiquement à écrire dans des pages qui restent blanches malgré les mots qui s'inscrivent vainement par-dessus ?

Plus tard, la mort viendra et elle aura tes yeux … Les yeux sont-ils le prix à payer pour celui qui passe son temps à écrire et à lire, et qui utilise ses yeux comme un outil qui s'épuise, à force de labeur ? Faut-il devenir aveugle, à la fin, lorsque la mort vient ? Peut-être que la mort s'approprie nos yeux parce qu'elle n'en a pas elle, d'yeux, mais qu'elle en acquière malgré ou grâce à nous ? Et à la fin, ces yeux qui ont été les nôtres mais qui ne le sont plus nous effraient.



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