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Critique de Pecosa


Une bonne surprise que ce polar sur la chute de Madrid écrit par une Américaine avec en épigraphe quelques vers de Lorca "Ô la ville des gitans! Aux coins des rues, des bannières, Voici la Garde Civile. Eteins tes vertes lumières." (in Romance de la Garde Civile).
En 1939, un phalangiste est tué sous les yeux d'Alejandra, une enfant qui, affolée, s'enfuit en faisant tomber près du cadavre son cahier d'écolière. Sa tante Viviana retourne sur les lieux pour le récupérer -le papier est une denrée rare et précieuse- et est aussitôt abattue par le sergent Tejada qui l'apercevant près du cadavre, la croit responsable du meurtre.
Débutent alors deux enquêtes, celle officielle de la Guardia Civil et celle officieuse de Gonzalo, le compagnon de Viviana, militant communiste traqué par les autorités. Tejada, persuadé que le cahier trouvé près du cadavre a un lien avec l'affaire, base toute son enquête sur de fausses pistes. Gonzalo quant à lui tente de comprendre ce que faisait la victime dans le quartier et qui était le tireur en uniforme aperçu par la fillette avant sa fuite.
Les deux protagonistes se lancent à corps perdu dans une quête de la vérité, avec une obstination bien déroutante au vu de la situation. La capitale en ruine vient de tomber aux mains des nationaux qui chassent les républicains encore présents dans la ville, préparent le transfert des prisonniers dans des camps disséminés sur tout le territoire et tentent d'organiser le ravitaillement.
Les convictions chevillées au corps des deux antagonistes vont parfois vaciller, au gré de leurs rencontres et de leurs découvertes.

"-Vous avez vraiment lu Lorca? s'exclama-t-il.
- Vous voulez dire que vous même l'avez lu? rétorqua Tejada.
- Evidemment. Il y avait toute son oeuvre dans la bibliothèque du syndicat, proclama-t-il fièrement.
- Mes cousins habitaient la même rue que ses parents. Je l'ai croisé quelques fois quand j'étais gosse.
- Et vous l'avez lu!
Gonzalo n'en revenait toujours pas.
- Bien sûr! En tout cas toute son oeuvre de jeunesse. Les poèmes du Cante Jondo sont très beaux. Dommage qu'il soit tombé dans toutes ces conneries surréalistes."

En plus de l'intrigue solide qui ne ménage ni les chausse-trapes, ni les rebondissements, on retiendra de Madrid à mort la description d'une ville exsangue, tenaillée par la faim, la peur et laminée par trois années de conflit. Un beau chant du cygne qui rappelle quelques pages de L'arme à gauche de Torres. L'auteur, Rebecca Pawel, a semé suffisamment de petites graines pour une suite, le disparu de Salamanque, que l'on a hâte de découvrir.



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