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EAN : 9782867463877
254 pages
Liana Lévi (01/04/2005)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Madrid, 1939. La ville et ses habitants portent encore les stigmates de la guerre civile. La Guardia Civil patrouille, le couvre-feu est de rigueur. La petite Alejandra presse le pas pour rentrer chez elle après l'école. Il fait bientôt nuit, et elle déteste ces hommes en uniforme noir, le bruit mat de leurs bottes sur les pavés. Soudain, au détour d'une rue, elle trébuche presque sur le cadavre d'un garde. Alors qu'elle détale, son cahier lui échappe. Il deviendra ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une bonne surprise que ce polar sur la chute de Madrid écrit par une Américaine avec en épigraphe quelques vers de Lorca "Ô la ville des gitans! Aux coins des rues, des bannières, Voici la Garde Civile. Eteins tes vertes lumières." (in Romance de la Garde Civile).
En 1939, un phalangiste est tué sous les yeux d'Alejandra, une enfant qui, affolée, s'enfuit en faisant tomber près du cadavre son cahier d'écolière. Sa tante Viviana retourne sur les lieux pour le récupérer -le papier est une denrée rare et précieuse- et est aussitôt abattue par le sergent Tejada qui l'apercevant près du cadavre, la croit responsable du meurtre.
Débutent alors deux enquêtes, celle officielle de la Guardia Civil et celle officieuse de Gonzalo, le compagnon de Viviana, militant communiste traqué par les autorités. Tejada, persuadé que le cahier trouvé près du cadavre a un lien avec l'affaire, base toute son enquête sur de fausses pistes. Gonzalo quant à lui tente de comprendre ce que faisait la victime dans le quartier et qui était le tireur en uniforme aperçu par la fillette avant sa fuite.
Les deux protagonistes se lancent à corps perdu dans une quête de la vérité, avec une obstination bien déroutante au vu de la situation. La capitale en ruine vient de tomber aux mains des nationaux qui chassent les républicains encore présents dans la ville, préparent le transfert des prisonniers dans des camps disséminés sur tout le territoire et tentent d'organiser le ravitaillement.
Les convictions chevillées au corps des deux antagonistes vont parfois vaciller, au gré de leurs rencontres et de leurs découvertes.

"-Vous avez vraiment lu Lorca? s'exclama-t-il.
- Vous voulez dire que vous même l'avez lu? rétorqua Tejada.
- Evidemment. Il y avait toute son oeuvre dans la bibliothèque du syndicat, proclama-t-il fièrement.
- Mes cousins habitaient la même rue que ses parents. Je l'ai croisé quelques fois quand j'étais gosse.
- Et vous l'avez lu!
Gonzalo n'en revenait toujours pas.
- Bien sûr! En tout cas toute son oeuvre de jeunesse. Les poèmes du Cante Jondo sont très beaux. Dommage qu'il soit tombé dans toutes ces conneries surréalistes."

En plus de l'intrigue solide qui ne ménage ni les chausse-trapes, ni les rebondissements, on retiendra de Madrid à mort la description d'une ville exsangue, tenaillée par la faim, la peur et laminée par trois années de conflit. Un beau chant du cygne qui rappelle quelques pages de L'arme à gauche de Torres. L'auteur, Rebecca Pawel, a semé suffisamment de petites graines pour une suite, le disparu de Salamanque, que l'on a hâte de découvrir.



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Avril 39 Madrid, la guerre civile est terminée mais pas les règlements de compte. Ce petit roman (collection Piccolo qui comme son nom l'indique…) mi-polar, mi-historique se lit facilement et a le grand mérite de décrire assez soigneusement l'atmosphère de l'époque. La faim étend son emprise sur la ville et l'immense majorité des habitants ne réussit qu'à survivre, l'hiver a été terrible et le printemps tarde à venir. Tous ceux qui ont ou ont eu des sympathies républicaines ou des amis ou des membres de leur famille ayant combattu pour la révolution sont à la merci d'une dénonciation, d'une arrestation, d'un jugement hâtif et d'une exécution sommaire.
Depuis que le monde est monde, quand la faim règne, le marché noir prospère et tous les meurtres n'ont pas nécessairement une raison politique. Une très jeune écolière témoin de l'assassinat d'un membre de la Garde Civile, sa mère, sa tante et son institutrice, toutes vont payer chèrement ce concours de circonstances car la victime avait un ami qui entend bien le venger. Encore un coup des Rouges, pense-t-il et la vengeance est immédiate et définitive. Rapide, trop rapide, peut-être ? Et si c'était une affaire liée au marché noir ? Difficile à croire pour le sergent Tejada qui mène l'enquête, son ami était un idéaliste, mais les faits semblent bien têtus. On le sait tous, la vengeance entraîne la vengeance, et deux hommes que tout oppose vont bientôt se retrouver face à face, chacun avec sa soif de vengeance à assouvir. Une vie épargnée peut-elle excuser une vie volée par erreur ? Encore un bon roman pour confirmer que la guerre salit tout et que personne, quel que soit son camp, n'en ressort innocent.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
_ Je suppose que je suis l'illustration parfaite du proverbe.
_ Lequel ?
_ Oh, vous savez bien. Une fille qui sait le latin...
Tejada n'avait pas oublié le dicton, peut-être parce que c'était un des préférés de sa mère. Une fille qui sait le latin ne portera jamais de satin. Il imagina Elena Fernandez revêtue de la robe de mariée de sa belle-soeur. Le tableau était étonnement séduisant.
_ Vous ne voulez pas dire que vous savez le latin ?
_ Je crains que si. Mon père est un... (elle lui sourit)... fervent admirateur de la littérature classique. Il me l'a appris.
_ Il est enseignant, lui-aussi ?
_ Il l'était. Maintenant, je ne sais pas. Je n'ai pas vu mes parents depuis le début de la guerre.
_ J'en suis désolé.
Elena se garda de commenter, se répétant mentalement la dernière lettre de sa mère.
Ton père a été arrêté parce qu'on le croit marxiste. Il leur a dit la vérité (qu'il est ami et collègue de Don Miguel depuis des années, et qu'il s'est senti obligé de protester contre ce qui lui était arrivé, mais qu'il n'est absolument pas un révolutionnaire. Je suis sûre que les choses vont s'arranger très vite, je t'écrirai dès que j'aurai des nouvelles.
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_ Tu n'aurais pas du pain, par hasard, Gonzalo ? Au nom du bon vieux temps.
Le ton cajoleur du vieil homme fit rougir Gonzalo de honte.
_ Non (les yeux fixant le trottoir, il se faisait l'effet d'un sale hypocrite, alors même qu'il ne disait que la vérité.) Non je suis désolé.
_ Tant pis, Dieu te bénisse.
_ Merci. Et vous aussi.
Gonzalo continua son chemin. Il se demanda si le vieux Tacho croyait en Dieu. Peut-être voyait-il le paradis comme une place pleine de monde un soir d'été, avec les odeurs de churros et de chocolat chaud flottant entre les immeubles comme les serpentins et les lanternes colorées. Et peut-être avait-il raison : la notion de paradis possédait ce flou caractéristique des fables de catéchisme.
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"C'est l'attente qui rend les hommes fous", se répétaient entre eux les jeunes miliciens. L'attente est la pire phase du combat. Ils s'étaient répété cela au plus fort de l'automne 36, fiers de leur maturité, jusqu'à ce qu'un vieux soldat qui avait combattu au Maroc leur rie au nez. "Foutaise, les mômes, la pire phase du combat, c'est le combat. Profitez de l'attente tant que vous le pouvez !"
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