L'intérêt de cet ouvrage très complet sur l'art du peintre
Rufino Tamayo, grande figure de l'avant-garde mexicaine, est de mêler deux approches critiques.
D'abord celle de
Jacques Lassaigne, critique d'Art français et fin connaisseur de la peinture latino-américaine qui analyse l'oeuvre de
Rufino Tamayo comme une transfiguration et propose des interprétations pertinentes et érudites de ses réalisations.
L'autre approche est celle d'
Octavio Paz, plus sensible, qui a auparavant rédigé plusieurs essais critiques sur l'art mexicain et développe dans ce livre des perspectives qu'il a souvent travaillées en tant qu'essayiste à propos de
Rufino Tamayo : ce qu'il apprécie chez cet artiste, outre la force émotionnelle de ses toiles, c'est sa liberté de création qui n'est pas cadenassée par l'idéologie comme pour les peintres mexicains muralistes tel
Diego Rivera. Il admire l'art passionné de Tamayo, sa grande vitalité et sa capacité à puiser dans l'art préhispanique et la tradition folklorique populaire mexicaine pour les mêler à son style moderne à la fois cubiste et surréaliste, dans une synthèse picturale d'une belle et dense vivacité.
Si
Octavio Paz considère que le langage poétique est une traduction sensible du monde donc une transmutation, il en est de même selon lui pour la peinture de
Rufino Tamayo, vaste métaphore humaine et spirituelle, précolombienne et contemporaine, structurée par des couleurs aux vibrations quasi musicales, créant un lien fort entre mexicanité et modernité dans une sorte de "réalisme poétique" qui diverge du réalisme social de l'art des années 30. Entre figuration et abstraction, l'art de
Rufino Tamayo interroge une définition de l'identité comme une question universellement partagée.
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