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Critique de Renod


Renod
21 décembre 2017
Peter Hunter, directeur adjoint de la police de Manchester, est chargé de mener une enquête secrète sur les meurtres de "l'éventreur du Yorkshire" pour le compte du Ministère de l'intérieur. C'est une mission délicate puisqu'il doit reprendre les dossiers de ses collègues du West Yorkshire qui supportent mal cette ingérence. Mais la liste des victimes ne cesse de s'allonger et les autorités doivent répondre à la pression des médias et de l'opinion publique. Enquêter sur ces crimes, c'est mettre au jour les pratiques irrégulières des policiers du West Yorkshire... Prends garde à toi Peter...

"1980" est le troisième volet du "Quator du Yorkshire" et une nouvelle fois, David Peace choisit un narrateur différent, ce qui lui permet de changer d'angle tout en traitant de la même affaire. La trame du récit, plus classique, est menée par un policier expérimenté et apprécié de sa hiérarchie. Il parait plus sain que les protagonistes précédents du Quator, n'étant miné que par les problèmes de fertilité de son épouse. Mais la bonne santé mentale est quelque chose de très précaire dans le nord de l'Angleterre...

Les paysages urbains baignent dans un jour terne : la lumière est grise, les arbres nus, la pluie continue, le froid du mois de décembre saisit les corps, les rues sont désertes... On pourrait croire à un décor post-apocalyptique mais il s'agit d'une ville en déclin minée par la pauvreté :"Décrépitude locale, décrépitude industrielle…" .

L'atmosphère pesante devient progressivement anxiogène. Le récit est sous tension, les phrases courtes s’enchaînent donnant au texte un rythme syncopé et obsessif , impression renforcée par les répétitions. Le lecteur est emporté par l'action et l'avancée de l'enquête. Et il part à la dérive dans les flux de conscience du narrateur. Les alternances entre la réalité et le rêve, le présent et le souvenir sont permanentes. Et puis il y a ces passages qui ouvrent les chapitres, sans ponctuation ; si on peine à deviner qui prend la parole, la douloureuse litanie qui parait sans fin nous saisi aux tripes.

C'est un roman d'une grande noirceur, tout y contribue : l'atmosphère, le cadre, les personnages, le style et l'intrigue. Peace a su composer avec tous ces matériaux un polar "radical".
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