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Critique de Alfaric


Ce tome 2, intitulé "Le Château des Djinns", est raconté à travers les yeux du célèbre croisé Renaud de Châtillon. Ce cadet sans le sou avait tenté le tout pour le tout en rejoignant l’aventure des croisades. Magnifique guerrier, il obtint fortune et gloire en épouse la riche l’héritière de la riche principauté d’Antioche avant de se mettre tout le monde à dos lors de la sanglante razzia de Chypre… Et c’est tout naturellement que tout le monde lui tourna le dos quand il fut fait prisonnier par le glaive de l’islam Nur ad-Din en 1160…
C’est en 1176, 16 années plus tard, que Renaud de Châtillon est libéré mais c’est un homme brisé qui a tout perdu : sa femme Constance est morte en 1163, sa fille Agnès a été mariée au roi de Hongrie en 1170, et sa principauté d’Antioche a été confiée à son incapable de beau-fils Bohémond… Mais lui qui a été tant haï, qui donc a payé son exorbitante rançon de 120 000 dinars d'or à l’atabeg Nur ad-Din ? C’est ici que commence ce nouveau tome de l’Histoire Secrète…
Car 2000 ans ont passé et les archontes sont toujours en conflit les uns avec les autre… Si Reka a choisi la voie de la guerre en devenant Ishtar et Aker celle de la sagesse en devenant Athéna, Dyo lui est toujours à la recherche la Coupe volé par Moïse… Et chaque parti est persuadé que Renaud de Châtillon, ancien prince d’Antioche, aurait le moyen de retrouve l’ivoire dérobé à Dyo et retrouvé à Antioche lors de la Première Croisade… Pion entre les mains des archontes, il a fort à faire pour récupérer le Graal à Pétra, le Château des Djiins ! It’s survival time !!!

La série est bien plus douée pour jouer avec l’Histoire qu’avec les mythes (et oui désolé, le récit de Moïse et la fuite des Hébreux d’Egypte c’est une légende ! ^^). On s’insinue dans les interstices de l’Histoire, on en explore les recoins obscurs pour la mettre en lumière tout en racontant une aventure rondement menée teinté d’ésotérisme…
Amis lecteurs et amies lectrices, vous devriez reconnaître sans peine les clins d’œil à "Indiana Jones et la dernière croisade" (voir pour les amateurs de BD franco-belge, aux banquiers italiens de la saga "Vasco" de Gilles Chaillet). Mais la chouette idée de ce tome 2 est d’avoir transformé Renaud de Chatillon à la triste réputation en personnage à la R.E Howard, le papa de Conan le barbare (ouais, il y a quelques moments qui sentent bon la Sword & Sorcery, notamment la scène introductive où le chevalier et son écuyer tentent d’échapper aux goules de Dyo ! ^^). Impossible pour moi de m’enlever de la tête les excellents récits de croisades de l’auteur texan de l’entre-deux-guerres avec cet antihéros désabusé qui retrouve avec ses nouveaux compagnons des raisons d’aller de l’avant
- Vasil, une crapule arménienne, fils de Thoros son ancien compagnon d’armes, le voit comme le héros de geste dont son paternel lui a maintes fois conté les exploits
- le dénommé Chrétien de Troyes, un aventurier romantique qui croit dur comme fer aux légendes chrétiennes, le voit comme un paladin en quête du graal qui pourrait guérir Baudoin IV le roi lépreux donc la Terre Sainte du Royaume de Jérusalem… (mdr)
- Aker, la mystérieuse archère aux cheveux blancs qui l’intrigue et le fascine à la fois (une Kriss de Valnor d’alignement Loyal Bon ^^), le voit comme l’homme juste et droit qu’il aurait pu être, qu’il aurait dû être
Notre antihéros désabusé est donc obligé de se mettre au diapason et d’entrer en mode epicness to the max lors de la grosse baston finale entre les Templiers de Reka, les Berserkers de Dyo et les guerriers du désert d’Erlin…
Au final, Aker refuse la proposition du nouveau Seigneur d’Outre-Jourdain et s’en va vers l’Occident dissimuler l’ivoire retrouvé : rendez-vous pour le tome 3… Sinon, l’Histoire reprend ses droits pour Renaud de Châtillon qui a combattu pour la défense des Etats latins d’Orient jusqu’à son exécution des mains de Saladin à la bataille de Hattin… Il avait alors 67 ans !

Bon je crois que vous avez compris que j’ai bien aimé ce tome 2, à mes yeux bien trop court pour aller au bout de ses ambitions (d'où éventuellement une impression de confusion) : c’est à regret que je quitte les personnages de ce qui ferrait une excellente Série B cinématographique… (si un producteur avec un peu d’imagination confiait un tel projet à un Christophe Gans, on aurait un droit à un super film d’aventure, mais on connaît les lacunes crasses du monde du cinéma franco-français)


Parlons du principal dessinateur de la série, le croate Igor Kordey qui a gagné ses galons outre-Atlantique dans le monde des comics… Son travail peut être clivant, car autant son découpage et ses mises en scènes sont très efficaces, autant il a du mal à se départir de mauvais gimmicks comics d’où un charadesign clonesque pas toujours soigné, et des arrière-plans limités pas vraiment soignés. J’imagine aussi qu’il a dû trouver chaussure à son pied niveau encrage et colorisation. Au final il officie comme un bon artisan de la BD en s’inspirant de Goya, Fellini et Sergio Leone, avec un grimm et gritty parfois à la limite du trash quand déboule le sexe et la violence… Mais dans tous les cas, il ne méritait pas la volée de bois vert qu’il a reçu : j’imagine que lui qui rend une BD tous les 2 mois a dû insupporter des dessinateurs qui ne parviennent pas à finir correctement une BD en 2 ans !
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