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Critique de Pecosa


Pourquoi n'ai-je pas lu ce remarquable roman graphique plus tôt? Il rejoint Les Phalanges de l'Ordre Noir de Bilal et Christin dans mon panthéon personnel.
Les dessins de l'Espagnol Jandro González (La Vampire de Barcelone) sont magnifiques, mais que dire du scénario???!!!
Idée géniale de faire de Jorge Semprún (❤️) le personnage principal de L'Ombre rouge, de le replonger dans son passé de clandestin quand il était Federico Sánchez.
En 1983, un ancien agent du G.R.U. lui demande d'enquêter sur la mort mystérieuse de la photographe et militante révolutionnaire Tina Modotti, survenue en 1942 à Mexico. Et Semprún de partir sur les traces de l'Italienne, qui fut actrice aux Etats-Unis, photographe et militante dans le Mexique des années 20 et 30, activiste lors de la guerre d'Espagne et agent du Komintern.
C'est le Mexique en pleine effervescence politique et artistique de Riviera, Kahlo, Siqueiros, Edward Weston, qui revit, et évidemment l'assassinat de Trotsky par Ramón Mercader en 40 qui revient sur le tapis auquel Modotti serait peut-être mêlée?

Car parmi les hommes de sa vie, Weston, le photographe américain, Mella, l'un des fondateurs du Parti communiste cubain assassiné sous ses yeux en 29, il y a surtout l'italien Vittorio Vidali agent secret et espion (qui sera le comandante Carlos du Quinto Regimiento pendant la guerre d'Espagne). Vidali est un peu comme l'Etoile Noire, quand il entre en orbite, on sait qu'il y aura des morts.
On l'aura compris L'Ombre rouge (clin d'oeil au film de Jean-Louis Comolli?) est une excellente bande dessinée d'espionnage qui revient sur la stalinisation des partis communistes, la chasse aux Trotskystes, la guerre d'Espagne, la Résistance.

Bref, un scénario brillant, que l'on doit à Jean-Pierre Pécaud, qui restitue toute la complexité des liens entre les courants des différents Parti Communiste, de ses antennes dans nombre de pays, évite tout manichéisme, inscrit le militantisme des personnages dans la prise de conscience des injustices sociales (peones mexicains, wobblies littéralement massacrés aux Etats-Unis..): « «  Bien sûr, j'y ai cru moi même. Nous étions en guerre, une guerre sans merci. Il fallait de la discipline, une discipline de fer. C'est ça qui m'a sauvé la vie au camp. Si je n'avais pas été un militant communiste si le parti ne m'avait pas pris en charge, je serais mort à Buchenwald. » dit Semprún. Pécaud démonte donc les rouages des organisations clandestines où l'Ombre de Moscou plane comme un oiseau de proie mortifère. Mais qui mieux que le romancier espagnol pour ouvrir les placards où sont planqués les cadavres? Comme il l'a écrit dans Autobiographie de Federico Sánchez : «Car ça ne va pas être facile de le réduire au silence, Federico Sánchez. »



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