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Critique de Seraphita


Félix, la cinquantaine usée, vient de perdre son oncle. Sans boussole dans la vie, il accepte un plan bancal que lui soumet Simon, truand malchanceux qui croit pourtant toujours au « grand coup ». Et pour les aider dans ce braquage d'un fourgon blindé, ils vont s'associer à un artisan crevé de dettes, Zamponi, et un jeune de banlieue qui carbure au rap et à la force brute. La fine équipe a un plan solide : se fondre dans le décor jusqu'à s'y dissoudre avant le jour J. Mais, pourtant loin des plages ou des déserts, les grains de sable vont, peu à peu, s'amonceler dans une mécanique qui paraissait bien huilée…

« Soleil noir » est un roman de Patrick Pécherot, aussi noir que le soleil du titre qui, à force de briller par son absence, finit par oblitérer l'espoir.
C'est un grand roman noir, avec ses anti-héros cabossés, aux colères rentrées à force de prison, ou toutes voiles dehors, jeunesse (ou inconscience) aidant, aux espoirs limés par l'usure du quotidien, fait d'attente ou de taxes, aux vies erratiques qui vont se conjuguer en désespoir majeur.

Tandis que nos quatre associés tentent de se fondre dans le décor, bien des événements – inattendus et pour le moins désopilants – surviennent. Et le lecteur de se demander alors si la solide ficelle que constituait jusqu'ici l'intrigue ne risquerait pas de se dissoudre à l'aune de ces multiples péripéties. Nullement, car l'auteur sait y faire et, le moment venu, il n'aura plus qu'à tirer sur la corde pour nous prendre dans ses rets et nous livrer un final brutal, éblouissant, un soleil noir qui imprime sur la rétine la marque d'un roman puissant.

Car dans ce noir, les protagonistes essaient d'en sortir quelque chose, à l'instar de Félix qui cherche à comprendre l'histoire de son oncle, à la faveur d'une photo retrouvée. L'écriture est soignée, burinée à l'enclume d'un patient labeur, comme le montrent quelques descriptions, quand l'auteur explore la mémoire sociale du pays : « Gueules édentées, cuites aux quatre vents, les grosses rides creusées dans le profond du cuir et le front soucieux des jours sans pain. »
Et puis, l'humour n'est jamais loin, qui offre quelques respirations, et même s'il est noir, il ménage des moments de répit dans une intrigue sombre. Un grand roman noir, puissant, déjanté, bouleversant.
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