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Critique de cafelecture974


Voici un ouvrage qui s'inscrit dans le courant symboliste. Il est signé par un personnage tout à fait excentrique, Joséphin Peladan, qui se présente comme Sar Peladan, “sar” étant “le roi” en assyrien et va dans le monde, vêtu de manière extravagante, le visage obscurci par une barbe taillée à la mode assyrienne.
Son roman,“Les amants de Pise” illustre au plus près les préceptes symbolistes : le parti pris de l'idéalisme (donc le rejet absolu des écrivains qui s'illustrent dans le naturalisme, au premier chef, Zola), la nostalgie d'un passé glorieux, les beautés de l'antiquité, la célébration de la religion, le penchant prononcé pour l'ésotérisme, l'occultisme, le spiritisme et autres “ismes”auxquels s'adonne assidûment l'auteur
Ce roman fait la part belle à toutes ces sources d'inspiration en situant l'intrigue à Pise entre une jeune femme récemment veuve et un jeune noble appauvri. le début met en scène Simone Davenant, une très jolie femme qui veut échapper à la tristesse de son veuvage et à sa solitude, en faisant un voyage en Italie, destination Florence.
Son périple commence à Monte Carlo où vit une connaissance qui décrit la ville comme une immense salle de jeux et lui présentera un gandin dont elle rejettera les galanteries.
Puis, Gênes qui se révèle être, à ses yeux, une ville vulgaire peuplée de gens vulgaires qu'elle fuit pour visiter Pise. Elle y est alors submergée d'émotion face à l'esthétique de l'architecture et des oeuvres d'art de cette ville.
Par un concours de circonstances, elle rencontrera donc Ugolino de la Gherardesca, un jeune comte dont le palais tombe en ruine et qui se morfond avec le sentiment d'être une fin de race. Une relation se noue.
Le récit est constamment émaillé de considérations sur la société des hommes, la décadence des moeurs ou encore sur l'art, sur l'amour ou les femmes. le dialogue, notamment sur les differences entre hommes et femmes, y tient une place importante. Les hommes n'intéressent pas Simone qui, cependant accepte leur badinage, lequel lui permet de prendre conscience de sa force morale .
Le style usant du langage le plus châtié tout comme les sujets de conversation rendent un son un peu désuet qui place bien les “amants de Pise” dans la cohorte des écrivains mineurs “fin de siècle”.
Mais Peladan a le talent de nous tenir en haleine jusqu'au dénouement . Aussi peut-on lire son roman de quelque trois cents pages aisément .
Que Péladan ait sombré dans l'oubli après avoir été fameux peut s'expliquer par l'abondance des stéréotypes qui dépeignent des temps révolus et des sources d' inspiration qui, indépendamment des deux amants, fait de ses personnages des types humains voués à incarner des idées aujourd'hui aujourd'hui battues en brèche.
Ainsi de Sichem, une émule de Shylock, qui enrage de ne pouvoir mettre la main sur le palais et tous ses objets d'art ou Signora Serafina, la paysanne laide et plébéienne mais enrichie, qui compte échapper à sa classe sociale par un mariage avec le comte Ugolino.
On assiste à regret à la mise en scène de la figure réactionnaire convenue du juif avide. On déplore aussi la misogynie la plus inepte au détour d'une page.
Mais lire Péladan nous informe bien des mentalités fin de siècle.
Et puis l'on est un peu consolé d'apprendre que “Sar” Peladan fut la risée de nombreuse revues libertaires où le portrait-charge et la caricature abondent, de sorte que le titre qu'il s'est donné finit en “Sar-dîne” et son nom en “pedalant” !
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