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Critique de thedoc


"Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître ..."

Catherine, la trentaine, revient avec sa soeur Angélique dans la maison de leurs grands-parents décédés qu'elles doivent vider. Enfants puis adolescentes, les jeunes femmes y ont passé tous leurs étés. C'est donc une maison pleine de souvenirs qu'elles retrouvent, des bons mais aussi de très douloureux pour Catherine. Depuis 15 ans, la jeune femme garde pour elle des événements et des pensées qui l'étouffent. Il est temps pour elle de parler et de libérer son coeur.

Août 1986. A Sainte-Marie, en Haute-Saône, la chaleur est accablante. Catherine, 16 ans, est venue comme chaque année passer l'été chez ses grands-parents avec sa soeur aînée Angélique. Les journées sont immuables : ramassage des haricots le matin à la fraîche, sieste en début d'après-midi, puis direction la piscine sous sa coupole façon soucoupe volante. Les deux soeurs ne sont pas inconnues au village mais gardent toujours une certaine réserve avec les jeunes locaux. Mais cette année, le grand Antoine et son copain Jeannot, accompagnés de Kiki, semblent les accueillir plus volontiers dans leur bande. Surtout lorsque les jeunes de la colo débarquent. Face à ceux de la ville, il faut faire front. Très vite, Angélique flashe sur un jeune de la colo, au grand désespoir de Catherine qui cherche toujours le regard et l'attention de sa soeur. Les deux adolescentes semblent inexorablement s'éloigner, prenant chacune des chemins différents.

Le récit d'Anne Percin , en nous transportant dans une époque empreinte de nostalgie, celle des années 1980, revêt un parfum acidulé et coloré tout en nous plongeant dans une langueur sensuelle où les premiers émois du corps se font jour.

J'ai aimé replonger dans ces années que les jeunes d'aujourd'hui nous envient souvent : c'est le temps des boissons Tang, des pantalons bouffants et des combinaisons flashy Naf Naf. Madonna reste indétrônable au hit parade et Etienne Daho chante "Tombé pour la France". Les filles épluchent OK Magazine et Podium, à la recherche de toujours plus de tests amoureux. Les serviettes colorées s'étalent sur les pelouses de la piscine municipale où les adolescents s'essaient au jeu de la séduction. La bande-son qui accompagne la plupart des romans d'Anne Percin nous transporte définitivement dans cette époque révolue. Coup de coeur pour cette ambiance nostalgie qui parle à beaucoup d'entre nous.

Et puis il y a l'histoire de Catherine. Une histoire d'adieu à l'enfance et d'entrée cruelle dans le monde adulte. Un mélange de pureté, de passion, de cruauté, de tout cet ensemble d'émotions qui peuple nos premières fois. La tristesse de voir s'éloigner sa soeur, de ne plus être dans la même compréhension des choses et des gens. Les premiers désirs qui submergent tout, l'exploration des corps, de son corps. La découverte de la cruauté banale de gens banals à qui nous appartenons. La perte de l'innocence, des blessures qui s'ouvrent et se referment mais dont les cicatrices restent là, pour toujours.

C'est une histoire triste, sur un premier été que chacun a dû connaître dans différents aspects. On en ressort ému, chamboulé et ... définitivement triste.
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