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Critique de HababouZoe


La première impression quand on commence Vampire(s), c'est celle du carnage. Direct, on sent qu'on pénètre dans une histoire où l'hémoglobine va couler à flot et les personnages en prendre pour leur grade. Cela dit, connaissant Paul (étant donné que ce livre s'inscrit dans une trilogie, dont Chimère(s) est un des éléments), c'est inutile d'espérer autre chose, et à vrai dire, c'est bien pour ça qu'on y revient. Ça, c'est cette colère qui anime ce personnage, dont cet opus est définitivement l'expression la plus pure. Soyons clair, ce type, c'est de la nitroglycérine, et passer un moment en sa compagnie revient à louvoyer dans les méandres d'un univers de plus en plus tordu en serrant les dents dans l'attente de l'explosion finale. La lecture s'en ressent, d'ailleurs. Un sentiment d'oppression et d'urgence, comme d'assister à un accident de voiture au ralenti. Chocs, explosions, confusions, hurlements. Fascination, aussi, notamment dans ces phases où le rêve, les visions et le fantastique s'entremêlent en une danse saisissante, brillamment menée par l'auteur dont la plume a, me semble t-il, encore évolué depuis son dernier opus. Quand bien même la violence et la rage sont les ingrédients majeurs de cette étrange potion, une sorte de lyrisme, voire de poésie de la noirceur s'infiltre sournoisement dans cette bombe en train d'égrener son décompte.
D'autre part, la nature polyphonique du roman (un tas de personnages s'expriment à la première personne, pas seulement Paul) permet de considérer l'anti-héros (Paul donc) d'une manière bien plus humaine que dans Chimère(s). S'il reste inévitablement cette brute qui ne plie devant personne et brûle d'une colère méphitique qui semble se nourrir d'elle-même, telle une monstrueuse machine branchée sur l'injustice du monde (et qui ne pourra donc jamais trouver la paix), la façon dont les autres personnages le perçoivent, et notamment cette Enid qui est raide dingue de lui, dévoile des aspects de son âme qui nous le présentent parfois comme une bête blessée, touchée par une balle, et qui, si elle continue la lutte, n'en demeure pas moins à l'agonie. Une agonie qui est au fond sa nature propre, une sorte de sortilège, qui rend cette bête à la fois enragée et pourtant, curieusement touchante par moment.
Au final, on en vient à se demander si la catharsis que Paul cherche en faisant gicler le sang n'est pas une quête d'acceptation. Plusieurs fois celle-ci est présentée comme une fuite en avant éternelle, droit dans le mur, comme une fatalité, un destin tragique même sans doute, et pourtant… L'ultime réalisation ne résiderait-elle pas précisément dans le plongeon sans retour au sein de l'abîme ?...
Ce livre signe une avancée dans la carrière de l'auteur, qu'il s'agisse de la plume ou de la vision de l'artiste. Les ténèbres ne quitteront jamais le terrain, mais ici s'annonce un tango possible avec une étrange sorte de lumière, un mariage du ciel et des enfers, qui réunit les deux éléments les plus opposés de l'univers dans une étreinte dionysiaque.
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