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Critique de Fandol


Le sang des Mirabelles m'a un peu désorienté au début mais j'ajoute aussitôt que le plaisir l'a emporté au final, même si l'angoisse a dominé à cause des événements racontés par Camille de Peretti. Il m'a été difficile, au début, d'accepter le langage moyenâgeux adopté par l'auteure mais j'y reviendrai.
Le sang des Mirabelles se passe donc au coeur du Moyen-âge, à l'époque où les seigneurs partent en croisade pour racheter leurs fautes ou leurs crimes, même si ces crimes ne sont pas vraiment volontaires, comme ici.
L'auteure a choisi de ne pas dater son roman mais elle est allée bien plus loin en se révélant très imaginative pour les noms de lieux, de duchés, de royaumes, affublant aussi chaque personnage important d'un surnom emprunté à un animal, une habitude réelle à l'époque. Ainsi, Éléonore est la Salamandre, Adélaïde l'Abeille, Cathaud l'Araignée, Tancrède le Dragon, Isaac ben Jacob (le vieux juif) le Hibou, Guillaume l'Ours, Audoin le Loup, etc… Parfois, je m'y perdais un peu.
Surtout, je retiens de cette terrible histoire le sort réservé aux femmes avec quantité de situations montrant la toute puissance masculine. Quand cela ne suffisait pas, les gens d'Église étaient appelés à la rescousse, parfois requis par d'autres femmes plus âgées afin d'humilier, voire d'éliminer une plus jeune semblant une menace.
Le sang des Mirabelles dont le titre rappelle que femmes et enfants du village des Mirabelles ont été brûlés vifs dans l'église locale où ils avaient été enfermés pour… les protéger. Un important protagoniste de l'histoire porte ce lourd fardeau bien qu'il affirme avoir donné l'ordre de brûler l'église sans savoir qu'elle servait de refuge.
Heureusement, il y a les histoires d'amour. Éléonore et Robin Rossignol, le ménestrel, offrent des pages magnifiques, charnelles, sensuelles, si belles. Quant à la petite soeur d'Éléonore, Adélaïde, elle se prend de passion pour les plantes, les remèdes, les soins qu'elle peut apporter à ceux qui souffrent. Hélas, en ces temps reculés, une jeune fille ou une femme qui s'intéresse aux remèdes et autres décoctions naturelles, est vite traitée de sorcière, d'estrie, pour reprendre le mot de l'auteure. le chapelain, amoureux éconduit, joue un rôle décisif et reçoit l'aide d'un exorciste et de moines pour assouvir son horrible vengeance.
Découvrant Camille de Peretti avec son septième roman, je salue tout le talent qu'elle a su déployer pour me plonger dans une époque où les conditions de vie étaient terribles pour le peuple, où les gens assurant le service d'un château étaient moins bien traités que le bétail, où l'on pouvait violer une servante, la battre en toute impunité et où le feu sacré, cette terrible maladie causée par l'ergot de seigle, faisait des ravages.
Admiratif devant le travail de recherche accompli par l'auteure, je recommande la lecture du Sang des Mirabelles pour qui veut se plonger dans une époque pas si lointaine et apprécier, tout de même, les progrès accomplis depuis.
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