Constance de la librairie le Divan partage ses lectures : "Si vous souhaitez lire un livre qui lie l'art, l'histoire et le roman, eh bien je vous conseille vivement ce livre de Camille de Peretti."
Notre mot sur ' , écrit par Camille de Peretti et publié aux éditions Calmann-Levy : https://www.librairie-ledivan.com/livre/9782702185179
Tous nos conseils de lecture : https://www.librairie-ledivan.com/
Camille ne reste jamais une heure entière, elle pense que Nini n'a plus la notion du temps. Mais Nini a un sablier d'amour greffé dans le cœur, et il indique toujours que c'est trop court.
Quand la vie ne tient plus qu'à un fil, c'est fou le prix du fil.
Elle a appris qu'il n'y avait que deux manières de prendre le pouvoir en ce monde quand on naissait femelle, par le bas-ventre ou par le ventre. Écarter les jambes pour y faire entrer le pendeloche de son seigneur ou écarter les jambes pour en expulser l'enfant qui vous protégera. Sans mari et sans fils, point de salut.
Car la disparition d'un être cher ne fait pas le vide autour de vous, elle vous oppresse. C'est une matière mobile qui vous épreint pour faire couler la bile de votre tristesse, elle vous pénètre et vous engloutit.
Un véritable ami est celui qui saura souffrir à votre place.
Ce n’est pas un rêve, on ne rêve pas ce qui est vrai. C’est un vent qui se lève sur un lac et fait trembler la surface de l’eau. L’eau noire et profonde des souvenirs qu’il voudrait oublier. L’absence de sa femme dans laquelle il se débat. Car la disparition d’un être cher ne fait pas le vide autour de vous, elle vous oppresse.
Les sensations ne sont rien que ce que le cœur les fait être.
Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse
L'esquisse d'un sourire se dessine sur les lèvres de la chambrière : que l'on mange du blanc de cygne ou de la potée de choux, quand la mort frappe, la seigneurie comme la servantaille n'est plus qu'un amas de chair flasque et froide.
Au fond, je me donne des règles pour être totalement libre.
Georges Pérec
Là où défilent les mines déconfites des familles, une boîte d'orangettes enrubannée sous le bras, là où se pressent les souliers des infirmières et des médecins, piluliers à la main. Là où serpentent les rumeurs et les dernières mesquineries de ceux qui s'accrochent à leur fil, là où se déversent les chagrins et où naissent les ultimes joies offertes par l'acharnement thérapeutique. Les souvenirs de vies ô combien différentes se terminent tous ici, de la même façon.
Oui, cela pourrait se terminer ainsi, au bout du couloir, dans l'angle, juste avant le tournant à droite. En face de l'ascenseur qui monte vers les autres étages. Là où d'autres petites vieilles et d'autres vieillards dorment, avec leurs photographies jaunies enfermées à double tour dans leurs armoires. Dans la répercussion des souffles entrecoupés de tous ceux-là qui ne sont pas encore morts.