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Critique de jg69


Ce roman s'inspire d'une histoire vraie, celle du musée d'Art contemporain de Téhéran, ouvert en 1977 et de son gardien, Cyrus Farzadi, un homme simple et timide de vingt-cinq ans, qui a protégé les oeuvres qui risquaient d'être détruites car considérées comme subversives par les fanatiques religieux. Cet homme a gardé un patrimoine culturel inestimable dans la réserve du musée veillant sur elles comme sur ses propres enfants.

Ce roman retrace une page d'histoire de l'Iran, l'auteure raconte l'atmosphère de Téhéran du temps du Shah, les excès et intrigues de la Cour, les scandaleux écarts de richesse dans la population, la corruption, la répression exercée par la Savak, redoutable police secrète du Shah, la censure de la presse, les emprisonnements et la torture.
Stéphanie Perez raconte aussi la volonté de Farah Diba, surnommée "l'impératrice des arts", de contribuer à la modernisation de son pays en ouvrant un musée qui aurait pour ambition de servir de passerelle entre Est et Ouest, regroupant oeuvres iraniennes et chefs-d'oeuvre occidentaux.
Nous revivons l'ambiance survoltée de l'inauguration du musée fin 1977, la colère qui monte face aux excès du régime "les folies précédent toujours les grandes catastrophes... L'Iran danse sur un volcan", les prémices de la révolution jusqu'à la main mise de Khomeiny sur le pays, la campagne de "purification" culturelle qui s'attaque à tout ce qui a symbolisé la politique d'ouverture vers l'ouest des Pahlavi.
Ce roman brosse aussi le portrait de Cyrus, un homme issu des bas quartiers, fils d'un jardinier et d'une couturière, un homme sans diplôme ni formation artistique, qui s'est senti attiré par ce milieu très éloigné du sien. Stéphanie Perez décrit sa volonté d'apprendre, l'éveil de sa sensibilité artistique, sa sensation d'être écartelé entre deux mondes, le monde de l'art qui gravite autour du couple impérial et le monde populaire des bas quartiers de Téhéran auquel il appartient. Deux mondes qui vont finir par rentrer en collision.
En 1979 la révolution islamique mène au pouvoir des fanatiques religieux pour qui les nus et les toiles des artistes homosexuels pourraient être considérées comme impies. Il va falloir cacher les tableaux dans la chambre forte, "dissimuler les tableaux, c'est les condamner à l'obscurité, c'est le pays entier qui s'apprête à plonger dans le noir". Ce chauffeur-livreur, que rien ne prédisposait à cela, va devenir le gardien d'un patrimoine exceptionnel, il va cacher et protéger les tableaux dans la réserve, puiser réconfort et force dans ces toiles, "veiller sur les tableaux comme eux l'ont éveillé". Il va parvenir à dresser l'inventaire de ces oeuvres et les sauver de la folie destructrice des gardiens de la révolution islamique.
Extrêmement fluide et très bien romancée cette histoire est instructive et captivante. Un roman qu'il est impossible de lâcher !
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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