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Deux ans avant la chute du Shah d'Iran et à l'instigation de l'impératrice Farah Pahlavi soucieuse de promouvoir les relations culturelles de son pays avec l'étranger, est inauguré à Téhéran un musée abritant la plus vaste collection d'art moderne et contemporain jamais rassemblée en dehors de l'Occident. Monet, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Derain, Picasso, Dali, Rothko, Pollock, Vasarely, Warhol... : la fortune inouïe des Pahlavi a permis de réunir un trésor artistique inestimable, qu'en 1979, la Révolution iranienne et l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny menacent directement. Alors que la rigueur islamiste s'abat sur le pays, que vont devenir ces oeuvres, jugées choquantes et décadentes par le nouveau régime qui vomit l'Occident ?


Seul à n'avoir pas fui, un jeune et modeste employé du musée, qui, avant d'en devenir le factotum, n'avait jamais eu le moindre contact avec l'art, endosse la lourde et dangereuse responsabilité de leur sauvegarde. A force de ruses, il parvient à détourner l'attention des religieux fanatiques et à maintenir les tableaux dans l'oubli des sous-sols de l'institution, qui, désormais aux mains d'un comité révolutionnaire, n'expose plus que des oeuvres de propagande glorifiant les martyrs du soulèvement. Il faut attendre 2017 et l'approche d'élections présidentielles en Iran, pour qu'une partie de la collection – intacte, grâce à son ange-gardien improvisé, si ce n'est le portrait, irrémédiablement lacéré, de l'impératrice par Andy Wharol – commence à retrouver le grand jour et les cimaises du musée.


Grand reporter à l'international et spécialiste des conflits du Moyen-Orient, Stéphanie Perez connaît bien l'Iran. Les difficultés posées par la réalisation d'un reportage sur cette histoire vraie l'ont poussée à la travestir en roman et à faire apparaître le véritable gardien du musée iranien sous les traits d'un personnage de reconstitution. Marqué par une patte néanmoins très journalistique dont on pourra regretter l'écriture et la trame narrative malgré tout assez plates, le récit suit scrupuleusement le déroulé historique des faits pour en dresser un tableau d'une parfaite clarté.


De la montée de la rage populaire – quand, entre misère et terreur redoutablement entretenue par la police politique, les Iraniens observent le luxe tapageur dans lequel baigne le pouvoir et se scandalisent de réformes déconcertantes menant brusquement le pays vers une modernité à l'occidentale – à l'espoir de changement porté par les représentants d'une certaine tradition religieuse, puis aux désillusions d'une nouvelle dictature encore plus violente que la précédente, l'on vit avec les personnages la fatalité d'une privation de libertés qui trouve ici son acmé symbolique dans le sort incertain d'un patrimoine artistique d'une valeur inestimable pour l'humanité tout entière, mais aussi dans la résistance humblement héroïque d'un homme ordinaire jeté au coeur de la mêlée, frappant écho à l'actualité insurrectionnelle iranienne.


Récit de l'incroyable destin d'un héros ordinaire, ce premier roman retrace quarante ans d'une histoire iranienne dont s'écrit peut-être, aujourd'hui, un nouveau chapitre décisif. Au coeur des enjeux de pouvoir et des combats pour la liberté, deux symboles cristallisent toujours les tensions autour de l'obscurantisme : les oeuvres d'art et les femmes. Si les trésors du musée de Téhéran ont commencé à retrouver la lumière, les Iraniennes tentent toujours de se débarrasser du voile que leurs grands-mères avaient d'abord revêtus en signe de dissidence et de défiance au régime de leur époque.

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1977. A Téhéran, le chah et son épouse règnent en despotes sur le pays, affichant un faste qui contraste avec les difficultés quotidiennes du peuple, dont une part croissante survit à peine. Sans compter la crainte obsédante de la Savak, la milice qui traque les potentiels ennemis du régime, pour les emprisonner et les torturer.

L'une des passions Farah Palahvi, la Chahbanou, est la peinture. Ne faisant pas les choses à moitié, elle acquiert pour une fortune des tableaux de maître qu'elle souhaite mettre en valeur dans le musée créé pour cette collection. Étalage de richesse et provocation envers la religion rendent l'inauguration de l'édifice cahoteuse.

C'est dans cet univers qu'il découvre que le jeune Cyrus trouvera son premier emploi, chargé de convoyer les précieuses oeuvres depuis l'aéroport jusqu'au musée. La découverte de cet art transforme sa vie.

Vient le temps de la révolte et de la destitution du dictateur. Après une courte période de liesse, les Iraniens voient avec stupeur et désespoir, leurs espoirs de jours meilleurs s'envoler sous le joug d'une nouvelle oppression, celle de l'imam Khomeini et de ses zélés serviteurs. Que deviendra le musée et ses toiles sulfureuses ?


Passionnante évocation des années désastreuses qui ont métamorphosé l'Iran et créé un bastion solide pour les islamistes intégristes. La chute est d'autant plus douloureuse qu'elle fait suite à un rêve d'égalité et de justice.
Le musée né des lubies sans limites de l'impératrice et la vocation qu'il suscite chez Cyrus, l'enfant du pays échoué par hasard dans ce milieu dont il ne soupçonnait même pas l'existence est un havre de paix au coeur du pays supplicié. Les oeuvres qu'il abrite deviennent pour le jeune gardien l'objet d'un culte pour lequel il donnerait sa vie.

La politique et l'art sont au coeur de ce premier roman passionnant et émouvant. Entre révolte et admiration, le lecteur vit avec le héros ces sentiments disparates et les conflits de conscience que la situation provoque.

La lecture renvoie de plus à l'actualité la plus récente alors que le peuple d'Iran est à nouveau dans la rue.

240 pages Plon 2 mars 2023
Sélection Prix Orange 2023

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J'ai entendu parler de ce roman, car il s'agit bien d'un roman même si les faits sont réels, par son auteure, un jour à la télévision. Et cette histoire m'a aussitôt tentée.
Ce gamin des rues, engagé d'abord pour transporter les toiles achetées par Farah Diba, se retrouve bientôt le gardien de ce trésor.
Une fortune colossale a été consacrée à cette collection alors que le peuple criait famine. On comprend mieux ce qui a permis aux ayatollahs de prendre le pouvoir. Hélas, la lumière qui brillait si vivement en Iran s'est peu à peu éteinte et le noir s'est étendu jusqu'aux vêtements. le Moyen-Age a remplacé la modernité.
Stéphanie Perez est grand reporter. Elle a parcouru le monde. Elle sait de quoi elle parle. Et c'est aussi une belle romancière.
Ne ratez pas ce voyage en Iran. Vous ne verrez plus ce pays de la même façon.
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Réservation Librairie Chantelivre/ Issy- 5 avril 2023

Un éblouissement complet que ce roman issu d'une histoire réelle !

L'histoire débute en 1977, en Iran, sous le règne du Shah...Un extrait parfait pour camper notre histoire et
" notre héros ", Cyrus...dont on va suivre l'incroyable destinée de 1977 aux années aussi terribles sous la férule de Khomeiny..et au-delà ( jusqu'aux années 2015-2016)...

"De Farah Pahlavi, il ignorait presque tout au moment de son couronnement. (...)
C'était " l'impératrice des arts".L 'empereur lui accordait toute confiance et elle faisait ouvrir les musées les uns après les autres.Qu'est-ce qu'il y connaissait, lui, à l'art, à la culture, à la peinture moderne, le gamin timide qui avait arrêté l'école à 15 ans, fils d'un jardinier et d'une couturière ?
(...)
Et pourtant.Aujourd'hui, en ce mois de mars 1979 chahuté par le révolution islamique, il est l'un des derniers survivants d'un monde en voie d'effondrement. (...)
De lui dépend l'avenir du Musée d'Art moderne de Téhéran, le préféré de l'impératrice, le plus mystérieux aussi. de lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran.A 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges. "

Début du récit avec le mariage dispendieux du Shah avec sa deuxième épouse, Farah Diva...débauche de luxe, de dépenses, de fêtes royales...alors que le peuple iranien vit dans la misère, et une partie dans des bidonvilles, sans omettre la répression sauvage et abusive pour toute opposition au régime...

Le mécontentement du peuple gronde de plus en plus...le couple impérial d'aveugle ou se trouve "déconnecté " des réalités du quotidien des Iraniens.

Dans le même temps, Farah, " L' Impératrice des Arts" ( comme elle est surnommée) a une ambition et une passion: elle voudrait ouvrir son pays " à la modernité ", et pour ce faire, elle veut réaliser, élaborer un vaste Musée d'art moderne, débutant avec les Impressionnistes, qu'elle affectionne, tout particulièrement...mais aussi l'artiste du moment, très en vogue: Andy Warhol...

Les débuts du roman s'attardent sur la mise en place gigantesque de ce fabuleux musée, qui se veut " unique" en soi !

C'est là qu'intervient notre " jeune héros ", Cyrus Farzadi, 25 ans, sans formation particulière, qui se voit propulsé " chauffeur " mais pas n'importe lequel...Chauffeur, " homme de confiance" qui réceptionne l'arrivée des oeuvres d'art, provenant des 4 coins du monde, vérifie, contrôle et les transporte au futur Musée....

Inauguration flamboyante avec tout " le gratin politique et artistique " mondial pour honorer cet exceptionnel musée !

Cyrus est bien conscient que les réalités de son pays sont nettement moins " reluisantes "!! Toutefois, ce travail, ses responsabilité, la découverte de l'Art," hors frontières " ...tout cela va être un " vrai coup de foudre" pour Cyrus....

A un tel point qu' il y consacrera toute sa vie, toute son énergie, en dépit des risques, en louvoyant avec l'arrivée du nouveau régime et le brusque renversement du couple impérial....

"Bien sûr, la face sombre du régime ne lui échappe pas, contrairement à ce que lui reprochait Azadeh, bien sûr, qu"il juge intolérable de voir son peuple trembler de peur, qu'il est écartelé entre deux mondes.Mais la vérité, c'est qu'il se sent chaque jour un peu plus à sa place dans ce Musée et qu'il n'a aucune envie de le quitter. Il y a trouvé un cocon rassurant et feutré, préservé des soubresauts extérieurs et de la tempête qui gronde.Il s'éveille, à sa grande surprise, aux émotions artistiques, avides d'apprendre, de savoir, il aime la folie de ces étrangers qui apportent toute leur énergie créatrice, il apprécie leur contact même s'il n'est pas des leurs et qu'il ne le sera jamais.Lorsque Monsieur Diba réfléchit pendant des heures à la meilleure place pour mettre en valeur un tableau, il est ému. (...) Ce Musée le fait voyager vers des territoires inconnus et insoupçonnés, mais il sait que son oncle Ali, en ce moment, maudit l'art des Pahlavi, et toute leur dynastie."


Ce simple chauffeur- gardien va devenir "la cheville ouvrière " , indispensable de ce temple de l'Art.Il s'adaptera, composera comme il pourra. ..En parallèle de ce personnage romanesque à souhait ...on assiste aux violents soubresauts du pays, des changements radicaux dûs à la Révolution de Khomeiny...Une autre dictature au nom de la Religion et de la haine de l'Occident, diabolisé à l'extrême....

Cyrus navigue, des années durant, avec astuce, intelligence, diplomatie, ruse, pour contourner ou éviter les censures, en laissant cachées les " oeuvres impies " , mais aussi de convaincre le nouveau pouvoir de ne surtout pas vendre les oeuvres, tout cela, avec une grande habileté...

Une histoire EXTRAORDINAIRE, tel un conte de fées, qui nous éblouit sans réserve, à travers cet homme, merveilleux exemple de personnalité pacifique, son esprit s'ouvrant et se délectant de cet Amour de l'Art, de la Création artistique...qui eux, n'ont pas de frontières...

*** je voudrais faire une petite parenthèse en remerciant abondamment l'amie kittiwake, d'avoir attiré mon attention sur cet ouvrage, par sa chronique très incitative !

Sans omettre ....Un immense Merci à Stéphanie Perez...pour cette fabuleuse histoire, qui illumine, nous fait vibrer...nous interpelle dans une actualité brûlante !

**** est jointe in-fine une liste non exhaustive des oeuvres occidentales du Musée d'Art contemporain de Téhéran ( un.peu plus d'une cinquantaine de toiles)

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Il a sauvé le musée de Téhéran

Stéphanie Perez a délaissé le grand reportage pour retracer la vie de Cyrus Farzadi, un homme du peuple devenu un héros national en oeuvrant pour la sauvegarde du musée d'art contemporain de Téhéran.

Tout commence par la fête de couronnement du Shah d'Iran en octobre 1967. Non, tout commence avec l'arrivée de l'ayatollah Khomeiny en mars 1979 et la mainmise des islamistes sur le pouvoir. À moins que cette histoire ne débute vraiment en 1977 avec l'inauguration du Musée d'art contemporain où travaille Cyrus Farzadi. Engagé comme chauffeur pour transporter les oeuvres des artistes contemporains internationaux et iraniens, il s'est pris de passion pour ces oeuvres et pour ces artistes dont il ne sait rien ou si peu. Il est avide de savoir et ne manque pas une occasion de connaître l'histoire d'une toile, le parcours d'un peintre, la place qu'il occupe dans le monde de l'art.
Il se lie notamment d'amitié avec le directeur du musée et avec Donna Stein, l'américaine mandatée par la Shahbanou pour dénicher les plus belles oeuvres. Un travail qu'elle mènera à bien avec zèle et grâce aux revenus du pétrole. Des collections privées aux grandes ventes chez Sotheby's, elle parviendra à mettre la main sur des oeuvres des impressionnistes et sur les grands artistes contemporains tels que Rothko, Jackson Pollock ou encore Andy Warhol. Ce dernier fera même le voyage de Téhéran et réalisera, comme il l'a fait avec Marilyn Monroe une série avec la riche mécène comme modèle. L'histoire raconte que ce tableau sera lacéré par les gardiens de la Révolution lorsqu'ils ont investi les propriétés du Shah.
Car si l'argent coule à flots, la population gronde contre ces fastes dont elle ne peut récupérer que des miettes. «Qom, Tabriz, Mashad, Ispahan. Après un démarrage timide dans les provinces au début de cette année 1978, les manifestations grossissent de semaine en semaine. La révolte est en marche, la clameur de la rue enfle, encore et encore. Depuis son exil irakien, l'ayatollah Khomeiny appelle à renverser le souverain vendu aux États-Unis, le vieil imam barbu a rassemblé une armée de mollahs qui fait se lever les mosquées. Son portrait sévère domine certains cortèges. La religion face à l'insupportable ostentation, le Coran contre le bâillonnement.» le fruit est mûr, il va tomber.
Après la fuite du Shah et l'intermède Chapour Bakhtiar, l'ayatollah Khomeiny débarque dans la liesse populaire. Et c'est avec ce changement de régime que le destin de Cyrus Farzadi va virer à l'épopée héroïque. le directeur du musée a aussi pris la poudre d'escampette, si bien qu'il se retrouve seul en possession des clés et du code de la chambre forte ou ont été déménagées à la hâte les oeuvres prestigieuses, à commencer par celles de Francis Bacon et d'Auguste Renoir, déjà condamnées par le nouveau régime. «De lui dépend le sort de 300 tableaux de maîtres occidentaux, inestimables, témoins de leur époque et menacés par l'obscurantisme. Une collection unique au monde, en danger depuis qu'un religieux au turban noir a mis la main sur l'Iran. À 25 ans, Cyrus endosse les habits un peu grands de gardien d'un trésor qu'il faut protéger à tout prix contre l'ignorance et la morale islamique, et il est saisi de vertiges.»
Stéphanie Perez, qui a ressemblé une solide documentation, raconte alors les épisodes qui ont transformé Cyrus en héros et permis la sauvegarde de ces chefs d'oeuvre. Des épisodes pleins de rebondissements que je vous laisse découvrir. Cette page méconnue de l'histoire de l'art contemporain est aussi l'occasion d'une réflexion sur le pouvoir et sur l'envie émancipatrice de tout un peuple. Une aspiration à la liberté qui peut conduire à de nouveaux drames et un obscurantisme qui fait aujourd'hui encore des ravages.
Ce roman, qui se lit comme un thriller, vient aussi nous rappeler que la soif de culture et l'émotion ressentie face aux oeuvres d'art peuvent déplacer des montagnes. La passion devient alors un moteur très puissant.

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A la fin des années 1970, l'Iran se tourne vers l'Amérique : Rocky est projeté au cinéma, les bars servent du Pepsi, les discothèques fleurissent, etc. Dans un taxi collectif, sont assises l'une à côté de l'autre, une adolescente en mini-short et une vieille dame voilée, reflétant les contradictions de la capitale. Les mosquées succèdent aux débits de boissons branchés, le muezzin se mêle aux voix des chanteurs pop. Téhéran est en effervescence.


L'empereur Mohammad Rena Pahlavi, le chah, est fier de la direction qu'il impose à l'Iran : celle de la modernité. Cependant, cette vitrine cache la réalité « la répression exercée par les hommes du chah, la censure, les excès de la Cour, les scandaleux écarts de richesse dans la population » (p. 45), les tortures exercées par la Savak, etc. La dictature ne dit pas son nom, mais s'exerce sur le peuple. Les bidonvilles sont cachés, seule l'opulence s'expose. Aussi, des mouvements clandestins de contestation naissent.


En 1977, l'impératrice Farah Diba rêve d'un grand projet : un musée d'Art contemporain à Téhéran. En secret, elle a acheté des grandes oeuvres occidentales, telles que Marilyn Monroe d'Andy Warhol, Nature morte à l'estampe japonaise de Paul Gauguin, Gabrielle à la chemise ouverte de Pierre-Auguste Renoir. Aujourd'hui, ces trésors sont toujours en Iran.


Trois mois avant l'ouverture, Cyrus Farzadi est embauché comme chauffeur. Il est chargé de convoyer les tableaux. Même s'il n'a pas les connaissances pour interpréter les oeuvres, sa rencontre avec l'Art le bouleverse. Aussi, lorsque la Révolution islamique s'empare du pays, Cyrus décide de rester. Il devient le gardien du musée. Malgré sa personnalité timide, il se bat pour sauver les toiles, pourtant jugées décadentes par la loi islamique. Il lutte pour empêcher leur destruction.


Je connaissais peu l'Histoire de ce pays. Pour moi, l'Iran, c'étaient les souvenirs du journal télévisé qui s'ouvrait, dans mon enfance, avec la guerre entre l'Iran et l'Irak. C'était, aussi, l'admiration que j'éprouve pour les femmes iraniennes, qui protestent contre le régime, et pour les hommes qui les soutiennent. C'était le respect profond que j'éprouve pour leur courage et une révolte pour leurs souffrances.


Avec le gardien de Téhéran, j'ai découvert un peuple qui s'était déjà soulevé en 1977 contre la dictature du Chah et contre la pauvreté. Un peuple qui a cru aux promesses des Mollahs et à celles de Khomeini, alors exilé en France ; des hommes et des femmes qui ont pensé pouvoir contrer la loi islamique, une fois le pouvoir renversé. Mais c'est un voile qui a recouvert les cheveux et les libertés qui commençaient à émerger. le mal a remplacé le mal.


Ce récit est captivant. Il m'a montré le peu de connaissances que je possédais sur l'Iran. Stéphanie Perez déroule, avec émotion et sensibilité, le passé douloureux qui se perpétue dans le présent. Enrichie par ces informations, je me suis interrogée sur différents évènements du monde actuel. Ce livre m'a apporté un éclairage qui me manquait pour les comprendre. Il m'a fait beaucoup réfléchir au sujet des insurrections, partout dans le monde, souvent légitimes, mais souvent récupérées. Les Iraniens ont été dépossédés de leurs rêves. Une tyrannie religieuse a remplacé une dictature politique. J'ai été bouleversée par ce roman. C'est un coup de coeur pour moi.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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C'est au cours d'un reportage pour France Télévision que Stéphanie Perez fait la connaissance d'un petit gardien de musée. Dans le gardien de Téhéran elle raconte l'histoire étonnante d'un homme que rien ne le destinait à devenir le conservateur d'oeuvres artistiques modernes, rarement vues, souvent cachées.

Pour son premier emploi, à Téhéran, Cyrus Farzadi devient chauffeur en 1977. Mais, ce qu'il transporte ce ne sont ni des touristes ni des autochtones, mais des oeuvres d'art à partir de leur réception à l'aéroport.

En effet, Farah Pahlavi, femme du Chah d'Iran avait une passion pour l'art contemporain européen et américain. Au cours de ses années de règne, elle rassemble un ensemble d'oeuvres exceptionnelles et constitue le fond du nouveau musée d'art contemporain de Téhéran qui s'ouvre en 1977.

Seulement, le faste de la famille royale tranche avec la misère du pays et deux ans plus tard, le Shah et sa femme sont obligés de quitter leurs trônes devant la colère de son peuple.

Stéphanie Perez décrit parfaitement la rencontre, l'attraction et le respect entre un homme et des oeuvres dont il doit garder la réalité afin de les préserver des ravages de l'obscurantisme.

Objets d'un culte presque exclusif, les oeuvres seront protégés au péril de la vie de cet homme simple et peu éduqué qui sous leurs attractions, en devient un véritable passionné. Mais, le gardien de Téhéran est aussi roman politique puisque Stéphanie Perez décrit en profondeur les arcanes d'un pays qu'elle connaît bien.

Mais, le gardien de Téhéran décrit en profondeur la valeur universelle d'une oeuvre d'art. Ce choc émotionnel décrit différemment selon les divers protagonistes rencontrés y est largement commenté.

Ce premier roman dans un pays tourmenté par les chimères qui l'ont traversé, le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez rend compte de façon aiguisée de la réalité politique et sociale d'un peuple qui actuellement nous interroge par leur demande de liberté.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Avec ce roman, j'ai découvert la très riche collection de la Shabanou, femme du dernier Shah d'Iran, un couple trop en avance sur son temps.

J'ai aimé Cyrus, d'abord jeune garçon sans instruction chargé de convoyer des tableaux, qui se prend de passion pour cet art majeur qui croise sa route.

J'ai aimé sa soif de savoirs, son auto-formation au gré des ouvrages qu'il trouve, des personnes qu'il rencontre.

J'ai eu de la peine pour les deux jeunes filles qui croisent sa route, dont l'une connaitra une fin tragique.

J'ai aimé découvrir la révolution iranienne de l'intérieur, avec des habitants de Téhéran qui pour certains pensent pouvoir vite se débarrasser des Mollahs.

J'ai aimé suivre la découverte de certaines oeuvres avec Cyrus (Suicide de Warhol, Nature morte à l'estampe japonaise de Gauguin, Gabrielle à la chemise ouverte de Renoir).

J'ai aimé le contraste entre la magnétique et vivante Shabanou et le regard minéral froid de Khomeini.

J'ai aimé que Cyrus, dans l'ombre, soit le gardien des oeuvres face à la force et la destruction.

J'ai aimé apprendre que son fils prenait sa suite. J'ai aimé son carnet noir dans lequel il consignait toutes ses trouvailles, et son trousseau de clefs unique.

Merci à l'autrice d'avoir mis la lumière sur cet homme de l'ombre qui a très bien fait son travail loin des appareils photos versatiles.

L'image que je retiendrai :

Celle du bâtiment construit spécialement pour la Collection et qui devait rivaliser avec le Guggenheim de New-York.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-g..
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Stéphanie Perez nous raconte la création d'un musée d'art moderne à la fin des années 80 en Iran. Initié par le pouvoir en place, il a traversé le temps passant par différents statuts.

Le destin de Cyrus, le « gardien », nous fait traverser un pan important de l'Histoire du pays. On assiste au coup d'état qui s'est produit, non sans heurts, en 1979. Aidé par le peuple, l'ayatollah Khomeini dégage le Chah Pahlavi de son trône et prend par la même occasion le pouvoir. Mais ce changement de gouvernance n'est pas seulement politique. Il a surtout de grosses conséquences sur la vie des citoyens. Et le musée se retrouve au centre de conflit.

Les Iraniens passe d'un pays débridé, ouvert sur les sociétés occidentales à un pays refermé sur lui-même et régi par la religion. le bouleversement est total. Cette aventure permet de mettre en lumière les défauts et les carences de ces deux régimes, en tous points opposés. Et on comprend une nouvelle fois que ce sont toujours les habitants qui subissent le résultat des doctrines extrémistes.

Cyrus, simple employé inculte, devient au fil du roman un connaisseur et surtout un défenseur de l'art. Il n'a pas vraiment choisi son camp dans l'affrontement de sa nation, mais il décide de tout faire pour conserver le trésor dont il est le gardien. Grâce au combat de cet homme, l'autrice interroge sur la place de l'art dans nos sociétés. Les oeuvres doivent-elles être en dehors des croyances et des idéologies et doivent-elles continuer à exister dans ce sens ? Faut-il séparer l'homme et ce qu'il représente, de l'artiste ?

Tiré d'une histoire vraie, ce roman de Stéphanie Perez est une plongée très instructive sur les évènements marquants du passé de l'Iran et une belle déclaration d'amour à l'art et à son universalité. A découvrir !
Lien : https://youtu.be/Za2EhMVvKM0
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impossible de ne pas mettre en parallèle le sujet de ce beau roman avec l'histoire de Rose Valland, conservatrice de musée et résistante française. qui a permis la sauvegarde et la récupération de plus de 40 000 oeuvres d'art volés et spoliés par les nazis, notamment aux familles juives, durant l'Occupation.
Ici, nous sommes en Iran, dans le musée d'Art contemporain cher au coeur de Farah Pahlavi, impératrice d'Iran jusqu'au renversement de la monarchie en 1979. Un petit gardien va permettre de sauver des oeuvres que Khomeini juge impures. L'actualité nous rappelle aujourd'hui que la liberté a un prix.
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