AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ys


Dans Cadix assiégée par les armées napoléoniennes, la vie et le destin d'une dizaine de personnages s'entrecroisent, sur fond de meurtres en série.
Si l'enquête policière constitue une des trames de fond de ce livre, elle n'en fait pas pour autant un roman policier. Pas vraiment. Cadix, ou la diagonale du fou est avant tout un roman historique et un roman d'atmosphère : le portrait d'une ville et de ses habitants - d'une ville vue par ses habitants - en temps de troubles et de guerre, à un moment où son histoire s'apprête à basculer.

C'est un roman très long, très lent, dont j'ai savouré la lenteur avec un plaisir immense. Parce que ce rythme, s'il n'est pas exempt de quelques redites, est à la mesure du temps réel, tel que peuvent le ressentir les personnages : il nous amène, très sûrement, dans leur monde, nous y retient, nous y captive. Et les personnages en question sont superbes, tous de force et d'ambiguïté.
Rogelio Tizon, le commissaire brutal, cynique et corrompu, parfait salopard que les meurtres et l'enquête entraînent peu à peu à une autre conscience de soi, où la part d'ombre est plus présente que jamais. Lolita Palma, la femme de tête et de commerce qui découvre soudain ses propres failles. Pepe Lobo, marin qui n'aime pas la mer et que ses peurs vont rattraper. Simon Defosseux, le professeur devenu artilleur, pour qui la guerre pourrait n'être qu'une grande expérience de physique. Gregorio Fumagal, taxidermiste, misanthrope et traître : coupable parfait. Et tous les autres, plus secondaires et chacun essentiel.

C'est à eux tous, sans doute, que je dois d'avoir tant aimé ce livre. A eux, à tous les détails passionnants que j'y ai appris sur l'histoire de l'Espagne, à cette ville forteresse posée sur le bord de la mer, bâtie de ténèbres et de couleurs éclatantes, de vie, de violence et de sang, dont Perez-Reverte restitue magnifiquement l'ambiance. A ce réseau d'intrigues, enfin, qui se resserrent peu à peu, presque insensiblement, jusqu'à faire naître un suspense en demi-teinte, non exempt d'une certaine fatalité.
Un très beau moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}